Kieran refusait d'être le larbin de service, Hewlett ne l'avait pas pistonné au Ministère pour apporter le café, et surtout pas à Spud... Il était plus bien plus doué que ça, et il allait le montrer, en ce jour où tout ses camarades glandouillaient soit dans le château, soit chez eux, soit dans un cimetière, le jour de la Toussaint.
Il allait remonter dans l'estime du directeur, car Tudor était plutôt doué pour ce genre de chose à défaut d'être utile, et peut-être qu'on lui confiera enfin des affaires importantes.
Il était déjà parvenu à prendre une avance considérable sur son professeur de Sortilèges, puisqu'il se dirigeait vers ceux vers qui tout les accablait : les Forces Sorcières Intérieures, une organisation secrète formée pour s'occuper exclusivement du problème des Mangemorts... Et justement, puisque les Aurors n'étaient pas impliqués dans l'exécution de Davidson, les FSI étaient les seuls à pouvoir se réjouir du gros titre dans la Gazette du Sorcier.

Carnet de notes dans la main, béret sur ses cheveux emmêlés, Kieran se sentait détective. Il était armé de sa baguette magique, car il ne doutait pas de la dangerosité de ses actes, mais rien n'était trop dangereux pour lui, surtout pas lorsqu'il s'agissait de clouer le professeur Spud au pied de l'enquête...

Il savait où se trouvait la Guilde des FSI, merci Tudor pour ta vantardise, et il traversa les rues vides et brumeuses de Londres, blotti dans son imperméable. Lorsqu'il sonna à la porte de la maison en mezzanine, accolée à une autre et particulièrement normale d'apparence, le son d'une clochette retentit à peine, car dissimulée par des éclats de voix.
On ne vint pas lui ouvrir, et les cris retentissaient toujours...

* Serait-ce possible, qu'ils soient réellement impliqués dans cette affaire ?*

Il approcha son oreille, sans rien discerner de plus que des piaillements de femmes, alors il attrapa sa baguette dans une poche, mais il sentait une présence derrière lui...
Une vieille dame le regardais d'un oeil suspicieux... A vrai dire il la comprenait un peu, un inconnu qui écoute aux portes des maisons, ça restait louche comme comportement.
Elle dû avoir un peu peur du regard que lui lança la garçon, car elle continua son chemin en secouant la tête (peut-être qu'elle non plus n'était pas très claire après tout ?).
Il caillait dehors, fallait pas qu'il attire les soupçons d'autres moldus en plus de cela, et, oh miracle, la porte était ouverte.
L'intérieur semblait à l'image d'Hewlett, classique, un décor de château presque, avec tapisseries et nombreuses peintures. Il se rapprocha à l’encolure d'une grande pièce qui devait faire office de salle de réunion en temps de crise, à pas feutré, mais Frank Hewlett leva la tête brusquement.

- O'Farell ?

- Qu'est-ce que vous fichez ici, vous ? s'imposa la voix de Mrs Lauréana.

Il inspira un bon coup en levant la tête, par fierté sûrement.

- Je dois vous poser quelques questions, à propos de... ceci, il désigna un journal déposé sur le canapé, où l'on pouvait voir en photo le Ministre s'interposer devant une multitude de plumes à papottes et de photographes. Vous l'avez lu, n'est-ce pas ?

Kieran ne pu s'empêcher de remarquer le mal-être du directeur de Poudlard, alors que Lauréana semblait bouillonner intérieurement.

- O-oui, non. Non.

- Katherine Davidson, intima-t-il, retrouvée inerte dans l'allée des Embrumes...

- Et le professeur Spudding nous soupçonne ? Excusez-moi Kieran, mais j'ai d'autres choses plus urgentes à traiter. Retournez au Ministère, il n'est pas bon de traîner dehors lorsque des cadavres jonches les rues...

- Oh oui Monsieur Hewlett, vous allez me dire tout de suite à QUI appartient ce parfum sur votre veste.

- Marina, c'est gênant -

- Je me FICHE que ça soit gênant, et ne va pas me dire que la couleur de ta cravate n'est pas aléatoire...

Kieran regarda la cravate pourpre, ou violette de Frank Hewlett, sans comprendre. Ils se disputaient pour du parfum ? Pour la couleur d'une cravate ? Etait-ce possible de se mettre en conflit pour de tels sujets après avoir commis un meurtre ?
Il sortit discrètement de la maison, avec en fond la dispute qui recommençait de plus belle.

- TU PREFERES QUE JE PORTE LE NOIR ?

- TU PENSAIS QUE JE N'ETAIS PAS AU COURANT DE TA NOUVELLE AMITIE AVEC ELLE ?

- Marina, tu divagues...

Ouf, une fois dehors, il était au moins sûr d'une chose : les FSI, où qu'ils soient et quels qu'ils fussent, n'avait pas prémédité le meurtre de Davidson... Pourquoi en était-il si sûr ? Parce qu'on parlait du groupe dirigé par Frank Hewlett, un homme soumis à sa femme, incapable de tuer même en cas de légitime défense, profondément et pitoyablement gentil.
Il relut le journal, agacé.

- Kieran attendez !

Il se retourna, Frank Hewlett le coursait, il voulait sûrement échapper à sa furie de femme...

- Je suis... préoccupé, en ce moment, mais je pense que le Ministère pourrait se plaire à mettre cette affaire sur notre dos. Vous devez enquêter pour nous. Et je sais qui pourrait vous éclaircir sur le profil de Katherine...
Seuls ceux qui nous côtoient nous connaissent vraiment, mon jeune ami.

Kieran acquiesça avec un élan de lucidité, presque déçu de ne pas y avoir pensé plus tôt... Spud y aura automatiquement pensé, il enfourcha sa bicyclette, plantant Hewlett, prêt à subir cet endroit mythique.