Après avoir passé le barrage méfiant de la bibliothécaire, Alice pénétra dans la réserve. Son mot était un faux, évidement, mais avec un peu d'arrogance, d'impatience, et après avoir rappelé son rang de préfète à la vieille femme acariâtre, cette dernière l'avait finalement laissée rentrer.

Le lieu était plus froid que le reste de la bibliothèque. Plus poussiéreux et sombre, aussi. Alice parcourrait les rayons, essayant d'en trouver un concernant les sortilèges de transfert... Au bout d'une dizaine de minutes, elle trouva une petite étagère consacrée à ce sujet, et commença à lire les titres des ouvrages.

*Eh bien... Il auraient pu faire moins énigmatique.*

Elle prit donc un livre au hasard, et consulta le sommaire. Cependant, elle arrêta un instant sa lecture, entend un bruit très léger derrière elle... Elle fronça les sourcils. Elle n'était pas sûre...

Dans le doute, elle se retourna brusquement, sa baguette tendue brillant d'un "lumos" informulé.

Le rayon projeté par sa baguette éclaira un faciès déplaisant et un peu trop connu : celui de Léopold Durant, un sombre Serdaigle solitaire et méchant qui avait toujours inspiré du dégoût à la Serpentard.

- Abaisse ça Von Gotha ! Et fiche-moi la paix.

Alice renifla d'un air dédaigneux, et afficha un air purement dégoutté - le même genre de tête qu'elle aurait pu faire en voyant un cadavre de rat d'égout. Elle abaissa très légèrement sa baguette sur le livre qu'il tenait entre les mains.

- Je te déconseille de me parler sur ce ton, Durant ! Ou même de me parler tout court !

*"Créatures des ténèbres et expérimentations hybrides..." Ce type est vraiment répugnant.*

La préfète le fixa quelques instants d'un regard méprisant.

- ...Et va jouer avec tes bestioles dans un autre rayon que le mien !

En effet, non seulement elle souhaitait rester discrète sur le sujet de ses recherches, mais en plus, tourner le dos à ce garçon était purement suicidaire...

Dans la semi-obscurité Léopold aperçut l'expression dédaigneuse et dégoûtée de la préfète Serpentard, mais il s'en fichait... Le Serdaigle avait tellement l'habitude qu'on le regarde de cette façon.

- Je te déconseille de me parler sur ce ton, Durant ! Ou même de me parler tout court !

*Si tu crois que j'ai envie de parler à une petite conne dans ton genre...*

La baguette d'Alice s'abaissa sur le livre qu'il tenait fermement avec ses mains contre sa poitrine.
Il la fixa d'un regard aussi noir que ses pensées.

- ...Et va jouer avec tes bestioles dans un autre rayon que le mien !

- Mes bestioles ?

Il poussa une exclamation à moitié moqueuse et étonnée, puis se retourna sans un mot de plus en se dirigeant vers le rayon de derrière, marchant tête baissée et ouvrant son livre sur une page qui représentait un serpent aux yeux rouges collé par le dos à un lapin.

- Mes bestioles ?

Le garçon eut une sorte de ricanement étrange et Alice plissa les yeux. Il ne fit cependant pas d'histoire et sortit de son rayon, sous le regard de la préfète qui n'aurait pas été étonnée de le voir se servir de sa baguette contre elle...

*Immonde cafard.*

Alice eut un frisson de dégoût.

Elle reporta son attention sur son livre, tout en restant sur ses gardes, mais ne trouva pas ce quelle cherchait. Elle en prit un deuxième. Puis un troisième.

*Enfin !... "Objet réceptacle d'émotions emprisonnées"*

Une aura à la fois douce et maléfique semblait émaner de ce vieux livre poussiéreux. Il faut dire qu'Alice cherchait un sortilège très particulier... Et relativement dangereux. Sa dernière - et cuisante... - rencontre avec le professeur Mogg l'y avait poussée... Elle s'était rendue compte que quoi qu'il lui fasse, elle serait toujours profondément fascinée et attirée par lui. Ce qui n'était décidément pas acceptable.

Léopold s'assit en plein milieu du rayon, en tailleur, le livre posé à la bonne page devant lui.
Il sortit sa baguette de son manteau poussiéreux et un peu trop grand, puis lança en visant devant lui :

- Serpensortia.

Un sourire satisfait et fasciné se dessina sur ses lèvres boursouflées, ce qui donna un air dérangé au Serdaigle. Un petit serpent d'au moins dix centimètres venait de sortir à l'extrémité de sa baguette, et ondulait lentement sous les yeux brillants de son "maître".

- Et voilà ton nouveau copain. Si tu pouvais attendre un peu avant de le bouffer...

Tout en murmurant ses paroles, Léopold sortit un lapereau, aussi petit que le serpent, de la poche intérieure de son manteau.
Il prit le serpent en fermant sa mâchoire à l'aide sa main, puis positionna le lapereau sur le dessus du serpent à l'aide de sa main libre, sa baguette entre ses doigts. [j'espère que vous arrivez à visualiser la complexité de sa position xD]

- Collapina ! s'exclama-t-il en essayant d'agiter sa baguette entre ses deux doigts.

Un "bang" sonore retentit et une épaisse fumée noire l'entoura et se propagea dans tout le rayon.
Il lâcha le bestiaire des mains, une morsure cuisante au doigt. Ecartant la fumée d'un geste frénétique des mains, il regarda au sol. Rien, à part le livre ouvert.
Il se releva en regardant tout autour de lui et vit une gigantesque queue de serpent se faufiler à l'autre bout du rayon, puis disparaître à l'embrasure d'une étagère.

Alice lisait avec attention le chapitre qui l'intéressait, reproduisant soigneusement chaque page sur du parchemin vierge à l'aide de sa baguette. Elle ne tenait pas compte des chuchotements provenant du rayon derrière elle, littéralement fascinée. Elle ne pouvait rien laisser au hasard...

