Ces paroles qui revenaient en boucle dans sa tête, la propulsaient dans un monde de songes et de pensées incessantes, la retirant totalement de la réalité. Mais Amber se devait de ne pas se laisser distraire par cette voix qui résonnait en elle, dont la mélodie commençait à lui ôter toute volonté. Toute la journée elle s’était donc efforcée de ne plus y penser, en essayant de barricader son esprit du mieux qu’elle pouvait en se concentrant sur les cours, afin de pas songer à ce « rendez-vous » donné par Mathéo. En fin d’après-midi, elle avait passé tout le reste de son temps libre à travailler pendant deux longues heures, assise sur un fauteuil dans sa salle commune jusque dix-neuf heures, pour évacuer ce surplus de stress ou plutôt d’appréhension grandissante au fil des minutes qui passaient. Quelle heure était-il à présent ? A ce moment elle inspira vivement regardant le cadran d’une horloge pas très loin. Il était déjà dix-neuf heures trente-six. Le repas se déroulait déjà à la Grande Salle. Mais elle n’avait pas faim et avait préféré remonter dans son dortoir pour retirer son uniforme et enfiler une tenue plus confortable. Un pantalon noir, ses petites bottines de cuir s’accordant à son bas, une chemise cavalière blanche, avec un col en satin remontant légèrement jusqu’au cou, descendant ensuite sur un léger décolleté en froufrou.


Nuit. Il faisait déjà nuit et elle était là, maintenant adossé dans la petite voute de la fenêtre près de son lit, tête contre les carreaux de la vitre, les yeux rivés vers le ciel. Cette voûte Céleste qu’elle contemplait calmement. Il était vingt heures. Plus qu’une demi-heure. Ne tenant plus sur place, elle se mit à faire quelques pas de danses classiques dans la chambre pour évacuer cet intolérable poids d’angoisse qui s’abattait sur elle sans qu’elle comprenne vraiment pourquoi. Après tout, ils s’étaient déjà retrouvés plusieurs fois à parler seuls ensemble… Mais là, ça n’était pas pareil, rien n’était plus pareil, surtout qu’Amber n’avait aucune idée de ce qu’elle allait bien pouvoir lui dire.


Vingt heures dix… S’avançant vers son lit elle prit son manteau puis s’enveloppa étroitement dedans. Elle arrangea ensuite ses cheveux, remettant en place sa broche nacré de bouton de perles roses en remontant quelques mèches de ses cheveux avec. La rouge et or se saisit ensuite de son écharpe de laine pour ensuite sortir des dortoirs. Heureusement pour elle, sa sœur n’était pas encore dans la salle commune, Hermia l’aurait sans doute attrapé au vol pour lui demander où elle allait sinon… La Préfète se dirigea en vitesse dans les escaliers pour rejoindre la tour d’astronomie.


Elle devait être en avance de dix minutes surement. Arrivée devant la porte qui menait aux dernières marches vers le sommet, elle se stoppa un instant. Quelques pas de plus et elle se trouverait à sa destination. Inspirant profondément, les poignées serrés et le cœur palpitant encore plus que jamais, si fort qu’il lui semblait battre aussi vigoureusement que les autres fois où elle s’était retrouvée devant lui. La main posée sur la poignée de la porte, elle l’ouvrit tout doucement, laissant un vent frais caresser son visage. Elle monta discrètement à la pointe des pieds –pour une ballerine ça n’était pas compliqué- pour tenter d’entendre s’il était déjà là. Oui. Mathéo était là, à faire les cent pas… Apparemment il ne tenait pas sur place lui non plus.

- Salut Amber … Ca va bien … Ça te dit un voyage en première classe pour le pays des bisounours ?

La Gryffondor fit les gros yeux. Est-ce qu’il venait de parler tout seul ? Est-ce qu’elle avait bien entendu ? Elle se retint de rire, pour ne pas annoncer sa présence, essayant de garder son calme. Amber ne l'avait jamais vu dans cet état, il était mignon comme ça... Restant un moment dans les escaliers, elle ne voulait pas s’avancer avant vingt heures trente, attendant tout en surveillant sa petite montre en relevant la manche de son manteau. Aiguille sur le six romain. Elle se montra enfin. Un rougissement mal contenu vint colorer ses joues quand elle commença à marcher, tout droit doucement vers Mathéo, qui était adossé sur une rambarde.

