La soirée devenait étrangement amusante, prenant des airs nouveaux. Les sourires bien trop souvent intérieurs devenaient alors peu à peu public, vu par les yeux de tous, exprimant sans doute une joie certaine, une joie étonnante. Il venait de déclarer des propos sans réellement réfléchir, mais il savait quel effet cela aurait auprès de la serpentarde...
Mais la toute première réaction fut plus surprenante :

– Qui est-ce que tu t’es tapé l’autre soir Woody ?

Moreno en chair et en os, et qui venait de lui adresser la parole. Contre toute attente, Jake arbora un sourire à la place de ces intempestifs envies de meurtre. Il lui était même reconnaissant, mais ce sentiment, jamais personne ne connaitrait son existence. Il venait d'envenimer un peu plus les choses, et il ne faisait que contribuer dans son but de façon inconsciente.

*Demande à duchâteau, elle saura sans doute mieux te répondre que moi ...*

Il ne cessait alors de la fixer, laissant ainsi les trois organisateurs de la soirée partir, pour être par la suite suivie par un clone de Mcmillan qui hurlait des choses totalement surprenantes. Puis, la suite des évènements s'enclenchèrent de façon simultanée.

- On se voit plus tard ?

Elle venait d'embrasser son semblable sur la joue, ce qui provoqua un léger sourire sur les lèvres de Jake, qui fut d'autant plus renforcé quand celle-ci le frôla pour lui offrir un coup de coude qui se voulait violent mais qui n'en ressortait pas plus douloureux. La suivant du regard, celle-ci semblait suivre le trio comme un chien fidèle et obéissant. Seulement, Amber l'interpella afin de ... l'enlacer? Avait-elle déjà abusé de boisson alcoolique pour avoir des élans frénétiques d'amour tels que celui-ci?
La belle gryffondor se dirigea alors vers le serdaigle qui ne pouvait s'empêcher de contenir sa surprise ... C'était comme si ... comme si la belle préfète avait parcouru son esprit afin d'y déceler une envie de la voir en cette soirée joyeuse. Elle l'enlaça, réalisant la même procédure qu'avec la serpentarde quelques secondes auparavant, murmurant quelques mots, puis elle s'éclipsa de façon légère, lui laissant deux parchemins.

Tourmenté par de nombreuses questions, il resta impassible durant quelques secondes, fixant la silhouette d'Amber qui devenait de plus en plus compliquée à apercevoir, pour enfin, ne plus la voir. Détournant son attention sur le parchemin, il hésita quelques instants, perdurant encore dans ce brouillard épais et blanc.

Silence complet dans son esprit. Il relut la lettre une seconde fois, et c'était d'autant plus douloureux que la première lecture. Les mots lui transperçaient le cœur, et envenimaient sa colère naissante, ou plutôt son incompréhension douloureuse et furieuse. Mais ce qui le laissait encore plus perplexe, c'était cette phrase : "car tu ne voudras peut-être pas me rendre visite chez moi, enfin j'imagine... " Comment pouvait-elle insinuer une telle chose?! COMMENT? IL bouillonnait, mais essayait en vain de se contenir pour ne pas exploser en public ... De la haine, de la douleur, de la tristesse, de la colère, ... du sang. C'était comme si son cœur saignait pour ne plus jamais s'arrêter. Ses yeux qui pourtant semblaient être imperméables ne réussirent pas à dompter quelques larmes qui sans doute étaient beaucoup trop puissantes.

Quittant la soirée en furie, tout ce qui traversait son chemin se retrouvait catapulté vers d'autres directions dans un élan violent et peu rassurant. Il ne pensait plus, comme toujours, ou presque. Et la douleur qui se faisait si intense, semblait éternelle et indomptable. Il venait de réagir exactement de la façon dont Amber avait prédit les choses. Mais ce qui le rendait plus que dingue ... c'était ce silence, cette vérité gardait secrète. Elle n'avait rien dit ... le laissant ainsi dans une sombre fumée noire. Comment avait-elle osé?