Une ombre se porta brusquement sur le précieux ouvrage. Alice se figea, s'incitant au calme, serrant sa baguette dans sa main droite.

*Cette fois, tu vas le regretter Durant.*

Elle se retourna brusquement.

- EXPelliar...

Ses yeux s'écarquillèrent de terreur. Elle n'était pas face à Léopold Durant mais face à un gigantesque serpent... Enfin, pas seulement... La fusion d'un serpent et d'un lapin. Jamais elle n'avait entendu parlé d'une telle créature... Et que faisait-elle au beau milieu de la bibliothèque de Poudlard ?!

La jeune fille courut à reculons dans le rayon, répondant au vieux réflexe de l'instinct de survie, et attendit d'être à une distance respectable du monstre pour le viser de sa baguette.

- Stupefix ! STUPEFIX !

Le sort ricochait contre la bête sans l'affecter, et Alice se retrouva collée au mur.

*Réfléchis ! VITE !*

Léopold ramassa le livre et chercha un contre-sort dedans, tout en marchant rapidement dans la direction que prenait le monstre.
Il ne possédait aucunes indications sur le renseignement qu'il cherchait.

- Stupefix ! STUPEFIX !

Un sourire malsain se dessina sur les lèvres du Serdaigle quand il se pencha sur le côté et vit Alice Von Gotha adossée contre un mur, sa gigantesque bestiole les séparant. Il voulait partir et laisser le bestiaire effectuer ce qu'il avait envie de faire, mais sa soif de connaissance l'en empêchait... S'il pouvait découvrir comment neutraliser sa bête il pourrait recommencer une autre fois.

- Besoin d'aide Von Gotha ? ricana-t-il.
Finite Incantatem !

Rien ne se passa, à part que la bête se retourna vers celui qui venait de lancer le sort...

- REDUCTO ! cria-t-il.

L'horrible monstre explosa dans un bruit infernal, et répandit sa peau, ses organes et du sang un peu partout dans la pièce. La morsure du serpent dans la main du Serdaigle disparut subitement. Il ferma le livre qu'il tenait d'un coup sec et le replaça à l'endroit initial où il reposait.

- Besoin d'aide Von Gotha ?
Finite Incantatem !

Aussi absurde que ça puisse paraitre dans sa position, Alice éclata de son rire étrange en voyant l'inutilité du sort lancé par Durant. Elle repensa au livre qu'il tenait contre lui... Evidemment, il n'y avait qu'un type comme lui pour tenter d'aussi atroces expériences. Au moins, le monstre avait désormais changé de proie...

- REDUCTO !

Alice se baissa, protégeant sa tête de ses bras, tandis que l'immonde bestiole explosait d'une façon absolument pas discrète, et elle retrouva soudain aspergée de sang - et autres. Elle s'auto-appliqua un tergeo d'un air profondément dégouté, et pointa sa baguette sur Léopold.

- Ignoble cafard, qu'avais-tu derrière la tête ?!

Son visage était littéralement déformé par la rage. N'attendant pas la moindre réponse, elle lui lança un sort...

- INCARCEREM !

*Autant qu'il reste tranquille, je jure qu'il va en baver pour avoir produit une telle aberration !*

Léopold ne s'attendait pas à un remerciement de la part de la préfète Serpentard, de toute façon il n'en voulait pas. Son seul but était de savoir comment neutraliser le monstre. Elle pointa sa baguette sur lui, il sortit la sienne précipitamment et fronça les sourcils.

- Ignoble cafard, qu'avais-tu derrière la tête ?!

*Qu'est-ce qu'elle me veut encore ?... Essaye de m'attaquer et tu vas voir...*

- INCARCEREM !

Il plongea sur le côté, roulant parmi des boyaux, ou autres choses dont il avait l'air de ne pas s'en intéresser.

- BORDEL LÂCHE-MOI LES BASK' ! J'T'AI SAUVÉ LA VIE AU CAS OÙ TU L'AURAIS PAS REMARQUÉ ! hurla-t-il en essayant de se relever.

Il faisait assez peur à voir, ses cheveux étaient couverts de choses repoussantes et visqueuses, sa chemise blanche à la base était surplombée de sang et son visage n'avait jamais était aussi pâle qu'à cet instant.

La professeur se tourna en direction de Léopold.

- Très bien Durant, vous dites que ce... monstre, était déjà ici et qu'il est passé devant vous alors que vous lisiez ? Très bien, dans ce cas là, expliquez-moi, pourquoi une créature, qui me semble être assez terrifiante et immense, un hybride, comme l'a dit Von-Gotha, rôdait dans la Réserve, en sachant qu'il n'y avait rien il y a de cela 10min, et surtout, comment avez-vous fait pour... l'exterminer? Dites-moi, jsuis curieuse! Avec un peu de chance, vous ferez gagner des points à votre Maison, pour bonne action, qui sait ! Alors ?

*Vraiment débile cette prof.*

- Qu'est-ce que j'en sais de ses origines ? J'ai juste cherché les informations dans le livre que je tenais pour l'exterminer... Il parlait justement de ce genre de bestiole.

Il murmura d'un ton ironique : - Qu'elle chance, n'est-ce pas Von Gotha ?...

- Ah, et non merci pour les points. Je me suis juste retrouvé là au bon moment.

[Another day]

Sortir d'un cours de Sortilèges assez éprouvant - peut-être parce que situé en fin de journée sur un emploi du temps chargé - heure du repas du soir... Se faufiler à contre-courant dans le flot des élèves affamés, qui l'auraient sans doute piétinée sans la moindre difficulté s'il ne s'était agit de la détestable préfète Serpentard. La marrée humaine se fluidifiait à mesure qu'Alice grimpait dans les étages... Celui de la bibliothèque était quasiment vide, elle pouvait entendre résonner ses pas.

