Requiem for a prophecy
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Requiem for a prophecy

Forum RPG basé sur le dix-neuf ans plus tard de la saga Harry Potter
 
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 Silence, you lost me, no chance for one more day...

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Alice_Von_Gotha
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MessageSujet: Silence, you lost me, no chance for one more day...   Silence, you lost me, no chance for one more day... EmptyLun 9 Avr - 19:03

Il y avait ces ténèbres. Profondes, froides, entrecoupées de sons d'une autre époque... Si proche et déjà si loin, bribes de conversation à peine intelligibles...

"Dans deux jours."

Nous étions dans deux jours...

Alice ouvrit ses paupières avec lenteur, sortant de limbes qui n'avaient plus grand chose à voir avec le véritable sommeil... Et encore, il était tellement étonnant qu'elle ait pu les rejoindre - les bras qui enserraient son corps trop maigre l'y ayant certainement aidée. Elle pouvait sentir ses boucles effleurer sa joue, entendre le souffle régulier de son sommeil paisible... Respirer cette odeur particulière qui était la sienne, tellement rassurante. Ses yeux vairons restèrent plusieurs minutes fixés aux poutres du plafond, sa tête était vide de toute expression, car nous étions, enfin ou fatalement, deux jours plus tard. Aucun bruit ne résonnait, excepté cet improbable battement de coeur au creux de ses tempes... Et sa respiration profonde.

Se défaire de ces bras tellement réconfortants. Tellement évidents, car Victor n'était pas de ceux qui pouvaient disparaitre...

... Pas comme cet obsédant Inexistant.

Le regard vierge de toute émotion, elle s'installa en position assise sur le canapé inconfortable - son lit depuis deux nuits... Les membres douloureux et tendus, un détail de peu d'importance, juste synonyme d'une matérialité entravante. Un regard vers la fenêtre n'ouvrit que sur un brouillard épais, qui l'empêchait de déterminer une heure mais laissait deviner les rayons d'un soleil proche... Ce soleil qui avait l'impudeur d'empêcher le ciel de déverser sa colère.

Mais le ciel n'avait nulle douleur à exprimer, car son nom le désignait comme un prédestiné aux flammes...

*Nous sommes tous damnés, après tout...*

Elle se leva, se dirigeant comme une automate à travers cette demeure qu'elle ne connaissait pas. Son cousin présent, elle ne craignait plus rien, et surtout pas Sheffield qui ne semblait pas vraiment habiter là, finalement... Après plusieurs portes, elle finit par dénicher une salle de bains aux dimensions modestes et au miroir craquelé - mais propre. Lever ses yeux dépareillés vers son reflet, découvrir une pâle copie de ce qu'elle avait été.

Copie blafarde, cireuse aux joues creusées. Se dévêtir, prendre sa première douche depuis deux jours, l'esprit toujours en pause. Tenter de se redonner une apparence humaine au moyen d'un peigne et d'un crayon noir sans doute emprunté à l'un des frères McBlake. Echec cuisant, elle n'était même pas capable de rendre ce dernier hommage à ce qu'elle avait pu paraitre à Ses yeux.

Profond soupir, ses yeux rougirent, bien que vides de larmes. Elle avait l'impression qu'un point se posait lourdement, signant la fin de sa raison en recouvrant Son corps de terre et d'une dalle de pierre froide.

Le froid Lui allait si bien.

S'enveloppant d'une serviette d'un blanc immaculé, elle fit le trajet en sens inverse jusqu'à son sac - et jusqu'à Victor, que son absence avait peut-être éveillé. Sans pudeur devant celui qu'elle considérait comme un frère avant de le considérer comme un homme, elle revêtit une robe noire très simple, tirée de sa malle rendue à sa taille initiale, lui exposant sa nudité, sa maigreur maladive et ses cicatrices... Lui demandant d'une voix qu'elle espérait neutre :


- Victor, j'aimerais me rendre au cimetière de Swindon, si tu sais où c'est... On m'a dit qu'on y enterrait le dernier propriétaire de cette demeure aujourd'hui... Et cette famille était des plus respectables, comme tu le sais sûrement.

