La démarche lourde, le cœur battant, le teint pâle, plus rien ne semblait compter. Peut être un jour tout s'effacerait, dans un rêve... Comment s'était-elle retrouvait ici? Nul trace de son parcours. Personne à l'horizon, juste elle. Assise sur cette chaise vieillit par le temps, nombreux étaient ceux qui y avaient déposé leur fesse auparavant. Luminosité inexistante, silence de plomb. Des murs ternes et sombres, sans doutes glacés par le manque de chaleur. Cette salle de classe, autrefois dédiée au cours, illustrait parfaitement ce que ressentait Summer en cet instant. La brume, le brouillard, la tempête, le néant. Comme possédée, elle se levait de cette chaise où elle était restée durant des minutes, ou peut être des heures. Sa main effleurait les chaises et les tables oubliées dans ce lieu, tout comme elle. Destinée assurée. Le sol craquait sous l'effet de son poids et la poussière volait. Les jambes comme alourdies, sa marche devenait plus lente, et ses pas la dirigeaient vers la fenêtre, la seule. Le temps était tout aussi pitoyable que cette salle, qu'elle, que le monde. Nulle vie à l'horizon, juste ce vent si agressif et mesquin. Tout en réfléchissant, sa main se baladait sur l'encadrement de la fenêtre. Tout paraissait planifié. Le temps d'aujourd'hui, son humeur, la salle dans laquelle elle se trouvait. Était-ce le hasard? Sixième étage, peu de choses étaient perceptibles d'ici.

*Juste trois actions rien de plus*

Ouvrir la fenêtre, se pencher, sauter. Rien de plus compliqué. Désespérance, anéantissement. Les paupières closes, elle écoutait le silence si agréable. Ne réfléchissant plus, elle se dirigeait vers cette fenêtre. La main tremblante, elle saisissait la poignée qui semblait intouchable. L'air glacial envahissait la salle à une vitesse incroyable.

*La vie est précieuse, ne la gâche pas*

A qui manquerait-elle? Personne, sans doute. La souffrance qu'elle endurait été trop lourde à supporter. Juste en finir, pour se reposer, juste quelques secondes de répit, rien de plus. Cet acte serait regretté, impossible de revenir en arrière une fois réalisé.
Un bruit curieux. Lentement elle se retournait. Impossible. Ses yeux s’écarquillèrent à la vision de cette image. Sa mère, tel un nuage. Un rêve, une illusion, mais qui semblait si réelle.
Troublée, elle fermait ses yeux, espérant faire un cauchemar. Lassée par l'attente, elle rouvrait les yeux. Personne. Se saisissant les cheveux au crâne, elle s'attardait sur un mur ornait de graffitis en tout genre. Des gravures pour illustrer une amitié exceptionnelle, un amour interdit, peut être ... un secret. A l'apparence si insignifiante, et qui pourtant voulait dire tant de chose... Se munissant d'une sorte de caillou, sa main gravait ... des noms.
"Kieran", "Rose", "Eden". (<--son tuteur)
Fermant les yeux, la main sur la gravure, elle ne songeait plus à rien.

*Oublis les, ils t'ont négligé! Ils ne te méritent pas!*

La respiration lente, elle ouvrait ses yeux qui désormais étaient humides, flous. Se passant la main dans les cheveux, elle tentait en vain de ne pas délivrer ses larmes.

*OUBLIS LES!!!*

La tête entre ses mains, son coeur semblait battre aussi fort qu'une bombe dans sa tête. La souffrance continuait.

*OUBLIS LES!*

Réaction névrosée. Rapidement, elle se levait en vitesse et saisissait une chaise pour la fracasser contre un mur délabré.
Les larmes roulaient, sans qu'elle ne puisse rien faire pour les empêcher de s'échapper.

*Ne pense plus à eux. Eux, t'ont oublié.*

Caillou à la main, elle s'empressait de rayer les prénoms qu'elle avait gravé juste quelques minutes auparavant, avec comme une pointe d'hésitation, comme pour faire un trait dessus. Au fond d'elle, elle savait qu'il serait impossible de les oublier, de faire l'impasse sur eux.
Ne tenant plus sur ses jambes, elle se laissait tomber comme la pluie sur le sol froid et humide. Appuyée contre le mur glacé, son regard se perdait au loin, ne fixant nul point. Pourquoi les avait-elle rencontrés? Sans leur existence, elle ne souffrirait plus, elle n'aurait jamais souffert. La solution, ne plus s'attacher aux personnes. Probablement.
La tristesse, le mal étaient si grand, mais le tort était fait.
Un grincement. Elle levait la tête en quelques secondes et tentait d'essuyer ses larmes, d'effacer toute trace de tristesse. Pourquoi ne la laissait-on jamais tranquille? Ne disant rien, le cœur battant, elle attendait une quelconque manifestation du nouvel arrivant.