Il était de dos, peut-être n’avait-il pas entendu son arrivée. Amber ne savait pas comment l’aborder. Elle s’imaginait mal lui dire « Bonsoir Mathéo… T’as vu je ne suis pas en retard ? » ou encore « Hey, ah il fait froid ce soir. Donc on parle ou on se regarde toute la soirée dans le blanc des yeux et l’on devient des glaçons ? ». Oui, parce qu’elle se doutait bien qu’ils auraient du mal à démarrer le plus naturellement et normalement possible un bon début de discussion.
Et malgré cela, elle eut le genre d’approche dont le jeune homme allait surement se moquer… L’approche maladroite et absurde :

-Mathéo ? émit-elle timidement.

[Non sans blague… Comme si ça pouvait être quelqu’un d’autre. J’aimerai bien t’y voir toi… Ah ah.]

Elle s’avança tranquillement vers la rambarde, posant ses mains dessus et se mettant ainsi à côté de lui. Première chose, assumée la gêne qui l’étreignait :

- C'est une étrange situation, n'est-ce pas ? murmura la Préfète en contemplant le merveilleux paysage nocturne qui se dévoilait sous leurs yeux, sans oser tourner ses mirettes vers lui de peur de se laisser déstabiliser par son hypnotisant regard émeraude.

La nuit était assez douce et calme sous le ciel mélancolique. Des éclats d’opale et d’or émanant des étoiles et de la Lune délavaient la majesté des cieux.

-Ça va, je… ne t’ai pas fait attendre ? reprit-elle ensuite timidement.

[ Bravo Amber, niveau démarrage de conversation tu gagnes le premier prix ! Arrête de te moquer… Hé…Au fait… Pourquoi il a parlé de bisounours tout à l’heure … ? J’aimerai bien savoir… Mais si je lui demande, j’ai peur de l’énerver. Je veux surtout pas qu’il croit que je l’espionnais.]

Un sourire. Rien que ce simple sourire lui remua tout son sang. Elle rougit. Heureusement la nuit était déjà bien là, et cachait ses flammes roses qui montaient à ses joues. C’était en elle, un bonheur, un embarras délicieux, où son premier effroi de se retrouver face à lui se fondait. Tout avait l’air d’aller bien pour le moment. Pourvu, pourvu qu’il ne se passerait rien de fâcheux. Amber se demandait maintenant s’il allait se décider à parler, non pas qu’admirer le paysage qui se dévoilait sous ses yeux l’ennuyait mais ils étaient quand même là pour discuter, non ?

Petite regard en coin, cœur battant, elle l’entendit inspirer puis expirer très peu discrètement. Ce qui avait réussi à faire appréhender Amber sur ce qu’il s’apprêtait à lui dire.

[Je l’ennuie déjà ou… ?]

-Écoute, je suis …

Cette fois-ci elle osa, enfin, tourner légèrement son regard vers lui, les yeux pleins d’attente, qu’il arrêtait de laisser ce suspense insoutenable et qu’il parle par pitié.

-Désolé pour l’autre jour. J’ai vu que cela t’avait fait du mal. Ce n’était pas du tout le but …

Heureusement qu’Amber n’était pas en train de boire quelque chose sinon elle en aurait recraché tout le contenue ou avaler de travers. Mathéo venait de… s’excuser ! La rouge et or fut tellement retournée par ces simples paroles, qui avaient surement dû être un véritable exploit pour le jeune homme, qu’elle ne répondit pas à l’instant. Un léger sourire se dessinait sur ses lèvres. Ces paroles l’avaient enveloppé avec ce bonheur que l’on ressentait lorsque sur une plage une vague tiède venait s’échouer sur vos pieds nus. Mathéo avait du avoir du mal sortir cette phrase, ça se voyait, mais même s’il y avait eu quelque maladresse dans son excuse, elle ne lui en voulait pas. Et d’ailleurs elle ne lui en avait jamais vraiment voulu, c’était simplement…

-Ce n’est rien… Vraiment, débuta-t-elle sur un ton hésitant mais qui se voulait rassurant.Tu n'as pas à t'excuser.

[C'est sur que tous les garçons du château rêvent de dire "J'ai passé une nuit avec Rebecca" au moins une fois dans leur vie... Tais-toi!]