Non, elle n'avait pas pu prononcer son nom, pas à nouveau, pas aujourd'hui... Avait-elle raté la cérémonie, l'occasion de voir ses traits froids une dernière fois... ? Etait-il déjà sous terre, déjà encloué entre des planches de bois, reposait-il déjà parmi ses semblables et la vermine qui aurait raison de son intégrité d'ici peu...?

Ranger sous sa robe au plus près de son coeur son dernier héritage, cette boussole à l'aiguille à jamais silencieuse tristement retenue par sa chaine d'argent... Assassiner ses dernières ressources psychologiques, et avoir néanmoins cet air mondain et équilibré qu'elle connaissait par coeur. Ces distinctions qu'accordait mal sa silhouette dépravée... Parvenir même à tracer un sourire, en relevant son regard dans celui de ce cousin qu'elle aimait tant.

... Feindre, feindre encore, assourdie de vacuité.


Dernière édition par Alice_Von_Gotha le Lun 9 Avr - 21:41, édité 1 fois
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Victor de Habsbourg
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MessageSujet: Re: Silence, you lost me, no chance for one more day...   Silence, you lost me, no chance for one more day... EmptyLun 9 Avr - 21:33

- Réveillez-vous, Victor ! Il faut quitter le navire, la tempête !
Je cours, mais ne bouge pas d'un pouce. Mère a déjà disparu de la cabine, me voilà seul, les pieds dans l'eau. Une eau verte, translucide, éclatante.
- Alice ?
Je crie, mais aucun son ne parvint à sortir de ma bouche. Je suis sur le pont à l'avant du bâtiment, qui est vide. Seul, devant cette immense vague. Je ferme les yeux, et je vois ton visage.

Victor ouvrit les yeux, les cligna trois fois et les plissa. L'aube pointait son nez, le ciel prenait une de ses teintes orangées qu'on ne voit que dans les paysages exotiques, embrumés par la brise matinale.
Épuisé, il referma ses paupières, se souvenant à peine de son mauvais rêve.
Alice était glaciale, il était brûlant. L'héritier de Habsbourg était habitué aux longs voyages, à cheval notamment, et possédait cette capacité innée que tous les hommes rêverait d'avoir : l'endurance. Mais ce matin-là, il voulait retarder son réveil et se donner un temps de répit nécessaire pour digérer ce qu'il avait fait la veille. Mentir à son cher oncle, pour préserver une jeune cousine, certes, mais ce pêché demeurait tout de même. Quant à Alice, elle devra s'expliquer auprès de lui, ce qui représentait peut-être une épreuve plus douloureuse que la difficulté à assumer un mensonge devant son Dieu.

Alice qui semblait ne plus exister. Dans la nuit, il n'avait pas pu remarquer à quel point sa cousine avait changé. Les adolescents en général évoluent, mais elle... Elle n'était aucunement la même. Il l'avait vu bébé, il l'avait vu grandir, il avait grandi avec elle (ou plutôt, elle avait grandi avec lui).
Quand il s'éveilla de sa somnolence forcée, sa cousine était enveloppé dans une serviette et semblait chercher quelque chose. Il ne se gêna pas pour l'observer, un sourire taquin sur les lèvres, tout en s'étirant. Il avait été habitué à mieux comme lit, mais il avait vécu pire, la paille étant une de ses pires expériences.
Sa protégée était maigre... Effroyablement maigre et émaciée. Ce corps qu'il avait connu par coeur. Victor se retint de faire un commentaire, son visage étant devenu subitement inquiet et perplexe.


- Victor, j'aimerais me rendre au cimetière de Swindon, si tu sais où c'est...

A deux lieues d'ici environ.

- On m'a dit qu'on y enterrait le dernier propriétaire de cette demeure aujourd'hui... Et cette famille était des plus respectables, comme tu le sais sûrement.

Evidemment, les Mogg, même s'ils formaient une famille étrange entourée de secrets, était connue des von Gotha et des Habsbourg. Cette maison, Victor l'avait fréquenté petit.
Mais comment Alice en était venue à attacher de l'importance aux Mogg ? Curieusement, il ne posa pas de questions et se leva et boutonna un plus sa chemise qui découvrait une cicatrice de guerre.

