Ses pas résonnaient sur le sol crasseux qui la mènerait à la prison d'Askaban, tandis qu'elle contemplait les horizons, paysage loin d'être très agréable à regarder. Les détraqueurs entouraient la prison, et elle se protégea immédiatement d'eux en faisant apparaître son patronus. Autant prendre les devants.

Lorsqu'elle se posta devant la cellule du mangemort qu'elle se devait de soigner, elle se demanda un instant pourquoi elle avait tant souhaiter pratiquer ce métier. Après tout, elle aimait guérir et soigner les personnes dans le besoin, ce qui lui apportait toujours une grande satisfaction personnelle. Elle aimait aider les gens... Sauf que le mangemort qui se tenait presque à demi-mort sur le pavé sale de sa cellule n'avait rien d'une personne normale. Et rien qu'à l'idée de se dire qu'elle devait le toucher pour le soigner... Un profond soupir s'échappa de ses lèvres.

*Sois professionnelle.*

Le FSI lui avait confié pour mission de soigner McBlake. Non, à vrai dire, de ne pas le soigner totalement. C'est ce qu'il devait penser, mais ce n'était pas le cas... Depuis le temps qu'elle voulait jouer un rôle dans cette histoire, il était temps qu'on lui propose quelque chose de concret. En revanche, elle était loin de la mission rêvée.
Un homme vint lui ouvrir la porte de la cellule du mangemort, tandis qu'elle s'engouffrait déjà à l'intérieur. La cellule était sombre, humide, crasseuse... Mais elle se réjouissait en se disant que ce McBlake ne méritait pas mieux. Ce n'était pas elle qui croupirait à l'intérieur.
Elle s'était affublée de son habituel blouse qu'elle utilisait pour le travail, espérant qu'elle ne sera pas trop salis à la fin de sa tâche. Non, se salir les mains, ce n'était pas son habitude, et encore moins pour un mangemort à la sombre réputation, tel que lui.
Jetant un coup d'oeil cette fois plus détaillé envers celui-ci, elle se remémora tout ce qu'on lui avait dit sur cet homme. Toute les choses répugnantes qu'il avait pu faire, même si elle ne s'étonnait pas vraiment : un mangemort n'était pas réputé pour sa bienveillance, après tout. Elle se souvenait à peu près de lui, du temps de Poudlard. Un garçon déjà complètement dérangé et asocial. Bien qu'extrêmement rusé et intelligent. Ce n'était pas pour rien qu'il avait intégré sa maison. Et ce n'était pas pour rien non plus qu'il était devenu ce qu'il était. Cela n'avait même rien d'étonnant.

Carlie le vit se réveiller. Il était en manque de force, c'était flagrant. Et la jeune femme n'avait - à vrai dire - pas envie d'être celle qui le remettrait à peu près sur pied. Mais une mission était une mission. S'approchant encore plus du mangemort, car elle n'avait pas à s'inquiéter, de toute manière, il était ligoté, et elle ne doutait pas sur la solidité de la corde. S'agenouillant avec soin à ses côtés, en essayant de ne pas se salir - ce qui était étrangement difficile en observant le peu d'endroit réellement propre dans la cellule - elle contempla un instant les choses qu'elle avait apporté avec elle : à savoir les soins à base de plantes et autres choses qui lui serait utiles. Elle n'avait en aucun cas envie de faire la conversation avec ce gars là, mais il ne fallait pas qu'elle soit dégoûté par lui non plus. Enfin si, elle l'était, et elle se fichait qu'il le sache. Mais elle était censé être une infirmière, une guérisseuse, sans camp et sans parti pris.

- Ça devrait te soulager.

Elle avait dit cela tout en lui étalant un liquide chaud sur le torse, après lui avoir découvert celui-ci. Le liquide ne ferait que le soulager, sans le guérir réellement, même si c'est probablement ce qu'il penserait. Sa grand-mère lui avait fait part de certaines astuces sur les plantes qu'il fallait utiliser et elle les utilisait à merveille. Ses mains dépassaient du tissu qui était posé sur son torse, et elle soupira à l'idée de le toucher à main nue. Rien qu'à penser au fait du traitement qu'il affligeait à ces pauvres femmes la rendait folle.