En effet ce n’était rien, pourquoi se morfondre sur le passé ? Ne fallait-il pas regarder vers l’avant ? A quoi bon se ressasser des évènements qui n’avaient plus lieu… Et puis, après tout, il faisait ce qu’il voulait, et c’était bien avant qu’ils se rencontrent. Et puis n'avait-elle pas elle aussi eu quelques relations aussi auparavant ? Alors à quoi bon lui en vouloir ? Non ça n’était pas Mathéo qui lui avait fait du mal en réalité. Ce qui l’avait blessé c’était le manque de tact de Rebecca, surtout que ce jour-là, ça n’était vraiment pas le moment pour lui parler d’une chose pareille. Que lui était-il donc passé derrière la tête ? Parfois Amber se demandait comment pouvait-on être aussi machiavélique et ressentir ce vif besoin de faire du mal aux autres ? Comme le monde pouvait être étrange. D’abord nourrisson, on ne demande pas à être sur terre, et voilà qu’on tombe dans ce monde où seul la haine et l’amour règne en maitre. Et l’on grandit, l’innocence et la naïveté vous quitte et alors vous devenez ce que vous êtes. Diabolique ? Bienveillant ? Sans cœur ? Généreux ? Orgueilleux ? Tant de caractères opposés et pourtant si liés si l’on y réfléchissait bien.

-J’ai juste été surprise, c’est tout, murmura-t-elle en détournant son regard, baissant les yeux. Enfin, reprit-elle vivement, je n’ai pas compris le but de Rebecca en me disant cela. Je suis pourtant sure ne rien lui avoir fait… A moins que ce ne soit parce qu’elle est encore intéressée à toi et qu’elle voulait que je m’approche plus de toi.

[Moi je cocherai plus sur la case "Je suis une sal.pe et j'ai envie d'énerver mon monde..." ou "J'ai pas d'amis donc il me faut des ennemis". Quand tu auras fini de me sortir des sottises surtout dis-le moi...]

Mathéo eu un rictus à l’entente de la dernière remarque d’Amber. Il semblait ensuite en pleine réflexion, peut-être face à cette éventualité que le rouge et or avait dit… Amber, elle, n’avait plus envie d’y penser, elle n’osait pas se tourner complètement devant lui pour lui faire face. Pourquoi ? C’était si difficile à savoir, et pourtant si simple… Il était juste là à côté d’elle, et elle s’obstinait à chercher la raison pour laquelle elle ne se décidait pas à lui lancer à la figure tout ce qui bouillonnait en elle depuis le jour où elle s’était sentie attiré par lui.
Une petite bourrasque de vent fit virevolter ses cheveux. Replaçant une mèche qui gênait son champ de vision, elle se rendit compte qu’elle avait sans cesse l’occasion d’admirer ce magnifique paysage si elle le désirait et qu’elle était là pour autre chose. Parler avec Mathéo. Tiens ? Pourquoi est-ce qu’elle avait l’impression qu’il s’approchait de plus en plus d’elle, lentement, et tellement lentement que son cœur se mit à battre de plus belle. Et ce sourire qui ornait son si beau visage était si déstabilisant. Il ne la quittait pas des yeux, son regard émeraude était si ensorcelant qu’elle se sentait incapable de le lâcher du regard. Amber se sentit alors brutalement poussé contre le mur. Serrant ses poignées, les bras tendus le long de son corps, elle était totalement inapte à réagir et se perdait dans son regard magnétique, dans son si beau sourire, dans son irrésistible parfum qui l’enveloppait. Mathéo était maintenant près d’elle, beaucoup trop près. Elle pouvait percevoir sa chaleur, leur champ magnétique fusionner. Les battements du cœur de la jeune fille s’accéléraient, et le fait de regarder ses lèvres qui l’attiraient n’arrangeait rien.
Nuit, l’éveil des désirs…

Plus que mystérieux Mathéo était énigmatique. Cachant un caractère sibyllin qu’il était difficile de savoir réellement ce qu’il pouvait penser ai fond de lui-même. Le Serpentard, dans son élan ensorceleur ne la quittait pas des yeux, un nouveau sourire orna ses lèvres. Amber resta figer. Toujours cette manie chez les hommes de déstabiliser les femmes. Même Mathéo apparemment. Et comme pousser par une envie irrépressible, Mathéo se saisit des lèvres de la jeune fille, qui, prise par surprise ou presque, le laissa, desserrant la pression qu’elle avait sur ses mains. Fermant ses yeux pour savourer ce bref mais voluptueux moment.