- Ne t'attend pas à voir un grand comité.

Les Mogg ne possédaient pas une grande lignée d'amis, si ce n'est que leur entourage mangemoresque (qui ne fera certainement pas parti de l'enterrement).

- Enfin, tu n'as jamais aimé ce genre de cérémonie de toute manière.

Lui non plus d'ailleurs, son ton n'exprimait que très peu un reproche. Peut-être qu'on lui tendait la main sur la voie de la rédemption ? Sa voix impériale susurra :

- Je ne tiens pas à rencontrer tes nouveaux amis. Laisse-moi enfiler mon manteau et je t'y emmène de suite.

Ce qu'il fit rapidement, après avoir enfilé ses bottes. Puis il recouvrit la jeune fille de ses bras, avec précaution. Toujours cette impression de tenir une poupée de cire, encore plus après avoir vu les traces douloureuses de son corps mutilé.

- Tu es magnifique, chuchota-t-il en baissant les yeux pour les plonger dans les siens.

Deuxième mensonges en deux jours, pour la bonne cause. Ou peut-être n'en était-ce pas un après tout... Alice possédait ce charme continuel d'une enfant fragile, cette fraîcheur mystérieuse quelque peu éteinte.
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Alice_Von_Gotha
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MessageSujet: Re: Silence, you lost me, no chance for one more day...   Silence, you lost me, no chance for one more day... EmptyMar 10 Avr - 14:41

- Ne t'attends pas à voir un grand comité.

Elle ne s'y attendait pas, à vrai dire, elle n'y avait pas tellement réfléchi... Seul comptait ce dernier hommage, cette dernière vision, peu importaient les imbéciles qui s'aviseraient de s'y présenter, aucun d'entre eux n'avait quoi que ce soit à faire là... Peu importait son éventuelle famille, peu importait tout le reste... !

*Je suis la seule... Je... Il m'aimait, je sais qu'il m'aimait, même Shef... Même cet immonde meurtrier l'admettait... Tu... TAIS-TOI, TAIS TOI. TU N'AS PAS A M'OCCUPER AUJOURD'HUI, TAIS-TOI.*

Victor s'était levé, reboutonnant sa chemise. Sa voix était mesurée, calme comme à l'ordinaire, et son expression tellement rationnelle, tellement contradictoire avec les tempêtes internes qu'Alice s'efforçait de dissimuler.

- Enfin, tu n'as jamais aimé ce genre de cérémonie de toute manière.


Evidemment. Ils avaient tous deux assisté aux obsèques du grand-père Habsbourg, et plus récemment du père de Victor... Des enterrement longs, presque mondains, insupportables et ambigus. Combien de décès de puissants furent à l'origine de bals orgiaques... ? Mais cette fois-ci, les choses n'avaient rien à voir... La cérémonie en elle-même n'avait pas d'importance, comment lui expliquer, comment s'expliquer à elle-même que seule comptait l'idée de le revoir, de se dire qu'il fut réel, de se rendre compte par elle-même de sa disparition par son corps inerte... ? Cette inexistance qu'elle avait du mal à admettre, à reconnaitre, tant Il l'habitait intérieurement...

*Personne ne disparait vraiment tant que l'idée de ce qu'il était survit encore quelque part... La folie est un lieu, je sais. Mais peu m'importe, tant que tu y restes à mes côtés...*

- Je ne tiens pas à rencontrer tes nouveaux amis. Laisse-moi enfiler mon manteau et je t'y emmène de suite.

- Quels amis, Victor...

Vague murmure à peine audible, tandis qu'il mettait ses bottes et sa veste. Non, aucun de ces marqués ne pouvaient prétendre au rôle d'ami, aucun... Tout juste des alliés, dans le meilleurs des cas. Des pions à sacrifier jusqu'à ce que sa croisade soit accomplie... Et après...

*... Après peu importe, que le vent me porte, plus rien n'aura d'importance.*

Il se rapprocha d'elle, la tenant dans ses bras avec délicatesse. Elle sentit son coeur se serrer. Depuis le temps qu'elle n'en avait plus éprouvé la moindre once, elle se rendait compte à quel point la tendresse lui était douloureuse... Combien la douceur lui était amère.