*Quel sera le sujet, cette fois-ci ?... Potions, bien entendu. Sombre idiote, te sens-tu obligée de faire pénitence ? Pas de panique, je cherche juste une potion cicatrisante efficace, tu sais très bien que mes entailles n'ont jamais le temps de se refermer en profondeur avec le stupide onguent de Pomfresh.*

La bibliothèque était presque déserte, elle aussi. Alice tendit sans le regarder son vieux mot de Mogg à Mrs Pince - toujours le même. La bibliothécaire y jeta un bref coup d'oeil blasé, habituée, et la laissa pénétrer dans la Réserve.

La pièce était silencieuse, comme d'ordinaire, et singulièrement sombre - il était déjà tard. Un coup d'oeil rapide parmi les rayonnages pour s'assurer de l'absence de Durant-le-répugnant, et la jeune fille se dirigea vers le rayon "potions-alchimie", qu'elle connaissait presque par coeur. Elle fit distraitement courir ses doigts sur les ouvrages, marmonnant un air qui trainait au fond de son cerveau.

- We only said goodbye with words... I died a hundred time...You go back to her, and I go back to black...

S'arrêtant sur un grimoire à reliure beige intitulé Onguents, potion, et solutions à d'inavouables affections magiques, elle se tut et sortit le bouquin du rayonnage, entreprenant de fouiller la table des matières, quand un bruit de pas se fit entendre à proximité. Fermant l'ouvrage, elle saisit sa baguette de la main gauche, en la pointant face à la pénombre d'où provenait le bruit.

*Lumos.*

Fini! Enfin Amber pouvait sortir de ce dernier cours infernal, la journée avait été beaucoup trop longue à son gout et les dernières minutes de cours étaient pour elle un véritable supplice. Elle passa rapidement dans sa salle commune pour déposer ses affaires. Après quoi elle sortit accompagné de quelques camarades de son année pour aller diner. Arrivée dans les escaliers elle aperçut en descendant une frêle silhouette qui se dirigeait vers le quatrième étage.

[Oh mais c'est... Alice! ]

La Serpentard venait de prendre la direction de la bibliothèque. Amber ressentait le besoin de lui parler, les deux jeunes filles n'avaient pas eu l'occasion de se reparler depuis cette nuit fameuse nuit de "confidence", ainsi la Gryffondor trouvait donc que c'était le meilleur moment pour la rejoindre. Elle fit alors semblant de continuer son chemin avec ses condisciples, une fois arrivée au troisième étage, elle s'arrêta net:

- Je vous rejoindrai après! J'ai oublié quelque chose! lança-t-elle .

Les élèves restèrent perplexe, on avait pas besoin de quelque chose en particulier pour manger.

- Allez y je vous dis!

Amber semblait ne pas vouloir qu'ils insistent, ils haussèrent les épaules et continuèrent donc leur chemin sans elle. Une fois qu'elle fut certaine qu'ils étaient bel et bien parti, elle partit en reprenant le chemin inverse. Arrivée à la bibliothèque qui était maintenant complètement vide, à quelques personnes près. Elle chercha à travers les rayons Alice. Au bout de quelques minutes, ne l'ayant toujours pas trouver, elle s'assit sur une chaise. Mais où avait-elle bien pu passer?

[Et la réserve, tu y as pensé?]

-Ah oui! s'écria la jeune fille.

- Mais qui est-ce qui crit comme ça?

Amber se faufila discrètement jusque la réserve en évitant la bibliothécaire qui était partie à la recherche de l'élément perturbateur qui venait de briser le silence cathédrale de la pièce, donc elle. Arrivé devant l'entrée, elle poussa doucement la porte pour pénétrer dans la pièce, puis la laissa entrouverte comme lorsqu'elle venait d'entrer. Il faisait vraiment sombre, et l'endroit était lugubre et peu rassurant. Elle avança doucement, traversant les rayons à la recherche de la Serpantard. Une lumière aveuglante l'éblouit soudainement. Elle était là.

- Alice, ce n'est que moi, rassura Amber en s'approchant d'elle.

Elle posa ensuite son regard vers le livre que tenait son homologue.

- Tu cherchais un livre?

[En même temps on est dans une bibliothèque... C'est bon!]

La lumière violente qui s'échappa de sa baguette éclaira un visage connu. Amber.

- Alice, ce n'est que moi.

La préfète des vert et argent abaissa sa baguette tandis que son homologue - qui était depuis peu bien plus que ça - s'approchait d'elle. La Serpy resta silencieuse... Difficile de trouver ses mots après ce qui s'était déroulé entre elles. Dire qu'avant cela elles étaient plus ou moins deux inconnues...

Alice avait hésité à éviter la Gryffy. Finalement, ces derniers jours, elle s'était contentée de faire comme si rien ne s'était passé entre elles... Et pourtant, une certaine attirance empathique semblait être apparue entre les deux jeunes filles, depuis ce soir là. Alice était fière d'Amber lorsqu'elle répondait bien en cours, gênée pour elle lorsqu'elle la voyait dans une situation embarrassante... Mais il y avait aussi cette étrange sensation de soulagement quand elle la voyait, quand elle savait qu'elle n'était pas loin.

*Je me demande si c'est réciproque... Ça pourrait expliquer sa présence ici.*

- Tu cherchais un livre ?

Ses yeux étaient posés sur l'ouvrage qu'elle tenait entre ses mains.

*Pour une fois qu'il ne s'agit pas de quelque chose de trop... compromettant.*

Un léger, très léger sourire étira les lèvres de la Serpy. Quel contraste, par rapport à leur dernière rencontre ! Alice était presque calme - elle était au moins en mesure de le faire croire d'une manière crédible.

- Une solution, plutôt...

Elle tendit l'ouvrage à Amber sans crainte, elle demeurait la seule au courant de son étrange blessure - d'autant qu'elle avait arboré la même... Avait, là était toute la différence : celle d'Alice ne cicatrisait pas entièrement.