*Je te jure que si j'étais pas là pour le boulot, j'aurai pris plaisir à te torturer.*

Retirant le bout de tissu, ses mains au passage et fronçant légerement les sourcils, elle murmura :

- Ça va mieux ?

Hypocrisie, quand tu nous tiens...

L'ambiance qui se dégageait de la prison et de la cellule en particulier était pour le moins lugubre. C'était répugnant, tout l'était à vrai dire et il n'y avait même plus rien d'inquiétant au final.

Elle crut même apercevoir McBlake esquisser un sourire tandis qu'il répondait :

- Difficile à dire... Tu sais comment on appelle ça, quand on fait du bien à quelqu'un pour mieux lui faire subir sa pitoyable condition par la suite...?

Bizarrement, c'est Carlie qui sourit, amusée, cette fois. Étrangement, les paroles du mangemorts n'étaient rien d'autre que la pure vérité. Quand elle disait qu'il était intelligent... Celui-ci fit, ou du moins essaya, de faire un mouvement avant de s’apercevoir qu'il était trop attaché pour pouvoir réellement bouger. Il émit un soupir ennuyé, tout en désignant le patronus en forme de colombe qui entourait Carlie.

- Lui parti, je regretterai de ne plus pouvoir crever de mes blessures.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, Carlie défit les liens qui emprisonnaient le mangemort. Détachant les cordes à l'aide de ses mains, sans utiliser un objet à lame - sait-on jamais, mieux valait qu'il ne sache pas qu'il y avait quelque chose de coupant ici - elle le détacha, avant d'hausser un sourcil, presque étonnée de ses propres mouvements, laissant à présent McBlake libre des siens.

- J'espère que tu ne tenteras rien. Premièrement, parce que ce serait stupide dans ton état et parce-que si c'est ton intention, je n'hésiterai pas une seconde à utiliser mes précieux outils et crois moi, c'est douloureux.

Elle espérait qu'il comprendrait son message et qu'il ne ferait rien d'absurde - Quoique cela lui donnerait peut-être une bonne excuse pour... Non, mauvaise idée, c'était loin d'être le but du pourquoi elle était ici - et puis que pouvait-il tentait après tout ? Il ne pouvait même pas s'en aller, alors à quoi bon se fatiguer.

- Et non, je ne sais pas. Mais je ne suis pas sûre qu'on m'ait envoyé ici pour ça. Dis toi que c'est simplement par pure bonté de coeur. Ou si tu préférés, pour ne pas te laisser croupir seule, ici...

S'arrêtant dans ses paroles comme si elle venait de se rendre de quelque chose alors qu'elle savait pertinemment pourquoi elle était là, elle reprit tout en haussant les épaules :

- Finalement, tu as peut-être raison. Mais ne me dis pas que tu préférerais que je te laisse dans ton état..?

Elle doutait fort que McBlake souhaitait qu'elle le laisse comme il était. Elle n'avait pas terminé de le soigner, pas terminé dans le sens "complètement" mais plutôt pour ce qui était de ne plus lui faire ressentir ses blessures. De toute façon, il s’apercevrait probablement qu'il n'était pas rétablit lorsqu'elle s'en irait.

- Si tu parles de mon patronus, il restera le temps que je serai là. Et je n'ai pas l'intention de m'en aller pour le moment.

Elle qui pensait partir à la première occasion qui s'offrirait à elle... Mais le but n'était pas de fuir. Appuyant sur le flanc de McBlake en fronçant les sourcils comme si elle examinait un corps inerte, elle questionna au même moment :

- Tu as mal, là ?

Réponse affirmative en entendant le gémissement - vraisemblablement de douleur - de McBlake quand elle toucha son point sensible...

Il rejeta sa main d'un geste vif, et Carlie recula vivement d'étonnement, tandis que le visage du mangemort était quelque peu marqué par la douleur qu'elle venait intentionnellement de lui infliger.

- A ton avis, bordel !