Étonnement. Summer venait de lever la tête doucement et pu alors apercevoir avec surprise une personne à laquelle elle s'attendait le moins. Un gryffondor. Lewis. Petit ami du charmant Ludwig. Enfin ex petit ami, d'après les dernières rumeurs. Que faisait-il ici? Avait-il également des soucis? Après tout, tout le monde était un jour ou l'autre confronté à des problèmes variés. Tout lui revint alors en mémoire, comme un flash. Dans la salle où elle se trouvait, la fenêtre ouverte, les yeux mouillés. Qu'allait-il pensé d'elle? Honteuse, elle baissait la tête. Probablement ferait-elle la une du journal à cause de celui-ci. "La préfète de la maison poufsouffle tente un suicide". Non. Lewis n'était pas d'Acewood. Du moins elle l'espérait plus que tout. C'était puéril, elle ne savait rien de lui, il était donc inutile qu'elle émette des hypothèses peut être fausses. Une chose était sûre, un monde comme d'Acewood aurait été invivable. Le jeune homme se dirigeait alors doucement vers elle pour enfin s'asseoir à ses côtés. Inquiète, celle-ci prenait une grande inspiration, pour évacuer le surplus. Encore des tas et des tas de questions. Il n'y avait rien à savoir. Ce qu'elle comptait faire ne regardait qu'elle.

-C'est haut le sixième étage. Mais je ne suis pas sur du résultat obtenu. Essaye la Tour d'Astronomie la prochaine fois, c'est au moins trois étages plus haut.

A sa grande surprise, aucune question n'était venue s'incruster dans la bouche du gryffondor. Aaron souriait. Il n'y avait rien de drôle à cela. Il semblait que celui-ci l'incitait à sauter. Néanmoins ses paroles lui fit arborer un minuscule sourire.

-J'y songerais la prochaine fois, merci. Mais le sixième étage est parfait. Tu as une chance minime de survivre.

Elle disait ça comme une phrase de tous les jours. Comme une phrase banale. Comme si tout avait été planifié. Mais rien de tout cela n'était vrai. Elle avait choisi cette salle comme refuge, en pensant que personne ne viendrait ici, elle avait choisi cet endroit par son manque de fréquentation.

-L'acte est si dur, mais le geste est si simple.

C'était tellement vrai. La raison semblait s'être emparée de Lewis. L'acte était dur de conséquences mais pour ce qui était du geste ... il était si facile à réaliser.

-L'acte peut être si destructeur, et le geste si irréparable.

Ses joues encore légèrement mouillées par ses larmes, d'un geste rapide elle les séchait. Désormais, la situation dans laquelle elle se trouvait était assez bizarre. Sa colère et sa tristesse s'étaient atténuées, et peu à peu son sang froid semblait refaire surface. Mais ce n'était simplement qu'un masque. Au fond d'elle, tout se maintenait encore en surchauffe. Un moindre faux geste, et tout repartirait de plus belle.
L'air frais de dehors s'infiltrait à grand flot dans la salle, si bien que la température était égale à celle de dehors.
L'air était glacial, et agressait la peau de la jeune fille, mais elle s'en contrefichait. Au point où elle en était, plus rien ne pouvait lui faire peur.
Pensée. Une personne, qu'elle était censée oublier depuis quelques minutes et qui était si fière d'elle autrefois. A la vision de cette scène, cela ne faisait aucun doute, la déception la plus totale l'aurait submergé. Mais elle avait ses raisons, elle aurait su se justifier. Sauf qu'elle n'en aurait pas eu besoin. Encore en vie, elle aurait tenu le choc, elle aurait était forte, elle aurait continué à se battre, pour lui. Mais il n'était plus de son monde.
Le vent soufflait, et faisait voler ses cheveux ondulés. D'une main, elle remettait en place ses mèches rebelles.
Désormais que faire? Fuir? Rester là? Attendre? Oui, patienter.