Il s’était retiré rapidement, se passant une main dans les cheveux, tournant ensuite le dos à la Gryffondor. Elle, encore légèrement sonné, ouvrit doucement ses yeux, essayant de retrouver peu à peu ses esprits. Qu’est-ce qu’il lui arrivait ? Pourquoi est-ce qu’elle avait l’impression de ne plus être la même dès qu’elle se trouvait avec lui ? Elle était perdue. Et il semblait l’être autant qu’elle.

-C’est ta faute !

Elle cligna plusieurs fois ses mirettes ? De quoi ? Qu’est-ce qui était de sa faute ? Elle ne comprenait, pas restait indécise.

- Tu m’as complètement détraqué, tu m’as rendu accro, tu m’as …

L'emportement du jeune homme laissa perplexe la demoiselle qui sursauta sous le ton de sa voix qui s'élevait. Encore en train de s'interroger sur sa réplique précédente, elle ne savait plus quoi dire, ni quoi penser. Et quoi ? Il continuait à enchainer sur une autre qui plongea manifestement la rouge et or, davantage, dans l’interpellation. Que voulait-il par-dessus tout transmettre en s’exclamant ainsi sans aucune explication concrète qui pourrait donner une piste à Amber qui n’avait aucune idée de ce qu’il racontait. Cependant l’évidence était céans, pas besoin de se poser encore des questions qui n’aboutiront finalement à rien et qui ne la feront que retourner au point de départ… Mathéo ... Était-il en train d’avouer qu'il portait une effusion sérieuse envers Amber ou était-ce simplement une espérance ?

Il se tourna cette fois pour lui faire face, ses mains tremblaient, ses yeux brillaient, semblaient voilé par des larmes... Non c'était impossible. Impossible. Amber ne pouvait pas croire qu'elle pouvait le mettre dans cet état. Tout devenait tourbillon dans son esprit.

Alors pourquoi tu es là, pourquoi tu t’es intéressé à moi ?

La situation, plus qu’étrange commençait à devenir, et submergea la jeune fille dans le doute.. Était-il en train de se blâmer de l’avoir rencontrer? Était-ce une faute de tomber sous le charme puissant [Bah quoi ? Oui oui puissant xD.] de la rouge et or?

Pourquoi tu existes …

Une question que la Gryffondor se posait délibérément elle-même. Mais depuis que le monde est monde, l’homme n’a jamais cessé de se poser cette éventuelle question qui semble être un besoin vital à savoir. Cependant quand quelqu’un vous le demande lui-même, la raison de votre existence. Quelle peut être la chose à penser dans un moment si délicat… a-t-elle elle-même choisit d’apparaitre dans la vie de Mathéo ? Leur rencontre c’était-elle faite dans un hasard innocent?
Plus noir que noir, Amber sombrait dans la noirceur des ténèbres, là où les humains se demandent tant de choses à laquelle ils savent qu’ils n’auront jamais de réponses… Que dire désormais … Une phrase, un mot, un geste, un signe. Quoique ce soit tous pourraient bouleverser et briser ce fil qui liait encore Mathéo et elle. Le silence aussi saurait faillir cette relation qui tient encore son cours. Mais si dire ou ne pas dire amènerait à pire, qu’elle serait la chose à faire comprendre ou à relater après ce que venait de dire Mathéo?

Un silence …

- Peut-être parce que… c’était écrit. Peut-être parce que c'est toi et ça ne pouvait être quelque d'autre.

Un geste …

- Il ne faut pas regarder le passé Mathéo, enchaina-t-elle en s’approchant doucement de lui sans pour autant être trop près.

Une phrase …

- Et j’existe parce que l’on devait se rencontrer.

Il avait pendant tout le temps qu’elle avait parlé évité son regard. Avait-il donc peur à ce point de la regarder dans les yeux ? Et ses larmes qu’il tentait si difficilement de contenir. Elle avait du mal à croire qu’il avait réellement les larmes aux yeux. Et dire qu’elle s’était imaginé qu’il était insensible. D’apparence plutôt sérieuse et secrète, il était dur d’imaginer qu’il pouvait ainsi Amber avait maintenant les yeux baissés, elle non plus n’arrivait plus à affronter son regard qui l’évitait.

-C’est un sentiment destructeur … avoua le jeune homme à voix haute en la regardant enfin tandis qu’Amber avait relevé les yeux vers lui en sursaut.

Destructeur. Oui c’était le mot. Et Amber devait l’accepter même si cette vérité était profondément déchirante, elle ressentait exactement la même chose. Mais quel était réellement ce sentiment ? L'amour serait-il donc une porte que l'on ne pourrait franchir, pour mieux en souffrir, que nous vaudrait ce malheur si l'on en croyait être un bonheur.