* Ça veut probablement dire oui...*

Elle lui fit un sourire désolé qui ressemblait plus à une sorte de grimace.

- Désolé. J’me doute que tu fais ton taf, mais qui t’a appris à appuyer sur les zones douloureuses d’un corps à Sainte-Mangouste, dis-moi ?

Elle se mordit l'intérieur de la joue en se posant elle-même des questions. Il était vrai que lui demander s'il souffrait tout en vérifiant par elle-même n'était pas très... intelligent, pour une infirmière. Mais au moins, McBlake avait une once d'amabilité. Il était désolé, c'était déjà ça. Si elle pouvait rester simplement pour lui apprendre les bonnes manières...

- J'ai pourtant pas essayé de fuir... A croire que tes doigts sont des outils douloureux en eux-mêmes.

Il lui fit un léger sourire faible, tandis que Carlie se demandait s'il venait sérieusement de faire de l'humour. Elle se demanda un instant si elle devait rire ou non, elle ouvrit alors sa bouche pour la refermer aussitôt. Et finalement, elle se mit à rire, plus par étonnement du fait qu'il venait, du moins essayer, de lui faire - quoi - une blague ? Elle ne tomba pas non plus dans l'hilarité, se rappelant pourquoi elle était là, et par dessus tout, ce qu'était McBlake. Mais bizarrement, sa mission se révélait bien moins difficile que ce qu'elle s'était imaginé. Peut-être ce mangemort l'a mettait-il étrangement en confiance. Toutefois, elle n'en laissa rien paraître, et se contenta de fouiller dans sa trousse où ses précieux "outils" se trouvaient, avant d'en sortir une simple bande blanche. La plaie qui se trouvait sur le flanc de McBlake s'était probablement infecté et autant lui ôter la douleur sans pour autant le guérir entièrement. Elle défit la longue bande, avant d'y verser soigneusement un liquide semblable à celui qu'elle avait étalé sur son torse. A la différence que celui-ci ne soulageait pas sur le moment, mais bien après. Elle tenta une approche, puis se rappelant de la tête du mangemort quand elle l'avait touché à cet endroit, elle se ravisa. Elle alla même jusqu'à se demander si c'était une bonne idée de l'avoir détacher de l'emprise des cordes qu'avaient sur lui. Lui jetant un rapide coup d'oeil, sourcils froncés, avant de re-fouiller sans ses affaires et d'en sortir un tissu semblable à la bande qu'elle avait dans la main gauche, plus épais, celui-ci était enroulé.

- T'es plus courageux que ça, non ? Si tu as mal, mords la dedans.

Sur ces douces paroles, elle lui mit le tissu - propre - dans la bouche, tandis qu'il se mettrait probablement d'ici 5 secondes à serrer les dents. Après ça, elle défit le reste de ses vêtements du haut afin de pouvoir mieux manipuler ses gestes. Le bandage était assez long pour faire quelques tours tout autour du torse de McBlake, afin d'apaiser la plaie sur son flanc droit. Un dernier regard envers le mangemort et elle se mit à serrer au maximum la bande sur son torse, non sans une certaine appréhension.

- Ça fait mal au début, mais ça devrait aller mieux après.

Elle espérait que celui-ci ne se remettrait pas à pester contre elle, après tout comme il venait de lui dire si gentiment, elle ne faisait que son travail. Et puis, il la remercierait plus tard. Après mûres réflexions, sans doute pas. Mais la principal était la bon déroulement de sa mission, elle ne devait pas y faillir, c'était impossible. Il fallait que le FSI arrive à ses fins, les mangemorts n'avaient pas le droit de s'approprier le pouvoir. Elle se doutait que ce n'était pas à elle seule qui pourrait arrêter les forces du mal, mais elle aidait comme elle pouvait. Brisant le silence qui venait tout juste de s'installer, elle tenta une approche :

- Aufaite, désolé pour tout à l'heure,dit-elle tout en désignant son flanc d'un geste de tête, mais je suppose que c'est rien par rapport à maintenant...