Car ce n'était pas la Sienne, car Il n'avait jamais été tendre avec elle.


- Tu es magnifique.

Un murmure. Elle releva les yeux vers les siens qui la vrillaient intensément, de ces regards perçants qu'il était le seul à posséder. Ces dernières paroles semblaient tellement absurdes... Elle le fixa quelques instants, sans répondre et sans sourire. Juste pour s'imprégner de sa présence, de son soutien inconditionnel.

Il les fit transplaner.

Le brouillard se levait déjà, laissant place à un ciel dégagé qui fit plisser les yeux de l'héritière von Gotha. Plus de colère contre le hasard des cieux que d'éblouissement. Swindon présentait ce schéma caractéristique de la petite église aux allures de chapelle surplombant un cimetière presque sauvage... La porte était ouverte, Victor l'avait lâchée, sa gorge se noua d'appréhension et elle considéra un instant les lieux d'un air indifférent, s'accordant mal à la détresse qu'elle éprouvait à l'idée de franchir le seuil sacré...

Comme s'il avait quelque chose à faire là. Comme si sa dépouille ne riait pas à la face de ce Dieu vers lequel se tournait si souvent son cousin, ce Dieu qu'elle avait toujours méprisé. Son hésitation aurait pu paraitre suspecte... Un pas. Deux. Se rapprocher lentement de l'église, presque à contrecœur, refoulant ses larmes latentes et son envie de vomir...


*Courage.*

Serrer à travers le tissu de sa robe son ultime relique, aussi glaciale et silencieuse que l'était probablement sa dépouille... Elle s'arrêta quelques secondes sur le seuil.

Comme l'avait prédit Victor, seules quelques personnes étaient présentes. Il n'y avait pas le moindre prêtre, comme un hommage rendu à son âme damnée... La musique d'un orgue jouait une sorte de requiem inconnu en sourdine, inconnu et assez désagréable. Et au fond, devant l'autel...

Son regard se perdit, les sons disparurent, les autres, autour, tout ce qui semblait être un semblant de réalité. Elle aurait voulu pousser cette vieille femme trop droite aux cheveux gris trop long qui se tenait devant le cercueil ouvert. Qui la séparait encore de Lui, de ses dernières traces.

Son coeur semblait s'être arrêté. Tiraillée entre l'idée de le contempler une ultime fois et celle de Lui tourner le dos, pour conserver en elle le doute de Sa disparition... Sentant le présence de son cousin derrière elle, elle avança à pas lents, le regard fixé sur la planche de bois relevée... La vieille se retira enfin, enfin remise à sa juste place selon l'esprit malade et obsessionnel d'Alice... Il était là, son corps était là, à deux pas, ce corps qu'elle aimait tant, cet homme qu'elle avait aperçu pour la dernière fois dans un couloir mal éclairé, si brièvement et si mal... Fixer son regard sur la planche, puis sur l'autel, ne pas oser baisser les yeux avant de s'arrêter devant lui.

Baisser la tête, paupières tout juste entrouvertes, comme pour se protéger de la terrible vérité.

De Sa terrible inexistance.

Sauver les apparences, ouvrir les yeux, conserver son attitude neutre.
Et imploser. Mourir une centaine de fois. Les enfers qui l'avaient certainement accueilli étaient sans doute bien doux, comparés à son intériorité branlante, déchirée, anéantie.

Il était là. Il était là, sous ses yeux secs. Sobrement vêtu de noir... Mains jointes sur la poitrine. Les yeux clos, ses mèches blondes lui balayant le visage.

Inexpressif. Et pourtant, si elle se concentrait bien, elle pouvait imaginer son sourire ironique, ses yeux vairons, son haleine embuée d'alcool. Ne pouvant se retenir, comme si elle avait besoin de ce contact maladif, ce désir qui existait déjà de Son vivant, elle porta sa main sur la Sienne, la Sienne tellement froide... Elle l'avait toujours été... Mais cette raideur, cette lividité... S'empêcher de fermer les yeux, elle n'était plus une enfant craintive. Inconsciente de l'aspect morbide fasciné qu'elle dégageait, elle déporta sa caresse sur ses lèvres closes, tout aussi dures et froides. Comme une nouvelle preuve que plus aucune âme n'habitait ce corps pétrifié... Et pourtant, elle était incapable de détourner les yeux, ou même de s'écarter du linceul.