Mais alors… S’il parlait de sentiment… C’est qu’il éprouvait bien quelque chose pour elle. Amber se sentit soudainement défaillir d’un trop plein d’émotion. Était-ce donc une façon détournée de lui avouer qu’il y avait quelque chose ou était-ce lui faire involontairement espérer que l’aimer était néfaste ?

Mathéo se recula de quelque pas, un mur l’arrêtant, se laissant alors glisser le long de celui-ci, il tomba sur le sol. A présent assis, jambes croisé, il ne la regardait plus et avait ses yeux rivés sur le sol.

-Ça devait pas se passer comme ça … Je croyais que j’y avais pas le droit … finit-il pas lâcher dans un murmure.

Il y eut un silence. Le premier murmure du jeune homme venait de laisser Amber dans le doute. Ça ne devait pas se passer comme ça… Est-ce qu’il regrettait de l’avoir rencontré ? Ou disait-il cela parce qu’il aurait préféré que ça se passe autrement. C’était comme un blanc entre lui et elle, et Mathéo fuyait de nouveau son regard. Il croyait qu'il n'y avait pas le droit... Mais pas le droit à quoi ? Les pensées de la Gryffondor, toutes ses interrogations commençaient à déferler dans son cerveau en ébullition et prêt à exploser.

Bien qu’antagonistes, ils pouvaient se détester, comme les toutes premières fois où ils ne s’entendaient pas, cela aurait pu continuer ainsi. Et pourtant non. Il y avait entre eux comme un désir de ne point se perdre l’un et l’autre. Comme si un lien entre lui et elle se forgeait au fur et à mesure qu’ils se parlaient et se revoyaient. Dans un hasard toujours aussi surprenant. Comme si chaque fois qu’ils se croisaient, c’était au moment où il le fallait. Amber ressentait ceci. Mais lui… Que cachait-il réellement ? Le hasard est un évènement imprévisible… Qui aurait pensé qu’ils se retrouveraient si étroitement lié par ce fil invisible et pourtant si fragile qui était capable de se briser d’un moment à l’autre ?
Toujours debout, Amber n’avait pas bougé, bras croisés, une main jouant nerveusement avec son pendentif, les yeux baissés, elle ne savait pas vraiment quoi répondre. Elle ne savait plus.

Un pas en avant, hésitant, puis un autre. Amber s’adossa pareillement au Serpentard contre le mur pour s’asseoir également, laissant cependant un mur illusoire entre lui et elle pour se tenir à distance. Mais, bien que Mathéo fût quelque peu éloigné, elle pouvait le sentir se mouvoir furtivement au moindre mot qu’il prononçait.

Un nuage de silence s’installa de nouveau entre eux. Amber était plongée dans un moment d’indécision presque infini. Une peur, la crainte que la moindre parole prononcée pourrait aggraver la situation. Ses yeux étaient perpétuellement baissés, son visage si rougit par l’émotion qui s’exprimait dans son regard absent. Mais elle fut vite éveillée de sa pensée - quelconque fut-elle- quand son regard décida de se tourner vers Mathéo et que les battements du cœur d’Amber, d’une forte pulsation, semblaient vibrer en elle d’une manière si vigoureuse qu‘elle en crut le jeune homme capable de les entendre, ce qui lui fit aussitôt se raviser et regarder ailleurs.

Tout n’arrivait-t-il que par hasard ou l’avenir était-il irrévocable ? Peu importe. Au diable la distance et les interrogations ! S'en était assez. La jeune fille s'élança vers Mathéo, tombant sur son torse, serrant de ses mains son vêtement [Je sais pas si c'est une veste, un manteau, je sais plus xD] , les yeux fixés dessus.

-Pourquoi… Pourquoi faut-il toujours que tu compliques tout… ?! s’exclama soudainement la jeune fille dont la voix était légèrement frémissante en levant son regard pour le forcer à la regarder.

Ce qu'elle venait de dire était complètement absurde vu qu'elle était aussi compliqué que lui... Mais ça n'était pas important, ça ne l'était plus vraiment.

