La main toujours levé, Amber attendait que le professeur l'interroge. Cette dernière semblait ailleurs, comme emporter par un flot de pensée. La Gryffondor se retourna un instant pour voir qui était dans la salle à présent, elle n'était pas beaucoup remplie... Une chevelure de lumière attira son attention. Athalie était assise au fond de la pièce. La rouge et or fut un peu déçue qu'elle ne se soit pas assise près d'elle. Mais elle comprit ensuite qu'elle ne voulait peut-être pas être aussi proche du bureau du professeur, ou à moins qu'elle ne l'avait pas vu. Elle remarqua alors à sa plus grande surprise la présence de Rose. Depuis combien de temps était-elle là? La dernière fois que les deux jeunes filles s'étaient vues, c'était le soir du bal, et ensuite plus rien. Un sourire radieux en direction de la Serdaigle éclaira le visage d'Amber. Il fallait qu'elle aille lui parler après les cours absolument, la rouge et or s'était tellement inquiétée de sa soudaine absence, que Rose lui devait quelques explications.

-Oui, Amber, je vous écoutes.

Amber détourna rapidement son regard, elle posa ses prunelles devant sa feuille prête à répondre quand:

- Je vous prie de m'excuser, j'ai été retenue par Mrs Pomfresh... s'excusait une voix qu'Amber n'eut pas de mal à reconnaitre.

[Elle est là! J'ai vu.]

L'arrivée d'Alice fit instinctivement effleuré le bras d'Amber, son bras la brulait encore. N'ayant pas eu le temps de passer à l'infirmerie, elle s'était débrouillée elle même pour arrêter un peu l'hémorragie de sa mutilation et faire son bandage du mieux qu'elle pouvait, avec une certaine habilité. Elle avait eu l'habitude de jouer les infirmières lorsqu'elle était plus jeune, grâce à sa mère, elle était ainsi plutôt douée pour se soigner elle même, sauf quand elle n'allait vraiment pas bien. Est-ce qu'Alice repensait à leur altercation de la veille? Au fond d'elle-même, Amber l'espérait, s'étant promis de garder le secret de la Serpentard, et de rester à ses côtés dans l'ombre.

[Hé oh ♪! Au lieu de penser à ta chère soeur de sang, tu devrais peut-être répondre...]

Elle releva brusquement la tête, prenant conscience qu'elle était en cours. Oubliant un instant la présence d'Alice, elle se concentra de nouveau sur sa feuille:

- Hé bien... Je vais les dicter dans l'ordre, la première lettre correspond au "F", la deuxième au "u"... Par contre il y en a une que je n'ai pas trouvé...


Une fois sa prise de parole achevée, elle releva son regard vers le professeur, attendant sa réaction.

Il faisait si froid dans le couloir que Łukasz n’aurait guère était étonné si les murs avaient été couverts de glace. Il espérait que la température de la salle de classe soit plus élevée, mourir d’hypothermie ne faisant pas partie de ses projets d’avenir. Peu d’élèves étaient présents, mais tous sursautèrent lorsque la porte s’ouvrit brusquement. C’était le professeur White, qui fit signe à ses élèves d’entrer. Le Serdaigle avisa Amber, installait à une table juste devant le bureau de l’enseignante. Ils ne s’étaient pas parlé depuis bien longtemps, et Łukasz n’hésita pas à aller s’asseoir à ses côtés. Altière, le professeur laissa son regard errer quelques instants dans la salle, s’arrêtant sur chacun des élèves, et commença son cours :

-Très bien. Pour comprendre les Runes, il faut remonter à leur origine -si elles ont une- et comprendre leurs significations. D'après les Historiens, les Runes seraient apparus vers le IIème siècle. Certains disent au contraire, c'est surtout l'époque de leur apogée. Peut être, on n’est pas ici pour débattre. On pourrait, certes, mais...

Elle s’interrompit un court moment, affichant un sourire étrange, puis repris :

-Quoiqu'il en soit, le Runique fut utilisé par d'anciens peuples germaniques, comme les Anglo-saxons ou les Scandinaves. Cela dit, il se pourrait que ses peuples se soient simplement contentés de prendre une langue pour la transformer à leur manière. Il est difficile de savoir d'où est originaire précisément cette langue. Certains disent le grec ou le latin. Ou encore un mélange de langue. C'est la dernière hypothèse qui revient le plus souvent. Mais je ne vais pas vous embrouillez avec ça. Les lettres Runiques ont un sens, une signification. Ce ne sont pas de simples lettres, comme certains élèves l'ont faire remarquer au cours dernier.

