Souvenir était allongée par terre, dans sa chambre, chez elle, en Écosse. Les yeux fermés, ses cheveux blonds/châtains en bataille, elle dessinait à l'aide de sa baguette magique des formes abstraites en l'air. Éphémères. Indomptables. Cela devait faire plusieurs heures qu'elle s'était enfermée dans sa chambre. Et comme midi approchait, l'adolescente ne fut pas surprise d'entendre sa mère toquer à la jolie porte d'entrée de la pièce, et lui murmurer qu'il était temps de déjeuner. En guise de réponse, Souvenir grogna, et sa mère rajouta qu'il fallait qu'elles discutent. La Serdaigle ne pipa mot, et se contenta de se lever à demi, puis de s'agenouiller. Elle soupira bruyamment, avant de se relever complétement. Elle traina des pieds jusqu'à la salle à manger. Souvenir fut surprise de constater qu'il n'y avait ni plats, ni couverts dressés. Juste sa génitrice assise en face d'elle, les mains croisées. L'adolescente soupira une nouvelle fois, et s'assit à son tour sur une chaise, acceptant ainsi l'invitation de sa mère.

- Il faut qu'on discute, ma princesse. Tu ne peux pas passer toutes tes journées enfermée dans ta chambre à ne rien faire ! commença la mère de la bleu & bronze.

Celle-ci leva son regard turquoise, devenu subitement bleu, et le posa sur ceux océan de sa mère.

- Je veux retourner à Poudlard. C'est là-bas qu'est ma place. Pas dans ce trou à rats perdu au milieu de nul part ! explosa Souvenir.

- Hors de question, Souvenir. Tu sais aussi bien que moi que cette école n'est pas assez sûre pour toi, et puis j...

Un grincement de chaise. Souvenir qui se levait. Elle posa ses deux mains blafardes devant elle, sur la table, et interrompit sa mère de sa voix froide :

- J'ai lu la Gazette des Sorciers ce matin. Dedans, il y est écrit qu'un nouveau directeur aurait été envoyé à Poudlard. Et qu'aussi de nombreux professeurs se seraient déplacés là-bas... Alors... Mon choix est vite fait, et peu importe ce que tu tenteras contre moi : j'y retourne, quoi qu'il m'en coûte.

Les yeux océan de Valéria s’agrandirent d'effarement. Souvenir souriait intérieurement, sentant qu'elle faisait craquer sa mère... Ce qu'elle ignorait, c'est que si la Serdaigle voulait retourner là-bas, c'était pour une raison simple : découvrir la vérité sur son père, peu importe le prix à payer.
Valéria se leva à son tour, et s'exclama :

- Très bien.

A ces mots, Souvenir ne put s'empêcher de sourire de satisfaction. Mais il fana bien vite lorsqu'elle entendit la suite...

- A la seule condition que tu ne pourras rester à Poudlard qu'une année de plus. Pas une de moins, pas une de plus, sinon je m'occuperai personnellement de ton cas. Et sache que je te retrouverai toujours, Souvenir. Où que tu ailles...

Un an... Un an ! C'était atrocement court ! Comment en un an pouvait-on retracer le parcours d'un père qui avait emporté avec lui dans sa tombe tout ses secrets ?! Le visage de Souvenir se tordit d'anxiété. Sa mère était fine stratège. Elle savait pertinemment que sa fille serait amené à accepter...

- Très bien. J'accepte le marché. Un an, jour pour jour, c'est bien cela ?

Valéria acquiesça. Souvenir n'attendit pas plus longtemps pour aller filer dans sa chambre préparer ses valises. Dans la salle à manger, sa mère soupira, et se laissa tomber dans sa chaise. Sa fille avait décidément hérité de l'entêtement légendaire de son père... A son souvenir, sa mine s'assombrit, tandis qu'elle sortait sa baguette, l'air songeuse.

Quelques minutes plus tard, Souvenir revint dans la salle à manger, une valise à la main, et un sac sur le dos. Sa mère se leva difficilement, et prit la parole :

- Prête, Souvenir ?