Sans comprendre, il se retrouvait dans le château, seul en compagnie du silence, disposé à mieux réfléchir... Lui aussi c'était permis ça il y avait quelques années ... Non ... Se vengeait-elle donc? Non, ce n'était pas possible, jamais elle n'aurait était capable d'une telle chose ... Et si ... si c'était la réalité?
Les pensées fusaient dans son esprit, et elles étaient si floues et peu mesurées qu'au bout du compte, il ne savait plus quoi penser, ni quoi faire hormis errer dans les couloirs, qui étaient aussi froids que lui. Son cœur déjà bien abimé se retrouvait émietté et presque inanimé.

Une lueur d'espoir inutile transperçait son cœur, lui laissant un agréable sentiment, celui d'un mauvais rêve, qui dès demain serait alors oublié puisqu'elle serait là, à ses côtés, riant, et débattant encore sur le serpentard idiot. IL y croyait, il voulait plus que tout se persuader de cette réalité, que dès demain, elle serait là, et que ce n'était qu'une mauvaise blague puérile, rien que ça ...

Mais malgré cet espoir ... tout était très clair ... Elle les avait enlacés, la serpentarde et lui, parce qu'elle savait qu'elle s'en allait ... Pincement au cœur. Ce qui signifiait que la jeune fille se retrouvait dans la même situation que lui, probablement étonnée, mais surtout détruite. Étonnement, une envie d'être avec elle le parcouru... Sans doute parce qu'elle savait ce que Jake ressentait également ...
Partant à sa recherche, mais se laissant croire qu'il voulait simplement se changer les idées, il finit par la trouver, recroquevillée sur le sol, froide. La dévisageant durant quelques secondes, il se tourna vers la fenêtre, scrutant ainsi l'extérieur.
La tête entre les mains, un soupir peu fréquent sortit d'entre ses lèvres, suivit d'un long silence. Une vague soudaine de stresse et de colère se fit ressentir, si bien que ses mains commençaient tout juste à trembler ... Puis une envie irrésistible de fumer, à laquelle il s'empressait de répondre. Saisissant son briquet dans sa poche, il l'alluma, laissant encore son regard s'égarer dans le vide.

Jamais il n'avait fumé aussi rapidement. Il venait à peine de l'allumer qu'elle se trouvait déjà à moitié consommée.
Le dos toujours tourné à la jeune fille, il restait impassible, mais la douleur était belle et bien là. La colère se faisait moins intense, mais elle n'était qu'endormie, et elle se réveillerait, tôt ou tard, pour de nouveau éclater.

-Ils sont en train de s'éclater alors que nous ... Enfin.

Soupir. Avait-il perdu sa capacité à s'exprimer de façon fluide? Ou était-ce simplement la réalité? Il ne savait plus ... non il ne savait plus rien, ni ce qu'il était. Lui qui d'ordinaire était si froid, subissait aujourd'hui la douleur, le sentiment duquel il s'était tant donné de peine à vaincre ... Mais ce soir, il était hors-jeu, battu, et faible. A découvert, simplement. Il n'était plus maître de lui, il n'était plus le roi de son être. Il était complétement dépassé, il était tout juste en train de se noyer dans un océan déchaîné.

- ... Je ... J'arrive pas à le croire. Comment a-t-elle pu nous laisser ... Comment?

*Je t'en prie Amber ... Dit moi, dit nous que ce n'est qu'un cauchemar ... Dit le nous ...*

Désespoir, personnel, mais aussi commun probablement. C'était la première fois qu'il ressentait le sentiment de la comprendre, de comprendre cette serpentarde qui tant de fois l'avait laissé dans le néant. Si bien que quand il la regardait, il avait l'impression de se voir dans un miroir.
Se retournant face à elle, il la fixa, voulant renouveler cette éternel défi qu'était de baisser les yeux en dernier.

-Tu sais ... Tu peux penser ce que tu veux de moi, peu m'importe. Tu peux me détester, ou même ...

*... m'aimer?*

Se rendant compte qu'il commençait à s'égarer, il détourna le regard en premier et tenta de se remettre les idées en place.

-Enfin ...même si cela parait improbable, j'ai un cœur... Et je suis capable d'aimer.