- Je suis... Plus ou moins hémophile. Et la crème cicatrisante de Pomfresh n'est pas efficace en... Profondeur.

Alice détourna un regard vaguement gêné, comme si elle abordait un sujet obscène. Voilà qu'elle avouait encore une faiblesse à la Gryffondor...

*... Alors que j'ignore tout d'elle. Eh bien... Renseigne-toi.*

La Serpy s'appuya contre la bibliothèque, reportant son regard hésitant sur son "amie" dont elle ne savait presque rien. Elle lui avait dit qu'elle serait toujours là... Elle avait été là de manière apparemment désintéressée, elle l'avait laissée la marquer sans protester... Elle était étonnante.

- Qui es-tu donc, Amber ?...

Un sourire fugitif éclaira le visage d’Alice. Il n’était pas comme la plupart de ses sourires méprisants, froid qu’elle avait arboré la nuit de leurs confidences lorsqu’elle parlait du professeur Mogg, il était même complètement à l’opposé de tous les sourires qu’elle aurait pu avoir depuis. Amber le voyait comme un vrai, profond, réel, peut-être rapide certes mais sincère sourire.

[T’as vu ça ? Quoi ? Imagine elle te sourit exclusivement comme ça et seulement à toi ? Ne rêvons pas trop quand même. Je ne sais pas si elle, elle me voit comme moi je la vois…]

Amber y avait longtemps réfléchit après cette ineffaçable nuit, qu’est-ce qu’il l’avait amené à vouloir se rapprocher d’Alice. Peut-être était-ce cette incessante admiration qu’elle avait pour elle, fille noble, sang-pur, fière et qui n’avait jamais froid aux yeux. Est-ce qu’elle voyait en Alice, un modèle ?

[Un modèle ténébreux ouai…Belle perspective en effet. Laisse-moi.]

Longtemps la Gryffondor avait hésité à aller voir Alice, craignant de la déranger ou encore de se faire ignorer. Mais au bout du compte, elle finit par se dire que si elle n’allait pas lui parler jamais elle ne saurait. Malgré cela, elle pouvait ressentir cette attirance empathique, une sorte de lien invisible liait à présent les deux jeunes filles. La rouge et or ne pouvait s’empêcher d’être heureuse quand elle apercevait son homologue Serpentard dans les couloirs du château, en cours, dans la Grande Salle ou autre.
Alice semblait nettement plus sereine ce soir-là. Son visage reflètait un calme presque déroutant, mais qui faisait plaisir à voir. Alice avait l'air d'aller mieux.

-Une solution plutôt,lui répondit-elle.

Amber se demandait de quelle solution Alice voulait bien parler. Cette dernière lui tendit alors le livre qu’elle tenait, Amber lui jeta un bref coup d’œil avant de lire le titre Onguents, potion, et solutions à d'inavouables affections magiques et de feuilleter furtivement l’ouvrage.

[Intéressant. Chut!]

- Je suis... Plus ou moins hémophile. Et la crème cicatrisante de Pomfresh n'est pas efficace en... Profondeur.

La Gryffondor se souvint alors qu’elle avait déjà entendu parler de son hémophilie, il était le plus souvent mentionné lorsque son entourage parlait de son œil. Alice détourna alors son regard un moment, comme si on venait de lui arracher un secret dont elle aurait honte. Amber voulait dire quelque chose mais elle ne savait pas vraiment quoi, si ce n’est qu’elle éprouvait encore plus une profonde et vive compassion pour son « amie ». D’ailleurs elle avait encore du mal à réaliser cela, jamais Amber ne s’était imaginée un seul instant qu’elle serait un jour aussi proche de la Serpentard et aussi rapidement surtout.
La Préfète des vert et argent s’appuya alors sur la bibliothèque, une expression de perplexité se dessinait sur son visage. Amber se doutait bien qu'elle devait surement se méfier, ce qu'elle comprenait tout à fait après tout.

[Oh oh… attends toi à ce qu’elle te pose une certaine question… Qu’est-ce que tu veux dire par là ?]

- Qui es-tu donc, Amber ?...

La Gryffondor écarquilla légèrement les yeux. Elle ne pensait pas une seule seconde qu'Alice lui poserait une telle question. Qui était-elle ? Elle-même elle ne le savait pas vraiment, elle ne le savait plus en réalité.

[Qui je suis … Oui qui est tu donc Amber réellement ? Qui… je … suis ? Tu répètes la question là…]

Amber baissa un instant les yeux, cherchant vainement dans le flot de pensées qui commençait à tourbillonner dans son esprit une réponse à cette question. Il y avait tellement de réponses. Que devait-elle lui dire exactement ? « Je suis une élève de septième année à Poudlard, préfète des Gryffondor, sœur d’Hermia elle-même rouge et or… » ? Ça elle le savait déjà. Alors qu’était-elle censé lui répondre précisément ?

[Bon c’est pas pour dire mais plus tu rames plus elle va douter de toi.]

Levant alors les yeux vers Alice, un fin sourire ourlant ses lèvres, et ses yeux s'illuminant, elle lui répondit enfin.

- Je crois que je ne me suis jamais vraiment présentée c'est vrai.

Amber s'avança d'un pas vers Alice, pour être bien en face d'elle, puis prenant délicatement sa main, elle fit une révérence cérémonieuse devant la Serpentard.

- Bonsoir Alice. Je m'appelle Amber, et je suis celle qui t'es entièrement dévouée. A toi et rien qu'à toi maintenant. Je ne suis pas sang-pur... mais je suis fidèle.

La rouge et or se pencha alors légèrement et déposa un léger baiser sur la main de la Serpentard. Dans la pénombre de la réserve, la voix d'Amber résonnait un peu, sérieuse et reflétant toute une sincérité. Les intonations qu'elle prenait était complètement différente de celle qu'elle avait depuis. Elle savait que ce n'était pas un jeu, elle en était bien consciente. Plus moyen de retourner en arrière, elle était décidée de rester à ses côtés. Jusqu'au bout.