*Où est l'amour dans cette bataille des corps qui se dévorent jusqu'à l'extase ? Dans cette conquête avide d'une autre chair ? Dans cette défaite de l'âme ?... Folie que l'amour.*

Une heure, une minute ?... Le temps aurait pu s'arrêter, quelle différence, ses yeux vairons étaient incapables de se dissocier de son visage mort, tandis que son bras était retombé, ballant, le long de son corps trop maigre.
Le monde n'existait plus. Comme à chaque fois, il n'y avait plus que Lui, plus qu'eux. Quand bien même il était immobile et glacé...


*"... Et elles, dès l'âge où leur hymen expire, ne naît alors qu'un seul désir, que toi aussi tu saignes un jour..."*

Des vers d'un autre von Gotha, à moins que ce ne soit d'un Sambre ou d'un Habsbourg... Elle ne saisit pas immédiatement pourquoi ils lui revenaient en tête précisément à cet instant. Une main sur son épaule l'écarta du cercueil, et elle vit la planche se rabattre sur Lui, l'enfermer dans des ténèbres éternelles, tandis que dehors l'astre solaire brillait, brillait comme une insulte.

Et chaque clou, chaque coup de marteau lui transperçait le coeur, l'anéantissait un peu plus, la plongeait dans ses propres ténèbres intérieures. Et face à elle la vieille femme aux longs cheveux gris et à l'air dur, qui la fixait de ses yeux noirs, vifs et secs. Elle ne put que lui renvoyer un regard perdu indifférent, soumise à trop d'émotions violentes pour exprimer la moindre d'entre elle.

Elle sentait sans l'entendre son âme hurler. Abandonnée.

Et suivre les croque-morts, les observer en silence déposer le cercueil au fond du caveau, tenue en retrait par cette poigne impérieuse. Regarder avec jalousie la vieille lancer la première poignée de terre, entendre le bruit sourd de son impact contre le bois.

Le temps appartenait à une autre dimension. Déjà la pierre était déposée, et déjà les quelques présents s'en allaient, sans une fleur ni un mot, et elle restait là, feignant de s'intéresser aux autres sépultures des Mogg... Pour revenir à Lui, enfin, alors que tout indésirable avait déserté les lieux.

Lucifer Mogg. Lucifer Mogg. Ces quelques lettres, ce nom qui résonnait douloureusement dans son esprit dévasté.


- "... Héritières de toutes les douleurs, elles savent que tôt ou tard elles seront veuves aux yeux rouges..."

La faible barrière qui retenait le sang de son oeil gauche se rompit brutalement, se mêlant à des larmes imprévues qu'elle n'eut pas le temps de contenir... S'agenouillant en tremblant au bord de la pierre, elle porta ses doigts à sa joue poisseuse, traçant quelques lettres rougeâtres sous ce nom, ce nom qu'elle avait vénéré entre tous...

"Il m'a aimée."
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Victor de Habsbourg
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MessageSujet: Re: Silence, you lost me, no chance for one more day...   Silence, you lost me, no chance for one more day... EmptyMer 11 Avr - 9:44

Quel jour étions-nous déjà ? Peu importe, puisqu'il s'annonçait ensoleillé. Victor enleva sa veste en entrant dans la petite église gothique du village de Swindon. Le climat britannique était décidément sidérant.

Il avança jusqu'à l'autel, légèrement en retrait de sa cousine qui semblait entrée dans un état de deuil.
Aucun prêtre, bien évidemment, les sorciers se devaient d'être discrets en enterrant leurs morts. Une femme se tenait devant le cercueil encore ouvert, elle était de dos, mais de Habsbourg reconnut Mrs Mogg grâce à sa chevelure grise-argentée.
Une femme devenue acariâtre, folle disait-on. Il faut dire qu'elle avait essuyé les pertes de toute sa famille, celle de son unique fils devait être un coup de grâce. Que lui restait-il à présent ? Ce petit-fils non-reconnu que Lucifer lui avait laissé... Ce garçon qui n'était pas là, et qui portait le prénom blasphématoire de Samaël.