*Tout comme détruire ...*

Rire intérieur. Mais que faisait-il au juste? D'après ces souvenirs, il n'avait pas bu à la soirée, et de ce fait, il était entièrement sobre ... A moins que la perte de mémoire en était responsable. Entamant une seconde cigarette, il la consumait tout aussi rapidement que la première, voulant être détendu, et non raide comme une baguette.
Seulement, il savait pertinemment, que cette fois-ci, il ne pourrait pas refouler ce qu'il éprouvait ... Non, il serait dans l'obligation de subir, et simplement d'accepter.

La jeune fille restait calme comme l'eau d'un lac, mobile et tranquille. L'accord devait donc être de la partie ... Pour une fois que tous deux se retrouvaient sur une même pensée...
Il restait immobile, attendant un signe de vie quelconque de la part de la serpentarde qui semblait justement ne plus vouloir vivre, tout comme Jake. C'était comme si une partie de lui venait de mourir sur un champ de bataille violent et sans pitié. L'angoisse, la terreur, la colère, se mélangeaient au sein de son être, et l'amenaient à une situation de confusion profonde.
Il se sentait comme de la pierre, incapable de penser et d'éprouver, sauf que c'était tout le contraire. Il n’avait jamais autant éprouvé de sa vie en si peu de temps. Et malgré cette souffrance, il perdurait de croire en cet espoir, qu'était le cauchemar. Seulement, tout semblait réel, et matériel. Le cauchemar n'était donc pas un conte ... mais bien une réalité.

La gêne venait également s'ajouter au mélange de sentiment noirs. Il ne savait plus ce qu'il disait, sans doute trop perturbé et étonné de ce départ soudain. La jeune fille daigna alors enfin se relever, pour enfin se rapprocher de Jake après être restée quelques secondes contre le mur. Son regard suivait à la trace sa progression, pour enfin constater que la jeune fille venait de rejoindre l'activité à laquelle Jake faisait semblant de participer.
Contre toute attente, la jeune fille qui paraissait bien triste, saisissait la cigarette de la bouche du jeune homme pour l'apporter à ses lèvres.

- C'est mal de fumer.

Il l'observait, silencieux, avec un sourire aux lèvres de courte durée, trop faible pour vaincre le reste de ses ressentis.

- Pourquoi tu me dis tout ça ?

Cette fois-ci il rit, se trouvant tout à fait ridicule d'avoir déclarer de tels propos à une fille. Reprenant son bien d'entre les lèvres de la serpentarde, il ne se gêna pas pour lui souffler toute la fumée blanche à son visage, voulant une fois de plus la provoquer.

-C'est mal de faire la morale.

Puis, l'ultime déclaration de la jeune fille le laissait quelque peu dans l'incertitude, et l'envie de ne fournir aucune réponse le hantait. Seulement, il savait pertinemment que la jeune fille exigerait une réponse, et ne pas lui répondre aurait été vu comme une faiblesse.

- Et pourquoi ne devrais-je pas te dire tout ça? Il me semble que tu avais plutôt une image négative de moi ... Et j'aimerais que l'on ..

Un regard furtif vers la Serpentard, aussitôt redirigé vers le vide.

*Que l'on quoi?*

- Enfin, Amber t'aime bien.

Comment se mentir à soi même? Jake ne cessait de le faire, et d'autant plus en présence de la jeune fille, continuant incessamment de se faire croire le contraire de la vérité. Il savait qu'au fond de lui, ce qu'il souhaitait était une absurdité, seulement, l'accepter était davantage compliqué, seul le renier était envisageable, seul camoufler était possible pour le jeune homme. Davantage gêné, il ne trouva comme seul issue que de soupirer, tout en détournant le regard et se penchant sur sa cigarette, avant de la passer à la jeune fille qui sans doute réagirait de façon ... néfaste?

Tout deux semblaient dévier le sujet qu'était Amber, un sujet devenu douloureux, et peu joyeux dorénavant. Chose qui au fond n'était peut être pas plus mal ...