C’était trop tard. La tentation était beaucoup trop forte et l’embrasait déjà. Le visage de Mathéo l’ensorcelait tel une convoitise endiablée . Quelque chose de brûlant qui lui courait dans les veines comme une fièvre. Et dans un élan passionné, elle l’embrassa. Cette nuit, elle avait enfin laisser passer l’éveil des désirs qui l’étreignaient... Et tout en entrainant ses bras autours du jeune homme, elle continua et ne rompit ce baiser.. D’amour ? Qui sait. Volé ? Oui, une fois de plus. Rouvrant ensuite lentement ses yeux, elle se détacha de ses lèvres, laissant quelque centimètres en leur visage, et sans pour autant bouger de sa position.

-C'est vrai, c'est compliqué... Mais ça m'est égal,murmura-t-elle dans un souffle en plongeant davantage son regard ambre dans le sien.

Rien de plus déstabilisant que de le voir fermer les yeux. Mais pourquoi s'obstinait-il à ce point à éviter son regard ? Elle n'allait pas l'envouter... Ses yeux ambres n'avait rien d' hypnotisant ou quoi que ce soit d'autre lui semblait-il... Amber avait maintenant les yeux baissés sur son vêtement, les poignets toujours resserrer sur lui, attendant un signe de vie... Enfin un mot quoi, enfin n'importe quoi. Bon par contre, Mathéo commençait à être pris encore une fois d'un assez long mutisme, Amber allait finir par croire qu'à chacun des mots qu'elle prononçait devant lui, cela lui coupait la langue pendant un moment..

-Je ne suis pas le même quand je suis avec toi …

La jeune fille écarquilla légèrement les yeux, elle n'était pas sûre de comprendre, et elle ne voulait pas non plus se faire de vaines illusions. Est-ce qu'il voulait dire par là qu'il changeait en la présence de la Gryffondor, mais alors... Était-ce en bien ou en mal ? C'était si difficile de déceler la moindre de ses pensées. Chacun de ses mots, phrases ou gestes la plongeait dans une totale incompréhension, Mathéo était aussi énigmatique que ce qu'il disait ou faisait.
Maintenant, le Serpentard la regardait, quelques instant seulement, avant qu'il fasse la chose la plus improbable devant elle. Mathéo jeta un coup d’œil sur sa montre, ce qui fit hausser un sourcil à Amber, est-ce qu'il le faisait exprès ou était-ce parce qu'il s'inquiétait de rentrer tard aux dortoirs... ? C'est vrai que l'heure du couvre feu devait être à présent largement dépassé. La Gryffondor ne craignait rien, elle était Préfète mais Mathéo non. Il aurait donc été égoïste de sa part de le retenir plus longtemps mais tout de même, Mathéo exagérait.
Enfin... Elle ne lui en voulait pas, c'est peut-être ce qu'elle aimait chez lui après tout... Le fait qu'il soit si maladroit. C'était en parti ce qui faisait son charme. Elle se retint quand même de rire, gardant le plus possible son sérieux.
Le jeune homme se mit à se relever, prenant la jeune fille par les mains pour l'aider à se remettre sur pied également. Sans un mot, Amber se laissa faire, essayant le plus possible de garder son rythme cardiaque le plus calme possible mais sans succès.

-Je t'...

Des millièmes de secondes qui parurent interminables, et des battements de cœur incessants qui semblaient ne plus pouvoir s'arrêter.

… Apprécie beaucoup Amber !

Déclara Mathéo pour finir avant de lui déposer un léger et rapide baiser sur les lèvres. Alors là c'était le bouquet final le plus inattendu de toute son existence, le pire dans tout ça c'est qu'Amber était tellement abasourdie, qu'elle restait figée, clignant plusieurs fois ses mirettes. Il l'appréciait... beaucoup. Il l'appréciait et après il l'embrassait ? Il y avait de quoi être largué complètement. Doucement il la laissa, lui lâchant la main qu'une fois qu'il fut trop éloigné. Un dernier sourire vers Amber avant de disparaitre dans les escaliers, laissant la rouge et or, une fois de plus, perdue dans ses pensées et totalement prise au dépourvu.
Que devait-elle penser à présent ? Il l'appréciait beaucoup... Beaucoup. Comme une simple amie ? Ou était-ce plus que cela ? En même temps Amber ne s'amusait pas à embrasser ses amis, elle se voyait mal embrasser Klaus par exemple... Les paroles du Serpentard résonnaient encore dans sa tête et subsista alors la confusion chez la jeune fille… Qui n’avait toujours pas bougé d’un pouce soit dit en passant.

-Qui es-tu ? Toi qui fait battre mon cœur ? murmura-t-elle songeuse avant de s'avancer à son tour doucement vers les escaliers, un radieux et petit sourire ourlant ses lèvres.