Elle secoua sa baguette, et des parchemins s’envolèrent de son bureau pour aller se poser sur les tables des élèves. Łukasz y jeta un coup d’œil, et reconnut sans difficulté l’alphabet runique qui y était retranscrit.

- Bien. Pour commencer, qui serait capable de retranscrire les lettres de notre alphabet actuel à celui des Runes ?

La main d’Amber fusa en l’air avec une rapidité stupéfiante, si bien que Łukasz eut à peine le temps de réfléchir à a question du professeur que déjà celle-ci interrogeait la Gryffondor. Soudainement, trois petits coups frappés sur la porte retentirent, et la préfète de Serpentard pénétra dans la pièce, s’excusant platement auprès de l’enseignante de son retard. La Gryffondor eut le réflexe curieux de se frotter le bras gauche, qui paraissait être douloureux. Étrange. Que s’était-elle donc fait ?

Son tempérament curieux reprenait le dessus, comme toujours

- Hé bien... commença Amber. Je vais les dicter dans l'ordre, la première lettre correspond au "F", la deuxième au "u"... Par contre il y en a une que je n'ai pas trouvée...

Elle répondit à la question d’une voix assurée, puis lança un regard vers l’enseignante, attendant surement son approbation. Impressionné par la rapidité avec laquelle la jeune fille avait traduit les symboles runiques, le Serdaigle lui jeta un petit coup d’œil admiratif, avant de lever la main à son tour pour compléter la réponse de la Gryffondor. Puis, se penchant vers elle :
-Qu’est ce que tu t’es fait au bras ?

La curiosité n’est pas un vilain défaut… Si ?
Ou alors, peut-être qu'un jour, elle le perdra.

Oh, et puis qu’importe, il voulait savoir, et advienne que pourra !

- Qu’est ce que tu t’es fait au bras ?

Amber se retourna brusquement vers cette fois qui la fit sursauter, quelqu'un était assis à côté d'elle.

[Łukasz?]

Depuis quand est-ce qu'il était là? Elle avait été tellement absorbée par le cours, et l'arrivée d'Alice, qu'elle n'avait pas remarqué qu'il s'était assis près d'elle. La première chose qu'elle ressentie c'était une joie inexplicable, elle ne l'avait pas vu depuis un bon bout de temps quand même et quand elle l'apercevait, elle n'avait jamais trouvé l'occasion de l'accoster pour lui parler. Le deuxième sentiment qu'elle ressentie juste après c'était l'alarme dans son cerveau, il était curieux, c'était mauvais signe pour la Gryffondor qui commençait à chercher désespérément la réponse la plus crédible qui soit.

[Tu es tombée des escaliers! Non. Tu t'es fais dévoré le bras pas un sombral à ton dernier cours...? T'es bête.]

-Presque, sourie la jeune femme, son regard agréablement surpris par la quasi bonne réponse d'Amber. Trois tes lettres sont fausses. Mais cela n'a rien d'étonnant. Deux d'entre elles sont des lettres qui ne font pas partie de notre alphabet normal et une est un "ï". Et celle que tu n'as pas trouvé correspond à la lettre "S". Sinon, ton travail est parfait! Jamais je n'ai vu un élève trouvé aussi rapide et surtout presque sans aucune faute, Gryffondor mérite bien 10points!
Et... Oui, heu... Łukasz, c'est bien cela?

Amber esquissa alors un sourire radieux, elle venait de faire gagner quelques points à sa maison, ça n'était pas gigantesque mais au moins elle avait pu leur en donner un peu. Et rien que cela lui apportait une joie où elle entrait avec des sensations neuves de gamine. Peut-être que si tous les Gryffondor s'y mettaient vraiment, ils auraient une infime chance de ne pas finir dernier.
Elle se souvint alors que Łukasz lui avait posé une question, le cœur serré par le fait de devoir lui mentir, elle lui murmura rapidement à l'oreille:

- Je suis tombée d'un arbre dans le parc en voulant jouer les Jane hier, rassura Amber avec une ardeur assurée et amusée ne laissant rien paraitre pour ne pas l'inquiéter.

Puis elle se retira aussitôt, toujours avec son sourire lumineux, l'invitant à répondre au professeur qui venait de l'interroger.