Une réponse, on ne peut plus banal. En y réfléchissant, tout se ressemblait et se différenciait. Contradiction. Plus rien ne semblait avoir un sens quelconque. Des choses similaires et si opposées. Tout comme elle enfin de compte. Une âme fragile et un caractère parfois rude. Si différente à l’intérieur d’elle-même. Elle n’était pas crédible. Des mots, un regard, et tout pouvait basculer, vous blesser ou vous rendre heureux. Il suffisait parfois d’une phrase, d’un seul mot, pour que tout s’écroule en un laps de temps minime. Une façade, construite après des efforts impressionnant et détruit en un souffle.
Aaron, posé, déclarait un mot, en un souffle doux et calme, même troublant.

-Exact...

Le jeune homme se releva et s’accouda à la fenêtre encore ouverte. Il semblait scruter l’horizon qui était bien trop vide en cette journée. Rapidement, il regagnait de son regard le côté de la salle de classe. Probablement n’y avait-il rien d’intéressant ? C’est alors, que leurs regards se dirigèrent tout deux vers le même endroit. Celui, où elle venait de graver trois prénoms. Pourquoi fallait-il qu’il jette un œil par ici ? C’était désormais obligé. Il allait la questionner. Ses doutes furent validés.

-Quels sont les noms que tu as marqués sur ce mur, Summer?

Sourire en coin. Il venait de la nommer par son prénom, et de temps à autre cela lui procurait une sensation étrange. Elle n’avait pas vraiment l’habitude qu’on la nomme par son prénom mais plutôt par un vulgaire surnom qui était évident pour certains. Après tout, c’était juste un prénom simple, rien de plus. Maintenant, que dire ? Mentir ? Mauvaise idée mais plus facile à réaliser. Summer n’était pas réellement une bonne menteuse mais elle ne voulait pas avouer « ses faiblesses ». De plus, les prénoms devaient probablement être encore légèrement visibles.

*Menteuse*

Peu lui importait. Si elle passait pour une menteuse, alors ce ne serait pas un drame, loin de là.

-Qui te dit qu’ils ont été gravés par moi-même ? Beaucoup de personnes se rendent ici.

Pitoyable. On ne pouvait faire mieux. Néanmoins, elle avait déclaré cette phrase avec une pointe d’assurance assez minime. Et ce qu'elle disait été vrai. Beaucoup de personnes s'étaient rendues ici avant elle.
Fermant les yeux, elle réfléchissait. Sans prévenir, comme un déclic, elle se relevait, et s’installait à côté d’Aaron accoudé sur le rebord de la fenêtre, dos à l’extérieur. Jouant encore avec l’une de ses mèches blondes, comme une enfant, ses yeux paraissaient secs et figés. Plus aucune envie de pleurer ni de se défouler mais un regard froid et rude, peu confiant. Ses émotions négatives étaient comme mises sur pause, dans un coin, qui re débuteraient plus tard. Désormais, elle ne bougeait plus, le regard fixait à l’horizon.

Un sourire discret se dessinait sur le visage d’Aaron. Cette discussion prenait une drôle de tournure. Les deux jeunes élèves ne s’étaient pas rendus en ce lieu certainement pour prendre du bon temps, et pourtant ils se souriaient. Summer avait mis sa haine et sa tristesse de côté, pour un certain temps probablement de courte durée. Aucun doute la dessus, tout ce mélange de sentiment reviendrait.
Lê regard toujours perdu au loin, aucune pensée néfaste ne venait troubler son esprit. Le ciel gris, la froid agressif, elle. Les paupières de nouveaux closes, elle inspirait et expirait, pour évacuer les sentiments de trop.

Ne ment pas Summer. Si ce n'est pas toi qui as écrit ses noms, pourquoi les restes d'une chaise se trouvent juste devant eux, hum?

Indifférence. Cela ne voulait rien dire, non, pas le moins du monde. Plusieurs personnes étaient venues ici avant elle, alors pourquoi reposait-il la faute sur elle, bien qu’il ait raison ? C’était très puéril venant de sa part. Désormais, continuer sur sa trajectoire promettant d’être défectueuse ou changer de direction comme le vent ? Tournant son regard auparavant plongé dans le vide, puis caché par ses paupières, celle-ci le tournait vers Aaron, elle le fixait de la même façon que l’extérieur. Sans aucunes pensées, avec un pic de froideur. Tout se ressemblait.