- Prête, répondit celle-ci.


Quand on retrouve un chez-soi auquel on tient beaucoup, on a l'impression de se sentir protégé. Bien. Serein. Libre de faire ce que l'on veut.

Sauf qu'aucune de ces émotions de bien-être ne traversèrent Souvenir. Lorsqu'elle arriva dans le Hall de l'école qu'elle chérissait tant, elle serra sa valise très fort, le cœur serré. C'était l'interclasse, et beaucoup d'élèves se bousculaient pour rejoindre leur prochaine salle de classe. Personne ne semblait remarquer la présence de celle-ci, comme si elle était transparente. Tant mieux, ne put s'empêcher de penser l'adolescente... Il lui faudrait aussi chercher une excuse pour son absence qui devait forcément être passée quelque peu inaperçu, puisque les vacances s'étaient terminés il y a de cela trois ou quatre semaines. Mais elle ne s'en faisait pas trop pour cela. Il lui suffirait de rejoindre sa salle commune, et elle reprendrait les cours le lendemain matin. Comme si elle n'avait jamais été absente...

Avec difficulté, Souvenir tentait de faire barrage à ses pensées. Elle ferma ses yeux quelques instants, puis, lorsque la cloche sonna le début de l'heure suivante, l'adolescente se décida à monter dans sa salle commune. Trainer encore plus dans cette salle ne lui apporterait rien de bon. Elle prit sa valise d'une main, avança d'un pas... et faillit écraser un petit lapin blanc comme neige, absolument adorable. L'animal avait une laisse enroulé autour de son cou, Souvenir en déduisit donc qu'il appartenait à quelqu'un. Mais le pauvre devait s'être perdu. Retrouvant enfin son sourire, elle le prit dans ses bras et se mit à le caresser avec douceur.
Puis soudain, elle entendit des pas. Elle releva la tête, et vit alors un autre élève, sans doute le maitre de ce lapin. Mais lorsqu'elle vit l'insigne de préfet qui luisait fièrement sur sa cape, Souvenir ravala sa salive. Peut-être n'était-il finalement pas là pour le lapin... L'adolescente ne comprit pas pourquoi il était préfet des Serdaigle, car auparavant, c'était Constance qui occupait ce poste.
Le jeune homme la regarda dans les yeux, ce qui troubla quelque peu la bleu & bronze, avant qu'il ne prenne délicatement le lapin dans ses bras. Ah. Peut-être que finalement il se fichait de savoir si elle trainait dans les couloirs... Souvenir sourit, tandis qu'il ouvrait la bouche pour prendre la parole.

- Tu pars parce que tes parents ont peur que le gros Mangemort revienne ? demanda-t-il, le ton grave, presque triste.

A ce moment là, "Euh..." aurait été une parfaite réponse, pensa Souvenir. Alors qu'elle réfléchissait, le préfet reprit.

- Elle est malade, elle a l'oreillongoule... J'espère que tu l'as déjà eu quand t'étais petite, parce que c'est très contagieux.

Décidément, ce garçon était vraiment bizarre. Au moins, ça lui changeait de ses habituels amis. C'en était presque... rafraichissant. Elle sourit une nouvelle fois, décidant de ne pas éclairer son préfet de suite.

- Non je n'ai jamais eu cette maladie, fit-elle. En tout cas, c'est une très belle lapine, tu dois bien t'en occuper, le complimenta-t-elle.

Elle désigna l'animal qui siégeait dans les bras de son propriétaire, histoire de confirmer ses propos. Puis, soupirant mentalement, Souvenir reprit.

- Et non, je ne pars pas. Je... reviens en fait. Mais dis-moi, qui est donc ce "gros mangemort" ? demanda la bleu & bronze.

Elle se rendit alors compte qu'elle ne s'était pas présentée. Honteuse, elle rajouta en quatrième vitesse qu'elle se nommait Souvenir.