Elle empêcha un rire qui portait un double visage, qui tantôt lui procurait un sentiment positif, tantôt négatif, si bien qu'il ne savait plus quoi penser une fois de plus de la situation. Ce soir, il semblait hors de Poudlard, dans des contrées plus lointaines, où le trouble était répandu, si bien que la population ne savait pas, ne savait plus comment réagir face aux absurdités. Il était dans cette même et unique situation. La moindre des choses semblaient alors devenir plus complexe que d'ordinaire, moins simple, et d'autant plus étrange.
La jeune fille saisissait alors la cigarette que le jeune homme lui avait si gentiment tendu, pour enfin la laisser tomber de façon volontaire sur le sol, et la piétiner sans scrupule. Cette scène il l'avait observé minutieusement, fixant par la même occasion la jeune fille, de nouveau impassible. Elle venait de lui bousiller sa cigarette. Pour une fois qu'il s'avérait partageur, on refusait son présent. Mais où allait le monde? Question ridicule.

- C'est mal de fumer.

Affirmation ridicule qui paraissait ne plus vouloir quitter l’extrémité des lèvres de la serpentarde. Mais quel âge avait-elle? Et pourquoi tant d’inquiétude vis-à-vis de lui? Après tout il n'était rien pour la belle jeune fille, il n'était sans doute qu'un passe temps, mais aussi le meilleur ami de sa meilleure amie, et ça, c'était inévitable.

- C'était pas ma question. Mais si tu insistes, tu veux savoir pourquoi j'ai une mauvaise image de toi, Jake ? Tu me contraries sans arrêt, tu viens toujours tout gâcher, tu... Tu fais toujours exprès de m'énerver, de me provoquer et apparemment, je suis trop stupide pour t'en vouloir. Tu fais semblant de ne pas avoir de cœur mais tu viens de me prouver le contraire. Alors s'il te plait, ne me dis pas que j'ai tort.

Sa déclaration lui restait en travers de sa trachée ... et elle, elle soupirait, simplement. D'ordinaire, Jake aurait probablement fait preuve d'une très grande maîtrise de soi, ô oui, mais cette fois-ci, tout ce qu'il ressentait, était tout sauf de la colère.

- Et merci de l'info, je crois qu'elle t'aime bien aussi.

Sourire aux lèvres qu'il pouvait percevoir sans trop de difficulté.
Décidant de laisser parler le silence durant quelques instants à sa place, il la fixa durant un instant, puis détourna son regard vers sa cigarette qui avait rendu l'âme par la faute de celle qu'il épiait, pour ensuite déporter une seconde fois son regard sur la jeune fille.

-Alors dois-je comprendre que tu possèdes de l'argent de poche en abondance? D'abord ton T-shirt ... et maintenant. Parce qu'il va de soit que tu me dois une cigarette désormais.

Encore un défi, mais c'était comme si la taquiner était un désir rude. Pas parce qu'il voulait son malheur mais plus parce qu'au fond de lui, il l'appréciait, et ce malgré lui. Il n'avait pas dit ça parce qu'il était radin, mais seulement parce qu'il ressentait l'envie de la provoquer ...
Puis, repensant à sa tirade, il adopta une énième fois ce visage impassible et dur. Alors ... elle l'appréciait malgré elle? Ou le détestait-elle? Confusion. C'était étonnant, et surprenant, comme si elle ressentait les mêmes choses que lui. Simplement peut être parce que c'était le cas ... Mais il était dans l'incapacité même de se taire, et de ne pas répondre à ses propos qui sonnaient comme une légère provocation. Mais ... elle n'avait pas tort.

-Tu n'as pas tort, c'est vrai ... Tu as même raison. Je t'embête, et ça à l'air de faire son effet. Mais laisse moi rire ... Et toi dans tout ça? Qui a fait preuve d'une trop grande curiosité envers moi? Le pape peut être? Mais je n'arrive pas à t'en vouloir.

Il jouait sur les mots, employant les mêmes que la belle, mais pas uniquement pour faire preuve de répétition, mais parce que lui aussi ne parvenait pas à lui en vouloir pour cet acte.

-Et ce n'est nullement ma faute si ... si tu ne cesses de m'offrir des opportunités pour te taquiner, si l'on peut dire ... Tu préférerais peut être que je ressemble à un bisounours tout innocent et beaucoup trop stéréotypé?

*Ou même à ton serpentard?*

Ah non, autant pour moi, je crois que tu souhaiterais encore plus que je m'extirpe de ta vie puisqu’apparemment je gâche tou-jours tout.
Hé bien, excuse moi mais je ne suis pas cette personne que tu aimerais que je sois. Pour toi, je suis seulement un simple et insignifiant crétin qui n'arrive pas à te détester, c'est ça?