-Cette chaise a été jetée par pur hasard et …

Pause. Non ce n’était pas crédible et pourtant si éventuel. Contradiction de nouveau, opposition. Inspiration, et réflexion. Summer songeait. Soupir.

-Ce sont juste des prénoms, rien de plus …

Mensonge. Ce n’était pas de simple prénom. Non. Ces prénoms étaient pour elle importants. Elle avait tenté de les oublier en quelques minutes, mais le résultat était sans grand succès. Mentir et encore mentir, mais pour quelles raisons au juste ? Aucune valable. Peut être se préserver. Et pourtant l’aide extérieure était la plus efficace. Pourquoi ne pas enfin céder et dévoiler le fardeau ?
Une pensée, une seule. Larmes aux yeux. Sanglotant de nouveau, elle se prenait la tête entre les mains et tentait de pleurer discrètement.

Désespoir continuel. Quand est-ce que cela cesserait dont ? Les larmes roulaient sur ses joues glacées par le froid, et celles-ci auparavant chaudes devenaient soudainement froides et inutiles de sens. Pleurer, cela ressemblait à une sorte de honte, de faiblesse mais aussi de dévoilement. Il fallait bien un jour ou l’autre lâcher le fardeau parfois trop lourd et devenu insupportable.
Elle sentit alors un poids sur elle. Était-elle en train de rêver ? La réconfortait-on pour de vrai ou est-ce que ce n’était qu’un simple rêve perturbateur ? Aaron l’entrelaçait comme pour lui faire oublier sa souffrance. De l’attention. Si rare elle était envers elle. Ce comportement était assez étrange venant de lui. Mais Summer ne comptait pas dire quoique ce soit et compter bien profiter de cette situation qui ne se déroulait presque jamais. Les larmes roulaient encore en masse sur ses pommettes mais semblaient se calmer au fur et à mesure. Summer, troublée, ne sachant que faire, répondait à son étreinte.


Des paroles énoncées avec une simplicité ordinaire, mais leur contenu était si compliqué à réaliser. Toujours des paroles en l’air, des promesses, des conditions, mais qui les respectaient réellement jusqu’au bout ? Personne. Ou du moins un nombre minime.
Se libérant de l’étreinte appréciée, Summer tentait de se reprendre en main et essuyait de nouveau ses larmes. Se laissant glisser contre le mur, elle se retrouvait une nouvelle fois assise sur le sol froid et vide.
Inspiration.

Une phrase mystérieuse, dont Summer espérait qu’Aaron comprendrait le sens caché. Elle voulait savoir, ce qu’il ferait à sa place. Que faire dans cette situation ? Se pendre ? Se jeter par la fenêtre ? Rester en vie ? Il fallait une lumière venant de l’extérieur. Une étincelle au fond d'elle se propageait. Peut être avait-il une solution, des conseils.

-Ces noms, tu ne les as pas marqué par hasard, ils ont forcément une signification pour toi. Des personnes importantes. Tu crois vraiment qu'ils s'en ficheraient si tu venais à disparaitre, hum?

Tant de choses ne possédaient aucun sens, s’en était presque perturbant. Parfois, le manque de connaissance avait un effet néfaste. Le monde était tellement fait de choses inconcevables et inimaginables qu’il était presque impossible d’avoir des réponses à certaines questions. Le doute restait ainsi durant de longues ou courtes périodes. Cela dépendait de la gravité de la question ou même de la tournure des évènements. Mais chaque instant avait une destinée différente, plus ou moins sombre ou joyeuse. C’était si peu prévisible.
Pourquoi sans arrêt, les personnes répétaient qu’un tel était exemplaire ou sympathique alors que parfois il n’en pensait mot ? Le monde était si hypocrite. Un vulgaire tissu de mensonge fondé sur des bases mensongères. Les révélations étaient parfois si fortes et douloureuses mais au fond de notre corps, une part de remerciement naissait, de ne pas avoir laissé planer le doute éventuel. La franchise était une chose qui était bien, mais qui pouvait s’avérer blessante et dure. Mais elle était mieux que l’hypocrisie. Au moins, les gens ne s’envolaient pas sur un petit nuage rose dans le ciel bleu azur aux pays merveilleux, inexistants. Fallait-il que l’on nous fasse toujours espérer ? Ou que l’on nous déclare des choses fausses pour nous redonner le sourire ? Oui, l’espoir était un sentiment heureux et qui procurait une sorte d’apaisement temporaire. Summer divaguait dans ses pensées. Celles-ci se tournaient vers des choses qui n’avaient pas de lien réellement direct avec la conversation. Peu importait. L’heure était à la réflexion. Le hasard. Souvent, disait-on que celui-ci faisait bien les choses, mais était-ce vraiment le cas ? Sous certains angles oui, mais existait-il réellement ? Désormais, la dernière partie de sa phrase la laissait sur une autre réflexion. Summer perdait espoir, et il était évident pour elle, qu’elle ne pouvait compter que sur elle-même.

