Un autre soir
La nuit était tombée, lourde et froide, comme à son habitude lors de l'hiver gelé et mortel. La lune ornait le ciel sombre de sa clarté stridente, et elle éclairait les pièces d'une luminosité intense. La pleine lune était déjà présente. Le temps passé si vite en ce moment, à tel point que cela procurait des frissons à cette seule et unique pensée perturbante. La journée avait été rude, et ô combien compliquée et désagréable. Plus le temps avancé et plus cela devenait difficile pour Summer. Les personnes démoralisées avaient besoin de temps pour retrouver leur gaieté d'autrefois, Summer elle avait plutôt besoin de compagnie, et de peu de temps, car plus le temps passé et plus son caractère devenait critique. L'habitude d'être désagréable se propageait jusque ses amis, qui malheureusement n'y étaient pour rien. L'incompréhension régnait en ce monde de méchanceté que Summer découvrait au fil des jours. Elle venait d'y goûter, et désormais l'envie d'être mesquine à un point encore jamais atteint l'engloutissait. Son cœur d'autre fois, qui contenait tant de joie et de désir s'était métamorphosé en un cœur noir de chagrin et de méchanceté. Le sentiment de mal être la conquérait, et cela était de plus en plus difficile pour elle de lutter contre cette force du mal qui s'emparait à une vitesse contre nature de son corps. Elle ne se maîtrisait plus, un gros désavantage pour elle. La solitude n'arrangeait rien, ces derniers temps peu de gens étaient venus à son encontre, ce qui l'a désolée plus que tout. Cela avait grandement réduit son activité d'amusement, son terrain de jeu, son rayon de soleil de la journée. Les personnes n'étaient pas dupes, malheureusement et pour le plus grand désespoir de celle-ci. Même son ami, Nathan ne venait presque plus lui parler. Apparemment il venait d'acquérir sa dose d'agacement. Elle regrettait par moment d'avoir été autant désagréable, et encore plus avec des personnes qu'elle appréciait plus que tout. Mais le mal était fait, il était désormais visible et il ne pourrait disparaitre. Le dortoir était vide, comme toujours, et contrairement à d'habitude, celui-ci était glacial. Les quelques poufsouffles qui étaient présents, traînaient encore dans la salle commune. Son lit l'attendait, vers la fenêtre, isolée, et accueillant. Elle jeta alors brusquement ses affaires par terre, puis s'allongea sur son lit qui à sa grande surprise était froid. La fenêtre était ouverte, et le froid blessant avait envahi la pièce. Elle s'empressa alors de la clore afin de cesser cette invasion non souhaitée, pour ensuite retourner sur son lit. Tout se bouscula alors dans sa tête si perturbée. La vision, unique, mais terrifiante, son père effondré, sa mère fuyant. Qu'est-ce que cela voulait dire? Aucune réponse à cette question, qui pourtant en avait grandement besoin. Était-ce un souvenir? Si cela était le cas, alors la vérité serait destructrice pour elle. Anéantie, elle serait. Elle ferma alors ses yeux fatigués, puis elle laissa son esprit s'évader.
Londres, dans toute sa splendeur, éclairé par le clocher, retentissant les onze coups avant minuit. L’air était chaud et il frôlait ma peau violemment. Mes mèches partaient en bataille, à droite et à gauche, ils suivaient le rythme du vent. Les rues étaient bondées, pleines, et envahies par une foule immense se rendant à un évènement. Je cherchais une quelconque pancarte qui aurait su me dire l’identité de cet évènement, mais aucune n’était présente. Une personne enveloppée d’une longue cape noire me bouscula brutalement, ce qui me fit retourner vers celle-ci. L’attraction de la Terre m’attira vers elle, je la suivais sans vraiment le vouloir, ni le savoir. Son visage était camouflé et cela avait le don de me déconcerté. Elle se dirigeait vers des ruelles sombres et où nuls passants n’étaient présents. Elle s’arrêta alors un instant pour enfin rester immobile dans cette rue durant plus d’un quart d’heure. Moi, je me cachais derrière ce qui semblait être un stand de sucrerie. Une autre personne vêtue de noir également s’approcha alors de la première. Une discussion s’engagea, mais elles étaient trop loin pour que je puisse entendre quoique ce soit. La curiosité ayant pris le dessus, je m’approchais prudemment, en regardant droit devant moi. Quelques mètres plus loin, mon pied heurtait une boîte de conserve. Je venais de me vendre en un simple geste non contrôlé. Les deux suspects relevèrent alors la tête rapidement, une course poursuite se déclarait. Je prenais mes jambes à mon coup, je ne voulais pas me faire prendre. Un immense regroupement de gens se présentaient devant moi, la cachette parfaite. Je courrais plus vite que je ne l’avais jamais fait, et enfin j’arrivais à me camoufler tout en les observant de loin. Le vent soufflait de plus en plus fort, et celui-ci se chargea alors de dévoiler l’une des identités. Une jeune femme se trouvait derrière cette cape mystérieuse. Je la détaillais. Mon cœur s’accélérait, cette femme ressemblait une nouvelle fois, à ma mère. Perturbée, je me décidais à bouger de cet endroit, oubliant les traqueurs. N’étant plus sur mes gardes, à ma grande surprise, les deux personnes venaient de me retrouver, elles se dirigeaient droit sur moi, avec un air plus que déterminé. Celle qui semblait être ma mère me fixa pour enfin me saisir par le col, s’en était fini pour moi, muni d'un mouchoir blanc, elle vint me le colelr sous le nez. Tout était noir, mes paupières se fermèrent en quelques instants.
La sueur l’avait gagné, elle s'était assoupie, contre toute attente. Quel mauvais rêve venait-elle de faire. 1h05, la lune scrutait toujours le ciel noir. Elle se leva, pour ensuite s’appuyer contre le rebord de la fenêtre. Encore une vision, mais bien particulière, une vision de sa mère. Pourquoi ? L'incompréhension total la submergeait de nouveau, comme si souvent cela lui était arrivée. Des larmes roulèrent alors sur ses joues déjà humides. Que voulait-elle dire? Pourquoi sa mère apparaissait toujours et encore dans des rêves? Qu'essayait-on de lui dire? Summer était perdue, elle ne savait plus quoi penser, ni que faire pour lutter contre ces choses qui la perturbaient au plus haut point. Elle avait un besoin immense de tout dévoiler, de tout dire, de tout raconter, afin de ne plus garder cet étrange évènement lourd et insupportable pour elle seule. Mais à qui le dire, quand tout le monde vous fuit? Prise de frissons, elle retournait dans son lit et se faufilait sous sa couette. La fatigue la gagnait encore, mais elle s'efforçait de garder les paupières ouvertes, elle ne voulait pas dormir et prendre le risque d'une nouvelle vision, ou d'un nouveau rêve, car elle savait pertinemment qu'elle serait encore plus déboussolée, et elle l'était déjà bien assez. Ne pouvant dormir, elle pensait alors à ses anciens amis, à ses anciennes connaissances, qui aujourd'hui étaient presques tous devenus des inconnus. Elle tremblait, de peur, de fatigue, de colère, de tristesse. Tout se confrontait, une nouvelle fois.