Vulnérable, il l'était, si bien qu'il déclarait des propos qui révélaient quelques unes de ses faiblesses, comme l'efficacité des dires de la jeune fille.
Regard rivé dans ses yeux clairs. Ses propos l'avaient quelque peu blessé, seulement parce qu'il ne savait pas comment les interpréter. Devait-il les recevoir de façon mélioratifs ou négatifs? Dans le désarroi complet, c'était une légère colère qui s'était emparé de lui avant de céder la place à une sérénité surprenante, parce qu'étonnement, ses dires ne le laissaient pas dans l'insignifiance totale.
A ce moment même, son cœur venait de parler, une fois de plus. Il pouvait le nier s'il le voulait, mais certainement pas le cacher. Cette fille, il l'appréciait et il s'était sans doute attaché à elle, ses derniers propos le trahissaient, mais sa voix s'avérait être encore plus révélatrice que ses propos. Il venait d'échouer une seconde fois, se laissant vulnérable face aux actes d'une autre personne que lui même, laissant une fois de plus son cœur entre des mains inconnues. Il ne voulait pas qu'elle parte, pas une seconde perte, et celle qui semblait être insignifiante prenait tout à coup une valeur plus sûre.

Malgré tout ce que venait de dire Jake, elle restait une fois de plus vide, et inexpressive, si bien que ce comportement parvenait à raviver sa colère. Bon sang, mais pourquoi ne laissait-elle pas son visage s'exprimer? Être dans l'incertitude quant aux ressentis des autres était une chose que Jake ne pouvait apprécier. Il ressentait le besoin de savoir ce que ressentait son interlocuteur, non seulement pour ne pas être pris par surprise mais aussi pour mesurer ses réactions. Dépourvu, une fois de plus, et encore une fois face à une fille. Il ne perdait, presque jamais le nord quand il s'agissait de garçon ... mais dès lors qu'il s'agissait de fille, les perturbations devenaient plus fréquentes, bien qu'il tentait de se laisser croire le contraire.

Durant une portion de seconde, il se permit un constat léger. Amber. Le sujet venait d'être complétement dévié, pas parce qu'ils n'éprouvaient rien, mais seulement parce que c'était beaucoup trop compliqué que de l'évoquer, tout en ravivant les plaies bien trop récentes pour êtres un minimum cicatrisées. Amber. Ce prénom résonnait par intermittence dans son esprit, mais seulement lorsqu'il le permettait.
Les deux jeunes élèves semblaient alors entamer une dispute, réglant ainsi leur différent ... mais n'était-ce pas inutile? N'était-ce pas simplement un échappatoire pour contourner la réalité et ne faire durer que le moment où la prise de conscience était encore inexistante? Retarder le moment où le brouillard n'existerait plus?

- Tu oublies que c'est toi qui a fait tomber mon t-shirt par cette fenêtre. Je considère qu'on est quittes.

Il est vrai qu'elle n'avait pas tout à fait tort ... Elle avait même raison. Seulement, contrairement à elle, le jeune homme lui avait proposé de le lui rembourser selon ses souvenirs, et le cas de figure ne comportait aucune ressemblance. C'était soit la vie de la jeune fille, ou celle du T-shirt, et il n'avait pas fallu réfléchir deux fois quant à l'issue qu'il choisirait.
La tête orientée vers Jake, un sourcil froncé, elle s'apprêtait à rétorquer :

- Désolé que tu sois un mangemort, Jake, sincèrement. C'est de ma faute si tu n'est pas capable de protéger ton secret tout seul ? Et quel secret !

Rire intérieur, suivi d'un long soupir d'agacement. Alors elle lui reprochait son camp au final? C'était ça le problème en réalité, ce qu'il était. Un monstre sans doute pour la jeune fille.

- Mais tu vois, c'est ça le problème avec toi ! Tu ne comprends rien. Rien de rien. Je ne veux pas que tu sois une autre personne, je...