- Tes pensées seront les miennes, je te suivrai toujours, où que tu sois je marcherai à tes côtés.

Elle se redressa ensuite, relevant la manche gauche du bras d'Alice, elle poursuivit:

- Je suis...

[Bah vas-y maintenant que tu y es, dis-le! Pourquoi tu hésites?Est-ce que je peux le dire... ? Au point où tu en es, là oui!]

- Ta sœur de sang.

Les dés étaient jetés. Amber avait dit ce qu'elle avait choisir d'être. Elle ne savait pas où cela aller la mener mais tant qu'elle était derrière Alice telle une ombre bienveillante, tout irait bien. Après tout, elle restait une Gryffondor. Elle était toujours Amber, l'enjouée, courageuse et téméraire jeune fille de dix-sept ans qu'elle avait toujours été et qui avait toujours été là pour ceux qu'elle aimait.

Alice fixait la Gryffy d'un regard assez fasciné. Après quelques secondes d'étonnement, celle-ci détourna le regard... Évidemment, à froid, cette question imprécise donnait lieu à réflexion... Peu importait, cependant. Un instinct, sans doute profondément enfoui dans les méandres de son être, incitait Alice à en apprendre davantage sur cette fille qui lui semblait dévouée sans la moindre raison valable.

Puis finalement, elle redressa la tête, souriante, son regard arborant cette même lueur d'intelligence que l'on pouvait y distinguer lorsqu'elle connaissait une bonne réponse en cours...

*A prendre comme une preuve de sincérité ? De réputation, elle ne serait vraiment pas du genre à faire des coups bas... Ne te précipite pas, reste prudente... Peut-être est-elle simplement plus discrète que toi.*

- Je crois que je ne me suis jamais vraiment présentée, c'est vrai.

Amber s'approcha doucement d'elle, de ce pas aérien et gracieux qui la caractérisait... Alice l'avait discrètement observée, ces derniers jours. Elle s'était tout d'abord demandé si la jeune fille n'était pas ballerine... Mais son langage, ses tenues semblaient plus appartenir à un milieu aisé. "Aisé" pour ne pas dire noble, Alice avait beau chercher, "Fiamata Dia Capulet" ne lui évoquait rien... Si ce n'est un chef-d'oeuvre de littérature moldue.

La Gryffondor lui prit délicatement la main, mimant une révérence précieuse d'un autre siècle, et Alice l'observa d'un oeil perplexe, avant de convenir qu'il s'agissait d'une plaisanterie...

*Tu es tellement enfoncée dans ta mélancolie que tu en oublies ce que signifie de rire... Et ça a une importance ?... Pour les gens normaux, oui... Je ne veux pas être normale, merci.*

- Bonsoir, Alice. Je m'appelle Amber, et je suis celle qui t'es entièrement dévouée. A toi et rien qu'à toi maintenant.

*Est-ce toujours une plaisanterie ?... Je ne suis pas dans sa tête. Je ne m'adressais pas à toi.*

Non, son ton était bien trop solennel... Ou alors, c'était remarquablement bien joué. Alice décida d'écarter cette hypothèse, et... Et de lui accorder sa confiance, oui.

*Qu'ai-je à perdre, de toute manière ?...*

- Je ne suis pas sang-pur... Mais je suis fidèle.

Voilà qui expliquait une partie du dilemme... Noblesse moldue ? Alice n'était pas sans ignorer leur existence, une branche des Habsbourg d'Autriche en faisant partie - bien qu'il faille remonter au Moyen-Âge pour les rattacher aux Habsbourg sorciers, la famille de sa mère.

Amber lui déposa un léger baiser sur la main, lui rappelant quelque peu les interminables soirées mondaines que son père donnait parfois à Gotha... Soirées qu'elle passait généralement aux côtés de Ludwig Schwartz, quand il était lui aussi obligé d'y assister.

- Tes pensées seront les miennes...

*Je ne te le souhaite pas.*

- ... je te suivrais toujours, où que tu sois je marcherai à tes côtés.

Une lueur intéressée germait peu à peu dans le regard de la Serpentard. Bien évidemment, c'était risqué... Mais n'avait-elle pas plus de chance de réussir, accompagnée d'Amber ?... Elle relevait sa manche, justement, dévoilant ce bandage qui dissimulait cet ersatz de marque des ténèbres gravée trop profondément dans sa chair, aussi profondément que l'humiliation que lui avait fait subir Sheffield était gravée dans son âme... Marque que la jeune fille en face d'elle partageait. Mais pas seulement...

- Je suis...

Alice releva les yeux de son bras, les vrillant dans le regard Ambre de la Gryffondor. Elle appréhendait ses paroles, et pourtant, elle souhaitait les entendre, ces mots qu'elle devinait au bord de ses lèvres... Ces mots qui scellait une sorte de pacte précieux - et qu'elle espérait indestructible - entre elles.

- Ta soeur de sang.

- Amber... As-tu la moindre idée de ce que cela peut impliquer ?...

Elle n'avait pas pu s'en empêcher. D'où lui venait cette étrange bienveillance, cette... inquiétude ? Oui, Alice s'inquiétait pour quelqu'un d'autre qu'elle-même, ou Lui, ce qui était quelque chose de totalement nouveau pour elle. Quelque chose au fond de son âme la poussait à la prévenir, l'avertir que ce lien était absolument risqué, sombre... Périlleux, également, surtout si elle souhaitait mener son sombre projet à bien...

*Ressentirais-tu une quelconque once d'humanité ?... Appelle cela comme tu veux... Je ne te reconnais pas... J'ai besoin d'elle, ne te méprends pas.*

Oui, besoin d'elle... Mais pas seulement dans le sens "utile". Ce qui était d'autant plus étonnant, Alice n'ayant jamais octroyé le rôle de "soutien moral" à qui que ce soit...