*Vaut peut-être mieux que je me taise, maintenant...*

Ca vaudrait peut-être mieux, effectivement. Elle jeta un coup d'oeil à sa montre, avant de reporter son attention sur le mangemort, espérant que sa douleur avait quelque peu diminuée...

Les sons qui sortaient de sa bouche n'étaient autre que des gémissements - vraisemblablement plaintifs - Mais la douleur, quelque peu estompé, il retira ce qui l'empêchait probablement de parler - et sans doute déglutir - avant de répondre :

- T’as dit que ça ira mieux après, j’te fais confiance.

Il lui lança un sourire... timide ? Et elle, haussa les sourcils, vaguement étonné. Soit il lui faisait réellement confiance, ce qui était un point on ne peut plus positif pour sa mission. Soit... Sa douleur le rendait très naïf. Voir stupide.
Quoiqu'il en soit, son faible sourire aurait pu marcher sur Carlie, s'il n'avait pas ajouter :

- … Mais peut-être qu’avec un café ça irait encore mieux.

*... Je suis infirmière, pas elfe de maison.*

Toutefois, elle n'haussa qu'un sourcil interrogateur cette fois, l'air presque de dire "Pour qui tu me prend ?" Il ne fallait tout de même pas oublier qu'il était à Askaban et pas chez ses amis les mangemorts. Un café - Et puis quoi encore ? Qu'essayait-il de faire ? Cette demande semblait presque avoir vexé la jeune femme, tandis qu'elle se contentait d'ôter la bande qui couvrait son torse, avec un peu plus de brutalité que ce qui n'était prévu.

- N'allons pas jusque là. N'oublies pas où tu es.

Un ton légèrement sec, laissant apercevoir qu'elle n'était pas dupe et qu'il faudra plus qu'un sourire "timide" - même aussi craquant soit-il - pour la faire tomber dans le panneau. Probablement la prendrait-il pour une jeune femme sévèrement coincée, mais elle s'en fichait.

Elle se reprit, continuant d'une manière plus neutre et calme, puisque ses mots précédants avaient été lâché avec un peu trop de... haine ? Quoique, sans doute McBlake ne le remarquerait pas puisque Carlie avait une voix habituellement douce... dans tout les cas. Si bien que même lorsqu'elle était très en colère, on le remarquait à son visage, et non pas au son de sa voix... A moins qu'elle ne laisse échapper quelques injures peu gracieuses à l'écoute qui, auquel cas, dénoncerait immédiatement sa mauvaise humeur.

- Le café n'aurait eu aucun effets de toutes manières.

Physiquement non... Moralement, c'était certain. Même Carlie n'aurait pas trouvé de trop un petit remontant... Sauf que ce n'était peut-être pas le simple but du mangemort qui se tenait encore face à elle. Et s'il tentait de s'échapper pendant qu'elle s'en allait ? Ce serait étonnant au vu du nombre des détraqueurs présents... Et si elle s'en allait, son patronus restait avec elle. Or, elle doutait que McBlake puisse s'en passer.

- En revanche, ça, déclara tout en désignant la bande qu'elle venait de lui retirer, ça en a.

Elle jeta un coup d'oeil à la cellule dont l'ambiance oppressante n'avait pas évolué. Et dire que chaque jour, les mangemorts risquaient de se voir enfermer ici, endroit qui était loin d'être agréable, simplement pour affirmer leurs idées plus néfastes les unes que les autres. Non décidément, c'était trop, selon elle. Il y avait bien des choses qu'elle ne comprendrait jamais et celle là en faisait partie. C'était quelque chose qui n'était malheureusement pas expliqué dans les livres...

Continuant d'observer d'un oeil impassible McBlake et le corps de celui-ci afin de découvrir s'il n'avait pas d'autres blessures à soigner - ou pas - elle entreprit plutôt de lui poser la question, redoutant d'avoir à fouiller des choses peut-être trop intimes. Elle y avait songé en s'affirmant que ce n'était que son travail mais elle s'était rapidement raviser.

- Tu as mal autre part ?