*Dieu n'y est pour rien dans cette affaire-la. Pour rien...*

C'est finalement sur cette pensée que les deux cousins arrivèrent devant la dépouille du défunt Lucifer Mogg. Il était le caryotype même du gars "mauvais genre".
Mais pourquoi ne voyait-il pas la détresse de sa cousine ? Pourquoi ne tournait-il pas la tête de quelques degrés ?
Il éloigna machinalement Alice du cercueil qui se refermait sur le corps inerte de Mogg. Quelques chuchotements résonnèrent dans l'église. L'orgue arrêta de jouer sa mélodie dramatique, et on sortit solennellement le déposer parmi sa famille.

La mère Mogg fixait Alice, Victor lui fit baisser les yeux d'un air menaçant. Il reporta enfin son attention sur la jeune fille, et sembla tomber des nues en observant son visage. Visage qui respirait le secret inavouable et qui voulait exprimer tant de choses sans pouvoir y parvenir.
Une fois que le petit comité disparut, Victor voulut demander à Alice ce qui l-...
Elle venait de murmurer des paroles, il n'y comprenait rien. Elle s'était effondrée sur la tombe de pierre, sous le halo lumineux et poussière qui traversait une petite fente du caveau, il commença à comprendre.

Silencieusement, Victor regardait sa cousine suffoquer et perdre son sang si précieux.
"Il m'a aimée."
Douloureuse découverte. De Habsourg commença à aller mal, à son tour. Elle, lui faire ce coup de grâce, lui transpercer ce coeur déjà tourmenté. Ses joues s'empourprèrent d'avoir violé ce secret. Mais il ne pouvait plus rien faire, témoin obligé de cette scène. Il en voulait maintenant au corps étendu sous cette pierre. La jalousie était un péché incontrôlable...


- Relève-toi.

Lui donner cet ordre tout en essayant de la relever lui-même, chose impossible sans ne pouvoir verser quelques larmes. C'était comme s'il ne pouvait s'empêcher d'éprouver de la pitié et de l'affection pour la jeune fille, même si elle n'avait pas été fidèle à lui. Il douta que son dieu soit aussi clément avec elle.

Ils étaient tout deux à terre, comme s'ils venaient de perdre l'entièreté de leur famille. Il la berçait comme une jeune enfant tombée à terre.
Serait-ce deux personnes qui mourraient pour de bon, ce jour-ci ? Deux amants dissimulés au monde entier, monde qui s'écroule, qui s'écroule... Qui s'écroule.


- Pourquoi m'imposes-tu cela ?

"Tu aimeras ton prochain comme toi-même". Faire apparaître un bouquet de fleurs, noires... Il ne pouvait pas faire mieux, parce qu'il détestait cet être. Cet être qu'il protégera pour protéger sa cousine. L'homme parla en anglais, comme pour se faire comprendre de Lucifer, lui montrer ce que sa mort, si égoïste et à l'image des Mogg, avait produit sur quelqu'un qui devait l'aimait, puisqu'Alice l'affirmait.

- You should never be afraid.
You're protected,
From trouble and pain.
Why, why is this a crisis,
In your eyes again...


Victor de Habsbourg s'en voulait réellement. Trop occupé par sa personne, la perte de son père, ses affaires... Il n'avait pas pensé une seconde que son absence aurait pu accéléré l'insouciance d'Alice d'agir. Mais son oncle avait pourtant pris toutes les dispositions possibles pour empêcher un tel déshonneur de se produire...


- Nous rentrerons en Allemagne le plus tôt possible.

Il fallait qu'il s'entretienne avec Sheffield... Son oncle devait s'assurer de fréquenter les bonnes personnes, et des doutes s'installaient sur le Mangemort qui avait bien failli rejoindre son ami de l'Autre côté. Victor s'abstint de l'annoncer à vive voix, se détacha d'Alice et se releva lentement. Son visage écoeuré s'illumina un instant dans la lumière dorée de l'Astre brillant. Marius Sheffield savait beaucoup de choses, il n'était ainsi pas nécessaire de demander à Alice quoi que ce soit.