-Tu es très certainement une personne fantastique Summer et je voudrais mieux te connaitre. Et il difficile de faire connaissance avec un mort, conclut-il.

« Je voudrais ». Un souhait, une parole en l’air, peut être. Mais qui faisait son effet probablement attendu. Avait-on envie de la connaître ? Nouveau doute.

-Tu sais, je crois que toi et moi, on a un peu le même problème.

Summer tourna la tête légèrement. Que voulait-il dire ? Interrogation. Il était sûr qu’elle n’était pas la seule à ressentir ce genre de sentiments, mais lui, ne laissait rien transparaître.

Tout nous échappe, on a l'impression de ne tenir à personne... Et pourtant, elles sont là mais on ignore ce qu'elles pensent et c'est ce qu'il fait le plus mal, tu ne crois pas?

Oui, c’était exactement ça. On croit éprouver des sentiments à l’égard de certaines personnes et on ne sait jamais vraiment ce qu’elles pensent de nous, ce qu’elles ressentent. Lewis avait raison. Ca faisait mal.

-Je ne crois plus… Mais je suppose que tu dois avoir raison. Que voulais-tu dire tout à l’heure par « le même problème » ?

Oui, elle voulait savoir ses problèmes, s’ils en avaient.

Il y eut d’abord un grand blanc, que même le silence ou le vent ne pouvaient rompre tellement il avait de la puissance. Puis, Lewis se leva brutalement, se dirigeant à l’opposé de Summer. Il paraissait songeur et frustré. Summer avait-elle soulevé un point sensible ? Elle savait que la rupture entre Schwartz et lui-même avait été compliquée, mais à ce point … A ce moment, elle se rendit réellement compte qu’elle n’était pas la seule à souffrir. Chaque être avait malheureusement des problèmes. Le silence se prolongeait et devenait de plus en plus lourd. Summer avait un mauvais pressentiment quant à la tournure de cette rencontre. Effectivement, son instinct ne s’était pas trompé. Lewis déclara une phrase avec un ton assez désagréable.

-Ce "même problème", comme tu l'as si bien repris, ne te regarde pas.

Le gryffondor ne semblait ne pas avoir apprécié la question de la jeune fille. Elle s’était une fois de plus trompée. Personne n’était digne de confiance, et l’espoir devait être banni de son esprit. Une fois encore, elle avait été trop naïve. Désormais, c’était à elle de lui répondre. Oui mais quoi ? Être également désagréable comme elle avait si bien su le faire ? Le défier ? L’ignorer ? Jouer à la psy ? Non elle n’avait guère le moral pour tenter de savoir la raison du pourquoi et du comment. De plus, elle ne tenait pas à s’énerver comme autrefois. La seule solution qui était parfaite n’était peut être pas la meilleure, mais Summer s’en fichait. Le jeune homme se dirigeait, déterminé vers la sortie. Il semblait en avoir par-dessus la tête.

-Alors, c’est ça que l’on appelle le légendaire courage des gryffondors ? Dès qu’un obstacle se présente, on fuit ? C’est très décevant à vrai dire.

Summer avait encore en travers de la gorge le ton sur lequel avait déclaré Lewis la phrase. Certes, il n’était rien pour elle, mais elle trouvait ce changement de comportement assez louche. Tout d’abord, il l’avait recueillie dans ses bras, puis maintenant il l’a repoussée. Étrangement, cette situation lui redonnait de la force, et l’envie de pleurer s’évaporait peu à peu. Elle savait que de toute manière il lui était impossible d’oublier ses personnes et que certainement Éden aurait voulu qu’elle ne le pleure pas. Souvent, il lui répétait que les choses ne s’arrangeaient que lorsque l’on faisait tout pour qu’elles s’arrangent. Il devait également avoir raison sur ce point. Doucement, elle se relevait et se tournait vers la fenêtre, afin de regarder de nouveau l’extérieur. Quelques larmes roulaient encore sur ses joues froides mais elles annonçaient une fin probable de ce chagrin. Puis, elle déclara une dernière fois à l’égard du soi disant gryffondor :

-Fuis, si tu veux, après tout rien ne te retient, mais la vie m’a apprit une chose. Les problèmes finissent toujours par te rattraper quoiqu’il en soit. C’est comme ton ombre, elle t'adopte pour enfin ne plus te lâcher jusqu'à la mort.