- Te méprends pas, j’rêve juste d’un Wizardbucks... Tu sais, d’un grand macchiato aux fondants du chaudron ? Bordel, c’que j’ai pu en boire de ces trucs...

*Et moi donc...*

McBlake affichait un énième sourire faible ou triste, elle ne savait même plus s'il jouait la comédie ou non. Et à vrai dire, elle s'en fichait. Il venait - probablement délibéremment - d'éviter sa question et elle songeait seulement à une seule chose :

*Ce n'est pas moi qui ait besoin de soins.*

Il lui facilitait sa mission plus qu'autre chose et il ne s'en rendait même pas compte. Son "sourire" s'estompa aussi vite qu'il était apparut, laissant place à une grimace singulière inquiétante.
Il se contentait de toiser l'infirmière d'un air qui se voulait peut-être grave, avant de questionner presque normalement :

- Il s’est passé quoi pour Charly... Et la gosse ?

Charly... Ce seul prénom eut pour effet de la déconcerter un instant mais elle se contenta d'essayer de feindre l'impassibilité. Il y avait des centaines de Charly dans le monde. Mais seul un comptait ou plutôt : avait compté, à ses yeux. Elle se fichait de ce qui se passerait pour ce Charly, elle désirait seulement savoir ce qui se passait en ce moment pour son Charly. Où était-il en ce moment ? Qu'était-il devenu ? Cela faisait si longtemps. Elle songeait chaque jour à lui envoyer une courte lettre, un mot. Mais elle savait qu'il n'y répondrait pas. Tout juste s'il la lirait. La culpabilité la rongeait depuis toute ces années mais elle savait qu'elle n'était pas la seule fautive.

Quant-à la gosse, probablement parlait-il d'Alice Von Gotha. Elle était souvent le sujet de conversation de certains membres du FSI, Carlie l'avait même plusieurs fois rencontré à Poudlard lorsque celle-ci faisait des crises d'épistaxis et se rendait à l'infirmerie. Elle l'avait toujours trouvé étrange et... fascinante. Même pour une guérisseuse, ce genre de maladies ne se dressait sur votre parcours que très rarement. Et l'hémophilie de la petite avait bien été la seule qu'elle avait croisé depuis. Alors oui, ça avait quelque chose de fascinant. Et Carlie afficha une mine triste en songeant au chemin que cette jeune adolescente avait prit.

- J'en ai aucune idée, avait-elle déclaré, impartiale.

C'aurait pu être un mensonge, mais la chose était que Carlie n'en avait réellement aucune idée. Elle ignorait qui était ce mangemort qui portait le nom de son ex-frère et elle n'avait pour le moment eut aucune informations concernant la jeune Alice. Mais le truc qu'elle se demandait, c'était : est-ce que ça intéressait vraiment le mangemort ce qui allait advenir de ses collègues ? Ne s'intéressait-il pas qu'à son bien-être, comme les autres ? N'était-il pas égoïste ? Elle doutait sérieusement du contraire. Et puis même si elle avait la/les réponse(s), elle n'aurait probablement rien dit. Elle était censée n'être une Infirmière, rien de plus et surtout pas tout dévoiler en lui faisant comprendre qu'elle en savait trop.
Et elle ne put s'empêcher de lâcher :

- Ça t'intéresse vraiment ?

Ses paroles étaient sortient de sa bouche sans sa permission. Mais de toute façon, elle s'en fichait, ce n'était pas comme si elle venait de lui avouer qu'elle était son ennemi et qu'elle faisait partie du camp opposé. Et elle se fichait même de sa réponse puisqu'elle était à peu près sûr qu'elle avait la bonne.

Après un court instant de silence plus ou moins bruyant, il daigna enfin réagir :

- Je… Pardon ?

Il paraissait étonné de sa question, vraisemblablement choqué. Jouait-il la comédie à la perfection ou avait-il oublié de quel côté il était rangé ? Un rire absolument déplacé vint gêner les réflexions que se faisait Carlie sur le sens du visage à peu près interloqué de McBlake, alors qu'il se mit à tousser, ce qui vint couvrir ses intonations moqueuses. Bien fait. Il n'avait qu'à pas rire telle une sorcière maléfique. Non, en fait, il était bien pire.