*Et vois ce que ça a fait de toi...*

Le regard d'Alice se fit plus douloureux, et elle le détourna. Voulait-elle vraiment infliger cela à cette jeune fille joyeuse, insouciante et sans histoire ?...

*C'est son choix. Il faut qu'elle soit consciente de ce choix.*

- Pour l'instant, ce ne sont que quelques gouttes de sang et des confidences... Mais si tu choisis de l'entretenir, le lien qui se crée entre nous va devenir si serré qu'il te sera impossible de t'en défaire... Tu es encore libre de partir. Mais ça ne durera pas éternellement tu sais.

La Serpy planta un regard volontairement inquiétant dans celui d'Amber, se rapprochant d'elle en espérant donner une résonance plus lugubre à ses paroles.

- La voie que je m'apprête à suivre n'est ni des plus aisées, ni des plus recommandables. Et j'ai le choix, pourtant, mais je ne changerais pas d'avis... Amber, mes projets sont à la fois stériles et terribles, et je m'en voudrais de t'y entrainer sans que tu ne le saches.

Alice lui accorda un sourire triste. Quelque part, il lui en coûtait de prononcer ces paroles... Et elle était presque sûre qu'Amber retrouverait la raison et l'abandonnerait. D'un certain point de vue, c'était le choix le plus rationnel, le plus juste aussi... Se détournant de la Gryffondor, Alice fit mine de regarder les titres des ouvrages à proximité - qu'elle connaissait presque par coeur à force de trainer dans ce rayonnage - pour ne pas laisser transparaitre sa tristesse. Seule Amber pouvait faire ce choix, et elle n'avait pas à l'influencer à ce propos.

- Amber... As-tu la moindre idée de ce que cela peut impliquer ?...

En effet. Est-ce qu'elle était réellement consciente de ce qu'elle faisait ? Est-ce qu’elle avait songé un instant dans quoi elle s’embarquait ?

[Elle te laisse encore le choix, alors dépêche-toi de changer d'avis avant... Non ! Tu es désespérante...]

Étrangement, Amber lisait dans les yeux d'Alice une expression douloureuse. La Serpentard détourna son regard. Amber ne comprenait pas pourquoi. Pourquoi réagissait-elle comme ça ? Est-ce qu'elle était en train de la rejeter ou était-elle en train de s'inquiéter pour le Gryffondor ? Quoi qu'il en soit cela ne fit au contraire qu'augmenter le désir de cette dernière d'être auprès d'Alice.
Elle voulait la suivre, elle ressentait en elle ce besoin, de la soutenir, d'être à ses côtés qu'elle n'arrivait pas à s'expliquer mais qu'elle ressentait depuis cette nuit-là. Elle n'avait pas peur, elle n'avait plus peur. Il est vrai que depuis la veille de cette soirée de confidence, une source d'inquiétude avait accélérer les battements de cœur de la jeune fille, elle ne savait pas à quoi elle devait s'attendre. Mais à présent elle était décidée, résignée plus rien ne l'arrêteraient. Même Alice ne pourrait pas l'en empêcher.

[Je veux te suivre. ]

- Pour l'instant, ce ne sont que quelques gouttes de sang et des confidences... Mais si tu choisis de l'entretenir, le lien qui se crée entre nous va devenir si serré qu'il te sera impossible de t'en défaire... Tu es encore libre de partir. Mais ça ne durera pas éternellement tu sais.

Amber ne savait pas si elle disait cela pour la tester ou non, mais tout ce qu'elle savait c'est qu'elle ne changerait pas d'avis. Alice se tourna alors vers Amber, plongeant un regard des plus inquiétants dans le sien, ses prunelles s’étaient soudainement assombries. La rouge et or s’étonna de cette funeste expression qui se reflétait dans les yeux vairons de son homologue vert et argent.

- La voie que je m'apprête à suivre n'est ni des plus aisées, ni des plus recommandables.

[Tu vois elle-même elle le dit… Tu t’aventures sur un terrain dangereux ma belle ! C’est pas ça qui m’arrêtera, je ne sais pas si elle cherche à me tester ou non, mais ça m'est égal, je suis tout à fait consciente de mon choix. En plus d’être désespérante tu es exaspérante aussi.]

-Et j'ai le choix, pourtant, mais je ne changerais pas d'avis... Amber, mes projets sont à la fois stériles et terribles, et je m'en voudrais de t'y entrainer sans que tu ne le saches.

Amber savait bien dans quoi elle s’engageait à présent. Ses yeux s’enflammèrent d’une lueur des plus déterminés. Alice lui avait laissé le choix, par bienveillance ? Non, ça n'était pas possible, peut-être qu'elle pensait que la Gryffondor ne serait pas capable de la suivre plutôt. Mais c'était déjà tout réfléchi peut importe ce que cherchait à lui faire comprendre la Serpentard, Amber restait fixer sur sa décision. Il est vrai que la Serpentard devait encore être perplexe devant un tel sang froid qu'arborait la Gryffondor, une telle maitrise de soi devait cacher quelque chose selon Alice probablement, mais Amber se devait de la rassurer, de lui prouver qu'elle ne devait avoir aucune crainte. Elle devait lui faire entièrement confiance.

- Alice. Tu pourras me dire tout ce que tu veux… Je ne changerai pas d’avis non plus. Mon choix est fait. Je suis décidée.

Elle l’avait dit, elle venait de le confirmer. Plus moyen de retourner en arrière. Ça y est. Amber s’engageait dans un enjeu mortellement périlleux, elle le savait, elle n’en doutait pas un seul instant mais le voulait, elle sentait qu’elle devait rester. Jusqu’au bout. Quoi qu’il lui en coute. Et peu importe les conséquences.
S’approcher d’Alice, prendre ses mains, les serrer légèrement pour lui faire passer toute sa détermination à travers ce contact, plonger ensuite son regard ambre dans le sien pour lui prouver son entier dévouement. Elle ne cilla pas, et se montrant aussi laconique que possible :

- Crois-moi. Je ne te lâcherai pas. Jamais. Rien ne m’arrêtera, je te suivrai.