Summer remettait ses cheveux en place et jetait un coup d’œil au jeune homme. Oui, s’apitoyer sur son sort ne résolvait rien, mais ne faisait peut être, qu’au contraire, aggraver la chose. Se rendre à cet endroit lui avait permis d’ouvrir en quelque sorte les yeux. Néanmoins elle savait que ce ne serait pas facile de remonter à la surface. Probablement y aurait-il encore des crises de chagrin, et la présence de Kieran n’arrangerait probablement rien. Mais cela ne lui ressemblait pas, non. Elle n’était pas faible, il fallait qu’elle se le prouve à elle-même. Inspiration profonde. Il fallait qu’elle cesse.

Le jeune homme semblait interpellé, et comme un enfant qui se faisait réprimander, il lâcher la poignée de la porte et revenait vers la jeune fille. Il réfléchissait, cela se voyait très nettement sur son visage. Summer ne le lâchait pas du regard, désormais, la force de regarder une personne en face refaisait surface. Non, elle n’avait plus honte.
Ce fut alors comme un éclair. Tout se déroula rapidement très rapidement pour que Summer puisse réagir ou même dire mot. Lewis la plaqua brutalement contre le mur par les épaules. Summer ne suivait plus le cours des choses. Il n’y avait plus ni queue ni tête. Le souffle court, elle tentait de garder son sang froid et la tête haute. Il ne lui ferait rien … non, du moins elle l’espérait plus que tout. Le cœur battant à tout rompre, ses yeux étaient désormais secs jusqu’à la déshydratation complète, ils étaient comme figés et sans activité. Elle avait peur de la suite des évènements, comme celle de perdre la vie. L'angoisse la saisissait au ventre.

-Ecoutes moi bien. Les problèmes, je m’en fiche. Il suffit juste de les résoudre. S’il n’y a pas de solution, il n’y a pas de problème, point barre.

Summer ne comprenait plus rien. Lewis devenait incompréhensible, comme elle autrefois. Plus rien ne semblait avoir de sens, et une nouvelle fois celui-ci semblait perdre le contrôle de lui-même. Le point se levant, il avait comme trajectoire la joue droite de celle-ci. Ne pouvant bouger, par pur réflexe, celle-ci ferma les yeux, et attendit le moment propice où le poing s’écraserait sur sa joue. Mais rien, non. Juste un bruit sourd à côté de son oreille droite. Lentement, elle ouvrait ses paupières et apercevait Lewis les yeux clos, la tête baissée. Tremblante, elle tentait de dire une phrase ou même un mot, mais elle semblait paralysée. Non, elle était paralysée, contractée et dure comme de la pierre. C’est alors qu’il arbora un sourire crispé peu rassurant.

-Excuses moi

Voilà qu’il s’excusait désormais. Lewis était une personne vraiment peu commune. Il paraissait opposé à lui même et lunatique, mais surtout impulsif. Elle n’aurait enfin de compte peut être pas dû lui adresser la parole. Elle n’aurait pas du être encore naïve. Summer ressentait une sorte de malaise grandissant, et par instinct, elle s’éloignait du gryffondor, pour enfin se retrouver vers la porte. La main tremblante, elle la dirigeait vers la poignée. Elle voulait partir d’ici, s’éloigner de lui, et oublier. Le souffle toujours aussi court, elle tentait d’articuler afin de se faire comprendre.

-Je … je … pense que je devrais partir. Maintenant.

Le regard toujours aussi sûr, elle le fixait quelques secondes puis détournait le regard. Non, cela n’avait pas été une bonne idée. Des frissons parcouraient son corps et le froid commençait à se faire ressentir au bout de ses doigts. D’une main maladroite, elle remettait en place son gilet, et essuyait ses joues mouillaient par les larmes des minutes précédentes. Une chose était sûr, ces évènements la rendraient plus forte qu’avant. Summer attendait une réponse quelconque d’Aaron, avec encore quelques sentiments mitigés.