- Que crois-tu, petite fille ?

- Hé.

C'était qu'elle était susceptible, l'infirmière. Pour qui se prenait-il ? D'ailleurs, n'était-il pas plus jeune qu'elle ? Il la prenait pour une vulgaire gamine, ou quoi ? Si seulement elle pouvait lui dire d'où elle venait, ce qu'elle était, et pourquoi elle était là... Se rétractant avant de penser trop loin, elle n'avait plus qu'à écouter la voix maintenant exaspérante du Mangemort.


- Que nous sommes des machines ?

*Une machine serait moins cruelle.*

- Que nous n’avons pas le moindre ami, la moindre attache, le moindre frère ? On le connait aussi l’amour, t’sais, c’est même c’qui nous pousse à nous battre, pour la plupart.

Okay, il venait de toucher un point sensible. En fait, il la fit carrément réfléchir à ses paroles, qui tournait en boucle dans sa tête à la seconde suivante. Carlie aussi avait un frère. Carlie aussi connaissait l'amour, ou du moins, pensait le connaître. Elle aussi se battait pour tout cela. Mais frère ou pas, ils vous laissaient tous tomber un jour ou l'autre.

Mais c'était ça la différence. Elle, se battait pour la bonne cause. Ou c'était au moins ce qu'elle pensait. Elle, s'était rangé du bon côté, selon elle, un choix qu'elle ne regrettait absolument pas. Peut-être que tout deux n'adoptaient pas le même point de vue, c'était même certain... Mais au moins, elle ne prétendait pas ne pas être quelqu'un qu'elle était.
N'est-ce pas ?

- On est des putains d’humains, bordel. Personne n’a jamais été overclean dans sa putain d’vie, pas même cet avorton de Saint-Potter. On est que c’que les gens veulent qu’on soit, mais dans une guerre y’a pas de gentils et de méchants, p’tain. Y’a que des putains de meurtriers, ouvre les yeux gamine.
P’tain.

Dans son joli discours qui était assez étrange provenant de sa bouche, elle ne retint pourtant qu'une vraie chose sur le moment : Il avait dit 5 fois p*tain. Après les avoir compté soigneusement, elle s'occupa du reste, c'est-à-dire analyser ses paroles. Encore une fois. Et bien qu'elle était à moitié d'accord avec lui, il y avait l'autre moitié... Et elle prenait presque le dessus sur l'autre. Parce que ses mots sonnaient faux et qu'elle ne voulait pas être naïve, elle se contenta de hausser les épaules, la mine sombre, mais toutefois impassible. Dur de combiner les deux.

Tournant la tête vers le mur qu'elle-même n'osait pas regarder, McBlake faisait la gueule. C'était clair au moins, non ? Très bien, elle comprit le message assez rapidement, voir immédiatement, presque heureuse que ce soit lui qui la mette dehors. Cet endroit était un vrai dépotoir, et même si ses paroles continuaient de lui tourner la tête comme si un petit ange lui faisait la morale, elle l'ignora, se répétant qu'il l'avait mérité. Comme tous ceux qui étaient enfermés ici, d'ailleurs.

Se levant la tête haute, elle observa un moment celui qui se tenait en face d'elle - ou plus ou moins - se demandant si elle reviendrait ici, un de ces quatre. Ou peut-être qu'ils se recroiseraient dans une toute autre circonstance... Qui sait. Sans un sourire, sans plus un regard, ni même un sourcil haussé, elle se contenta de prendre le chemin de la sortie, emportant ses quelques affaires avec elle, scrutant la saleté de la cellule, peut-être - et elle espérait - une dernière fois, comme s'il s'agissait de la sienne, puis prononçant quelques mots juste avant de remplir le désir de ce cher McBlake. Parce que aucun d'eux ne savait vraiment où tout ce qu'ils faisaient les mèneraient. Alors comme un désir, ou tout autre chose, un espoir ou une plainte, mieux valait voir grand.

- À un de ces jours.