Ses yeux si lumineux s'obscurcissaient sous l'effet du sérieux et de la résolution farouche qui enhardissait tout son être. Le lien qui s'était crée entre les deux jeunes filles, elle ne voulait pas le briser, il était là, encré en elle et elle ne pouvait plus s'en détacher. La rouge et or percevait à l'intérieur d'elle, cette nécessité ardente d'être derrière la Serpentard. Et s'il s'avérait qu'elle devait la laisser, elle ne le supporterait pas. Connaissant parfaitement devant qui elle se tenait, elle savait que ça ne serait pas un jeu, qu'Alice avait surement des projets ténébreux, qui le ferait surement basculer dans un monde complètement différent de celui dans lequel elle avait toujours baigné mais elle n'en était pas moins troublée, plus maintenant. Alice seule comptait, et elle était prête à l'accompagner. Pour Amber s'était écrit depuis longtemps. Rien n'était fait au hasard.

[Ne me force pas à te quitter. Je ne le ferai pas.]

Et prenant le visage de la Serpentard entre ses mains elle plongea davantage ses yeux ambres dans ceux vairons de son homologue, pour emplir le champ de vision d'Alice de son seule regard, peut-être pour qu'elle y trouve un rassurement, une confiance absolu. C'est alors qu'elle avança son visage encore plus près de celui de la vert et argent, jusqu'à ce qu'elle dépose ses lèvres sur les siennes puis les retira doucement. Ce geste n'avait rien de banal, il exprimait tout le dévouement que la rouge et or portait à présent pour Alice. Et relâchant son emprise avec douceur :

- Fais moi confiance, je ne te trahirai pas, finit-elle par dire sérieusement accompagné d'un sincère et profond sourire.

Son rythme cardiaque s'était quelque peu accéléré... Alice n'identifia pas immédiatement l'émotion provocant cette réaction. L'appréhension angoissante de la voir partir, une peine latente, n'attendant qu'un geste de la Gryffondor pour surgir... De la peine, oui.

*Et voilà que tu t'attaches... Est-ce mal ? C'est dangereux, en tout cas. Surtout avec ton tempérament... Tu le sais très bien.*

Elle sentait le regard d'Amber sur elle, tandis qu'elle parcourait le rayon de ses yeux distraits.

- Alice.

Plus que la prise de parole, c'est l'intonation utilisée par la rouge et or qui lui fit tourner la tête vers elle. Il y transparaissait la même émotion que dans son regard... Une détermination butée. Tenace... Peut-être même inébranlable. Égoïstement, Alice sentit son coeur se réchauffer à ce constat.

- Tu pourras me dire tout ce que tu veux… Je ne changerai pas d’avis non plus. Mon choix est fait. Je suis décidée.

*Ton choix... Tu es donc avec moi ?...*

Alice était si surprise, et avait tellement de mal à y croire, qu'elle fixait Amber d'un regard étrange, celui d'un enfant à la fois émerveillé et apeuré à l'idée que son rêve tout juste réalisé s'achève... Amber serra ses mains entre les siennes, la fixant sans ciller, comme pour lui prouver que ce qu'elle lui livrait n'était que la pure vérité.

- Crois-moi. Je ne te lâcherai pas. Jamais. Rien ne m’arrêtera, je te suivrai.

Ce ton, si solennel... Le ton d'une promesse. D'un contrat affectif tacite. Et toujours cette détermination... Pas un tremblement ne troublait ses mots. Elle avait très bien compris au moins une partie de ce qu'impliquait sa fidélité à la Serpy... Il ne pouvait en être autrement. Ses motivations demeuraient obscures à l'esprit d'Alice... Mais elle semblait si convaincue de la voie qu'elle choisissait... Non, pas "semblait" : elle l'était, Alice pouvait le ressentir tout au fond de son être.

*Quelles horreurs recèle ton esprit pour que tu souhaites t'asservir à un obscur mégalomane qui marque ses disciples comme du bétail... Et toi, Alice ? Tu sais très bien que c'est le prix à payer pour atteindre Sheffield... Et si pour cela quelques moldus doivent y passer, je n'aurais aucun remord. J'ai bien peur d'en avoir conscience... Mais rappelle toi qu'Amber n'a pas le sang pur... Amber a le même sang que moi, désormais.*

Ses pensées furent brutalement coupées par les mains de la Gryffy, qui encadrèrent son visage. Proche, si proche. Alice s'oubliait dans l'étrange regard ambre de la jeune fille, ses pensées se résumant un instant à cette couleur... Que ça cesse, elle la croyait...

Ce fut une sensation de lèvres douces sur les siennes qui lui fit rompre ce pur contact visuel porteur d'une angoisse sourde... Alice ferma quelques secondes les paupières, le temps qu'Amber se retire. L'esprit étrangement vide...

- Fais moi confiance, je ne te trahirai pas.

Alice la dévisagea. Elle souriait, confiante... Du moins... Difficile de déterminer laquelle des deux éprouvait cette émotion. Étrange empathie fusionnelle...

Alice la fixait sans ciller, à son tour. Elle lui accorda même l'un de ses très légers et très rares sourires sincères. Et sans prévenir, elle lâcha avec l'effet d'un détonateur, d'une voix pure presque enfantine :

- Je vais rejoindre les rangs des Mangemorts pour anéantir Marius Sheffield.

Sans se départir de son expression sereine, Alice rouvrit son bouquin, parcourant vaguement le sommaire en quête d'une solution à son hémophilie dérangeante, comme si le sujet qu'elle venait d'évoquer était tout à fait léger. Elle se sentait étrangement euphorique, et une curieuse envie de rire, qu'elle retenait difficilement, la prenait par vague.