- Requiescat in pace, mon ami.

*Il est fort bien pour toi que tu sois mort avant que j'apprenne tes affinités avec ma douce et innocente cousine, car je t'aurais tué trois fois pour ça, et mon épée aurait brillé de ton sang roturier.*
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MessageSujet: Re: Silence, you lost me, no chance for one more day...   Silence, you lost me, no chance for one more day... EmptyMer 11 Avr - 16:14

Curieuse épitaphe, luisant de ce sang qui ne coagulait pas... Mais comment aurait-elle pu le laisser être résumé à ses simples patronymes, comment le rendre anonyme parmi ces générations de parents qui encombraient ce caveau sinistre...?

"... Dont de l'amour."

Ses larmes et son sang se déversaient de ses yeux exorbités, choqués, qui ne cillaient plus... Les mains agrippées à la pierre, le souffle court, les battements de son coeur irréguliers et le regard rivé sur les lettres sobrement gravées, atrophiée d'une moitié d'elle-même... Tout ce qu'elle avait pu dissimuler, tout ce qu'elle s'efforçait de rendre silencieux se déversait, sortait d'elle même comme si son corps et son esprit n'étaient plus assez vastes pour le contenir...


- Relève-toi.

La voix de son cousin lui paraissait tellement lointaine, elle avait complètement occulté sa présence et s'en moquait, finalement, tout entière livrée à son carnage interne, à cette autodestruction qu'il serait bien faible de caractériser comme simplement douloureuse... Elle sentait ses bras essayer de la soutenir, de l'aider, mais elle ne voulait pas bouger, non, elle voulait mourir ici, le regard rivé sur sa dernière adresse tandis que sa dépouille pourrirait lentement... Et de nouveau cette tendresse blessante, tellement blessante, il avait rendu les armes et la berçait avec douceur et enfin elle ferma les yeux... Tournant son visage humide contre une joue qu'elle sentait brûlante, et tout aussi baignée de larmes que les siennes... Incompréhensible, mais c'est à peine si elle y faisait attention...


*Reprends-toi, reprends-toi... Défoule-toi, évacue... Tu risques de devenir folle, sinon... Ne le laisse pas te voir dans cet état là... Tu tiens vraiment à finir à Sainte-Mangouste ? T'y finiras certainement si tu continue à garder tout ça en toi... Ne... ARRÊTEZ, C'EST VOUS QUI ME RENDEZ FOLLE.*

- Pourquoi m'imposes-tu cela ?

Elle se dégagea quelque peu de son étreinte, surprise et le regard perdu... Subitement prise entre deux feux, celui des Enfers où Il l'attendait probablement, et celui de cette vie si réelle et matérielle, si douloureuse, qu'elle avait égoïstement cherché à refouler, oubliant qu'il s'y trouvaient d'autres que Lui qui avaient un prix inestimable à ses yeux. Elle fixait Victor, ses larmes dont elle ne comprenait plus le sens s'étalant toujours sur son visage... Il fit jaillir du néant un bouquet de fleurs, si belles et si noires, aux allures de malédiction et de reproche tu.

- You should never be afraid.
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Why, why is this a crisis,
In your eyes again...


Ses lèvres se firent tremblantes, tandis que son rapport à la réalité se recréait lentement... Ne pas tourner la tête vers la pierre froide, non, ne pas se laisser repartir... Et chercher, chercher à comprendre ce qu'il voulait dire, car ce monde réel était en train de perdre le peu de sens qu'il avait pu avoir.


- Nous rentrerons en Allemagne le plus tôt possible.

*Non ! Non... Pas si près du but...*

Il la lâcha et se releva en douceur... Dans un réflexe inconscient, toujours à terre, elle s'écarta de lui, son regard toujours rivé dans le sien, et son dos finit par heurter la pierre sépulcrale, comme pour lui signifier qu'elle était prise au piège...