*Tu ... ?*

Elle avait haussé le ton, et pourtant Jake s'attendait à des propos contraire à le ton qu'elle avait adopté. Phrase en suspens qui animait la curiosité de Jake. Elle quoi? C'était agaçant que de ne pas savoir la fin de cette phrase, mais il n'avait aucunement le droit de lui faire ce reproche car lui même n'avait pas abouti quelques unes de ses phrases ...
Elle soupirait, et Jake ne s'en retrouvait que plus perturbé.

- Tu sais quoi ? T'as parfaitement raison. Tu es un crétin. Rien de plus.

*Et toi une crétine.*

Cette fois-ci, il resta immobile quelques secondes, fixant une énième fois la fille, droit dans les yeux. Il n'en revenait pas ... Mais enfin de compte, c'était tellement évident. Au final, il le savait depuis le début, il savait que ce serait impossible, après tout il n'y avait qu'Amber pour l'accepter tel qu'il était ... Que croire désormais? Il s'était comporté comme un stupide enfant, pensant pouvoir avoir le droit à d'autres amitiés sincères que celle de l'unique perle rouge qui venait de disparaitre subitement.

-Alors c'est ça le problème enfin de compte ... Ce n'est pas tellement parce que je suis insupportable mais c'est plus parce que je ne suis pas un ange, c'est parce que je suis un mangemort ! Un mangemort !!! Bon sang, mais comment ai-je pu être aussi aveugle que ça?! Comment ai-je pu être aussi idiot? ... Comment ai-je pu croire que tu m'apprécierais? Comment?!

*Tu n'es qu'un immense crétin. On n'est pas dans les films américains bordel. Ouvre les yeux mec.*

Il avait également haussé le ton, parce que ça le mettait hors de lui. Il eut par la suite un instant de recul, comme une machine qui subissait quelques petits bugs. La dernière partie de sa phrase résonnait encore dans son esprit, et manquait de faire basculer son cœur dans une cadence rapide. Il venait de dire une chose effroyable, enfin elle ne l'était pas, mais c'était tout à fait choquant.
Voulant se rattraper, il enchaîna, ne sachant pas réellement le but de ce qu'il disait, il soufflait :

-Mais à quoi ça rime tout ça? Tu sais quoi ... Laisse tomber, je ne suis vraiment qu'un pauvre crétin qui n'en vaut pas la peine, un immense idiot qui a cru à l'impossible.

Soudainement calme, il brisa enfin le contact visuel pour regarder -ou tout du moins faire semblant- un point fixe à l'extérieur qui lui permettait ainsi de ne pas croiser le regard de la jeune fille. Plus la discussion avançait, et plus le sujet de départ se faisait lointain, et plus Jake s'enfonçait dans une boue ravageuse. Pourtant, de tout ce qu'il disait, rien n'était tellement faux en ce qui concernait la jeune fille, mais c'était si surprenant d'entendre de tels propos sortir des lèvres du serdaigle, qu'il ne se reconnaissait plus, et se laissait ainsi croire que la substance contenue dans ses cigarettes n'était pas tout à fait innocente. Seulement, au fond de lui, il savait pertinemment que seul lui était responsable de ses paroles.

La conversation venait vraisemblablement d'atteindre un niveau critique qui sans doute laisserait quelques séquelles, comme un accident terrible. Ils divaguaient tout deux, et ne pouvaient pas concevoir le fait de rester muet face aux dires de l'autre, comme si rester dans le silence s'avèrerait être une faiblesse. Et dire qu'Amber même les avait mené à ça, autrement dit à se disputer à propos d'un sujet probablement douloureux. Mais qu'elle était le sujet en vérité? Penser devenait complexe, si bien qu'aucune réponse ostentatoire ne se présentait. Une vive mélodie composée de fausses notes et d'un tempo rapide.

- Je ne te juge pas. Tes problèmes ne sont pas les miens et si tu fais partis des leurs, alors tant mieux pour toi, je n'ai pas mon mot à dire.