- Rien d'intéressant là-dedans. Fit-elle en replaçant le bouquin dans le rayonnage, saisissant son voisin intitulé Sang & potions. Elle se sentait si étrangement bien... Elle était incapable de l'expliquer.

Une sensation de crainte, la peur d’être brusquement rejetée étreignait la Gryffondor. Alice toisait Amber de ses yeux vairons sans ciller. Le coeur d'Amber battait à vive allure, elle appréhendait sa réponse, et rien que l'idée de devoir la quitter était inenvisageable pour la rouge et or. Elle retint son souffle un instant.
Un sourire. Un fin sourire étira les lèvres de la Serpentard. Amber eut l'impression qu'un geyser de bonheur montait en elle, Alice lui souriait, ce fut rapide certes, mais elle venait quand même de lui sourire exclusivement.

[Elle m'a souri. Bah c'est bon c'est pas comme si tu voyais quelqu'un sourire pour la première fois... Alice c'est pas pareil ! C’est ce que j'avais cru comprendre .]

- Je vais rejoindre les rangs des Mangemorts pour anéantir Marius Sheffield.

Amber faillit faire un bond en arrière tant l'exclamation de son homologue fut rapide, brusque et violente. Elle l'avait dit d'une manière purement enfantine. Sa voix claire avait résonné entre les étagères tel un torrent de lave qui jaillissait brutalement d'un volcan, si on était pas préparé psychologiquement, il y avait de quoi sursauter légèrement. Mais dans son intonation, Amber sentait qu'Alice était extrêmement sérieuse, malgré qu'elle avait eu un ton particulièrement cristallin et pur, comme si il s'agissait d'une tâche facile à mener.

[Et comment elle va procéder pour les rejoindre ? Tu crois pas que j'étais déjà en train de me poser la question !]

Et quant à Marius, elle ne fut pas si surprise que cela. Il lui avait bien semblé au dernier cours de méthamorphose qu'il se passait quelque chose entre Alice et Sheffield, et ses pensées étaient à présent confirmer, ils ne devaient pas avoir une relation amicale pour qu'elle désire si ardemment sa chute. Maintenant la question qui la titillait c'était pourquoi lui exactement ? Qu'est-ce qu'il avait fait ? Et d’ailleurs où était-il maintenant ? Tout à coup une évidence lui sauta aux yeux, il était un Mangemort ! Quelle idiote, c’est vrai. Et dire qu’elle n’avait plus entendu parler de leur professeur depuis le bal de Noel. Ce serait-il enfui avec les autres Mangemorts ? Maintenant que leur mission était accompli, il était fort probable que ce soit le cas.
La Serpentard se mit ensuite à parcourir la première page de l'ouvrage qu'elle avait prit juste avant. Comme si le sujet qu'elle venait de mentionner était tout à fait banal. Amber ne savait pas si elle pouvait lui poser des question par rapport à son projet. Alice dégageait une totale sérénité, une sensation de bien-être émanait de la jeune fille, qui tentait tant bien que mal à retenir des envies de.... rire ? Amber n'en était pas vraiment sûre, mais il lui semblait qu'Alice était en proie à une sorte d'euphorie incontrôlable. Elle nageait dans la béatitude la plus totale. Ce qui surprenait Amber, qui l'observait les yeux pétillants et fascinés par la détermination farouche qui se dégageait de la Serpentard.

[Hé ! ... Hé ! ... Hé oh ! Quoi ? Tu vas lui servir à quoi au juste si elle veut vraiment rentrer chez eux ? Je ne sais pas mais si c'est ce qu'elle veut ,je vais l'y aider c'est tout.]

- Rien d'intéressant là-dedans, conclut-elle une fois après avoir lu à la volée le sommaire en prenant un autre livre.

La Gryffondor ne pouvait s'empêcher d'avoir un regard admiratif sur Alice, même si l'enjeu était mortellement dangereux pour ne pas dire suicidaire. Elle aimait voir cette lueur, cette étincelle de bravade audacieuse qui brillait dans les prunelles d'Alice.

S'avançant à son tour vers un rayon de livre, Amber se mit à son tour à chercher un livre pointant un doigt de droite à gauche en fronçant les sourcils et ses yeux pour mieux distinguer les titres des ouvrages. Elle en saisit un au pif "Potion de grand pouvoir" puis s'adossant contre l'étagère, elle se mit à parcourir le bouquin, puis finit par tourner son regard vers Alice, le visage tout aussi calme et serein.
La Gryffondor n'était pas inquiète, ni perplexe, curieusement, elle se sentait bien, elle en oublia même tous ce qui l'avait abattu depuis. Ces derniers jours elle s'était posée des tas de questions , tant de chemins qu'elle avait croisés , elle ne cessait de penser à quelqu'un , à "lui"... Mathéo. Elle espérait infiniment de le revoir, de lui reparler normalement, même si il ne ressentait rien, elle désirait juste pouvoir lui parler... Mais tout ce temps à patienter , débordant d'espoir l'avait fait abandonner. Enfermée dans une prison de tortures interminables , et privée de celui à qui elle vouait une passion incontrôlable, son être ne pouvait être que teignit de poussière . Mais là, tout cela avait disparu, elle ne pouvait se l'expliquer mais aux côtés d'Alice, elle se sentait bien, tout simplement et tout ce qu'elle voulait maintenant c'était de rester derrière la Serpentard, de passer à autre chose:

[Et peu importe les conséquences, je ferai tout ce qu'elle voudra. Vraiment ? T'es sûre ? Absolument certaine ce ce que tu dis ? Oui. Tu as pensé à ce que ta famille, tes amis penseraient si... Personne ne le saura et même si on le découvrait ça m'est égal. Pour l'instant, seul Alice compte.]

- Et donc comment comptes-tu les re... Alice. Qu'est-ce que tu as au cou ? S'interrompit Amber en apercevant des marques sombres sur la nuque de la vert et argent, qu’elle avait réussi à voir malgré la faible luminosité de la réserve.