*Je ne peux pas, je ne peux pas Le laisser là... Là, si seul, alors que son assassin hante ses propres murs, arrogant et bien trop vivant...*

Son expression était blessée, elle ne lui avait jamais vue auparavant... Elle ne l'avait plus revu depuis si longtemps, sans doute ses pertes et sa vie l'avaient-elles fait changer... Et la ramener en Allemagne, la ramener à la fureur paternelle... Elle se sentait trahie... Elle serra ses bras autour de sa poitrine, comme pour empêcher son coeur déjà assassiné d'exploser davantage.

- Requiescat in pace, mon ami.

*Tu l'entends...? Il veut m'arracher à toi, m'empêcher de te rendre justice et m'enfermer dans une prison dorée...*

Le contact de la sépulture la fit frissonner, et elle se releva, les tempes mortes et l'âme chavirée par ce qui semblait être une seconde perte... Les larmes brusquement taries et le visage dur. elle essuya le sang qui se répandait toujours du dos de sa main transie, se rapprochant à nouveau de son cousin, avec l'impression désagréable de se livrer après avoir avoué un crime...


- Je savais, je savais que tu viendrais...


Etrange murmure mélodieux, en lui caressant une joue du bout des doigts... Elle le dévisageait, le transperçait de son regard vairon, comme pour croire qu'il était toujours ce frère aimant et non pas cet adulte responsable et attaché à l'honneur qu'il s'efforçait de paraitre...

- ... Car tu es toujours venu, n'est-ce pas ?... Car tu ne m'abandonneras pas... Non, ne dis rien, ne dis rien !

Elle ramena ses bras autour du corps de son cousin, mais Victor dégageait une froideur inhabituelle lui donnant l'impression d'étreindre une statue... Elle ne voulait surtout pas douter, il devait être là... Il le lui avait promis, il y a si longtemps... Elle reprit, d'une voix éteinte :

- Pardonne moi de t'avoir fait subir cette scène insensée... Mais tu vois, je suis calme à présent... Allons-nous-en... J'étouffe ici.

Elle tourna une dernière fois ses yeux vers la tombe, comme un dernier adieu...

- No love to set us free... Watch my soul fade away and your body crumbling...

Et se détourner, saisir la main de son cousin pour se donner la force de quitter le caveau sépulcral...
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MessageSujet: Re: Silence, you lost me, no chance for one more day...   Silence, you lost me, no chance for one more day... EmptySam 14 Avr - 19:09

- Je savais, je savais que tu viendrais...

Ce contact si doux, il pensait ne jamais y avoir droit une fois encore... Mais cette caresse lui raviva des souvenirs heureux enterrés, écrasés par d'autres plus sombres et cuisants, enterrés comme cet amant si détesté.
Mais il restait de marbre, semblait proie à un dilemme des plus poignants.


- ... Car tu es toujours venu, n'est-ce pas ?... Car tu ne m'abandonneras pas... Non, ne dis rien, ne dis rien !

Le jeune homme blêmit en essayant de détourner ses yeux de ceux d'Alice. Elle le connaissait bien trop pour ne pas ignorer ses faiblesses. Mais Victor ne voyait pas ça, il était comme son oncle... Aveuglé par l'amour, protecteur des siens, quoi qu'il en coûte.

Cette étreinte... Voilà qu'il était prisonnier maintenant, prisonnier de ses sentiments, ces stupides sentiments dont Dieu avait doté les humains. Cette voix, encore... Serait-ce Marie, venue le secourir ? Non, seulement Alice qui était tout aussi dépitée que lui.

- Pardonne moi de t'avoir fait subir cette scène insensée... Mais tu vois, je suis calme à présent... Allons-nous-en... J'étouffe ici.

Alice voulait donc quitter cet homme pour de bon, elle était prête à le laisser reposer à jamais dans ce caveau... Victor de Habsbourg retrouva complètement ses esprits à l'idée d'être le Futur de sa tendre cousine. Peu importent les retombées, tant qu'ils seraient deux. Finalement conscient d'être privilégié, l'héritier consentit à transplaner, sous-entendu qu'il accepta d'être le Gardien de ce secret inavouable.

*Dieu, Fils Rédempteur du monde, prends pitié de nous...*

Nouveau décor. Rester silencieux, droit, inexpressif.
Mais torturé...

*Ô Seigneur, fais que ce que nous demandons avec foi, nous l'obtenions réellement... Amen.*


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