Agacement soudain. De la colère. C'était dont vrai? Les serpentards étaient tous les mêmes, mais davantage les filles. Ces êtres sadiques qui ne semblent vouloir que le mal, abusant de leurs atouts, et surtout, blessant les uns et les autres. Une nouvelle erreur venait de s'ajouter à sa liste qui désormais commençait à prendre de l'allure. La vie le lui avait apprit, mais apparemment, les échecs ne semblaient encore que trop faibles. Il avait d'abord perdu sa mère, qui actuellement n'était plus considéré comme telle, pour ensuite oublier involontairement Savannah. Et maintenant, Amber qui venait de s'envoler dans des terres inconnues, et cette fille, qui venait tout juste de lui faire clairement comprendre la base de leur relation. Mais avaient-ils un seul instant étaient en bon terme? Était-ce là la réelle manière pour interpréter ses dires? Il ne lui restait donc plus que sa semblable, qu'était Abby?
Une évidence venait alors de se manifester. Jamais Jake n'avait souffert à cause d'une amitié dédiée à un garçon, mais il avait toujours enduré pour celle dédiée à ces filles qui paraissaient innocentes ... Vulgaire voile.

- Je ne veux pas jouer ce jeu avec toi, Jake. Ca ne mènera à rien.

Elle ne le regardait pas, et c'était à peine si elle l'avait d'ailleurs fait.
Ses paroles laissaient une sorte de blizzard glacial au fond de Jake, des mots insignifiants, qu'il n'arrivait pas à comprendre. Percevoir le sens qu'elle voulait leur donner semblait alors inenvisageable.

*Ça ne mènera à rien*

Cette phrase sonnait comme un vieux dicton véridique. Des frissons débutèrent un chemins sinueux à travers tout son corps, passant ainsi dans chacune de ces cellules. Cette fois-ci, il était fixé.

- Je pensais que rien n'était impossible. Mais je crois que je me suis trompé.

Jake était étrangement du même avis que la jeune fille. Il avait été stupide de croire que la fille qui s'avérait être la meilleure amie de la rouge et or pourrait apprécier ne serait-ce qu'un minimum le serdaigle. Rêver était un acte péjoratif qui bien souvent était source de problème. Mais ça, Jake semblait ne pas encore l'avoir compris, ou simplement, se laisser un dernier espoir, qui était alors inutile ...

Se tournant face à la jeune fille, il ne la regarda pas dans les yeux, voulant rester loin d'elle, loin de ce poison qui venait d'atteindre son coeur.

-Jouer à quoi exactement Athalie?

Son prénom, jamais il ne le prononçait, laissant ainsi une barrière invisible.

-Hein tu peux me le dire? Je ... Enfin tout ça n'est qu'un vulgaire jeu pour toi? Aucun ... sen...timents ?

Il ferma les yeux durant quelques secondes, une manière comme une autre de s'évader.

-Rien n'est impossible, même si je crois qu'il y a une exception. Et même si tu viens de me prouver le contraire, il suffit simplement d'y croire. Pourtant je n'ai jamais osé me permettre de rêver d'une vie meilleure, parce que c'est la meilleure façon pour sombrer. Je pensais que je ne ressentirais jamais ce genre de sentiment envers une autre personne que Jill et Amber, pourtant ... C'est ce qui est en train de se passer.

Profond soupir. Une fois de plus, il se dévoilait au grand jour, révélant pour la première fois de façon nette et claire ses ressentis pour la jeune fille, et quand bien même il doutait encore de la place de la jeune fille dans son cœur, il ne montrait aucune hésitation. Se trouvant pathétique, il ressentit néanmoins le besoin d'achever le fond de sa pensée.

-Mais bon, n'en parlons plus. Tout ça n'est plus qu'une vulgaire histoire que nous n'allons même pas regretter tellement nous y accordons peu d'importance, n'est-ce pas Athalie? Dès demain, ce sera comme si nos chemins ne s'étaient jamais croisés. Comme si nos baisers n'avaient été que des mirages.

Il avait employé un ton méprisant mais surtout nerveux et ironique, voulant montrer à quel point cela serait difficile. Il lui adressa un ultime regard plongé dans ses yeux, qui ne dura qu'un quart de seconde, puisqu'il tournait déjà les talons, voulant l'oublier, ou plutôt se faire croire qu'il pourrait l'oublier, et l'unique moyen qu'il jugea efficace était l'alcool qui coulait à flot au sein même de la fête. Boire pour oublier, c'était un peu ce qu'il comptait faire enfin de compte ...

Fin de mon post ici