"And we go cold." ♫ [PV Lucif' & Al' <3]

Mangemort

Fin du premier jour de cours de cette nouvelle année. Enfin... Il n'était pas fini pour la majeure partie des élèves de Poudlard, mais, quelque peu perturbée par le cours de Défense sur les sortilèges impardonnables, Alice avait délibérément choisi de sécher le reste de la journée - choix qui n'était pas forcément judicieux puisqu'elle se retrouvait seule avec sa tête pour seul interlocuteur.

*En effet, que vas-tu faire ? Retourner pleurer sur la tour d'Astronomie ? Non... Il y a ce bouquin que j'ai emprunté ce matin... Un bouquin sur les potions ? Ma pauvre fille, tu es d'un masochisme extraordinaire... C'était ma voie bien avant de Le rencontrer. Libre à toi de t'autodétruire lentement...*

La jeune fille secoua la tête, blasée. Bien sûr qu'elle était autodestructrice, ce n'était pas nouveau... Elle vérifia qu'aucun professeur ne se trouvait à découvert dans le hall, avant de descendre le grand escalier de marbre, et de prendre l'étroit couloir menant aux cachots. A cette heure-là, la salle commune était probablement vide...

*Idéal pour un suicide psychologique, n'est-ce pas ?... Peut-être. Certainement même, si tu m'assures que tu ne résonneras plus dans ma tête après ça. Détrompe-toi, je risque plutôt de me démultiplier...*

Invité

Lucifer Mogg, assis face à sa cheminée, où luis les dernières braises chaudes d'un feu réconfortant.
Une expression de dépit s'affichait sur son visage, à demi-éclairé par la lumière ocre qui provenait assurément des fentes du bois bruni.

Ce faciès avait été provoqué à peine dix minutes plus tôt, par la réception d'une lettre arrivée tardivement. Effectivement, cela faisait dix minutes qu'il était accroupi devant cette froide cheminée, dix minutes qu'il relisait chaque lignes de cette lettre.

Il releva la tête. Les yeux vides, inexpressifs. Mogg avait tellement de raisons d'être chagriné : un oncle mort, un futur incertain, une vie toujours pitoyable. Il sombrait. Il sombrait dans les abysses d'une dépression forte, semblant être insurmontable cette fois-ci. Il était seul à présent, seul face au vide complet.

Son corps n'avait pas bougé, son visage était redevenu impénétrable, seul son bras s'avança et attrapa le deuxième être vivant dans cette pièce lugubre.
D'un geste profondément las, il lâcha le petit être majestueux dans l'encadrement de la cheminée, avant de prononcer son premier mot depuis deux semaines.

- Incendio.

Le hibou n'eut pas le temps de s'envoler, des étincelles avaient déjà bondi sur son plumage majestueux.
Des piaillements insupportablement aiguës résonnèrent dans le petit bureau, le Potioniste dirigea une nouvelle fois sa baguette magique en direction de la cheminée, tout en se relevant, des courbatures cuisantes derrière ses genoux, et les petits cris cessèrent.

Lucifer se sentait soulagé. Non pas par la mort du hibou Grand Duc de Ludwig Von Gotha, mais plutôt par la mort de son oncle, et surtout du fait qu'il n'était pas autorisé à remettre les pieds dans la maison où il avait passé toute son adolescence.

Des pas furtifs passèrent devant sa porte. Il avait pourtant bien précisé à ses élèves de ne pas traînailler dans les cachots pendant les heures de cours, en début d'année ? Il dut donc remettre à plus tard les idées qui lui parvinrent en tête pour répondre aux exigences du Duc d'Allemagne.
Mais avait-il vraiment envie de voir quelqu'un -qui plus est assurément un élève- , de lui parler -ou plutôt crier dessus- , et ainsi de se re-socialiser, alors qu'il avait battu son record, depuis les années suivants le décès de son père ?
Oui, il voulait se défouler, l'animal n'avait pas suffit.

Il poussa la porte de son bureau sans bruits, puis passa sa tête de teigneux assommé par les litres de Whisky-Pur-Feu ingurgités la vieille à son embrasure.
Une silhouette cadavérique s'éloignait en direction de la salle commune Serpentard. Alice avait cours, il le savait, il connaissait son emploi du temps sur le bout des doigts.

*Parfait.*

Ses vêtements empestaient l'alcool et le cigare froid. Mogg suivrait la jeune fille, il lui ferait mal, comme son père l'avait fait sur lui. Il ne voulait pas être le seul à re-subir cette extrême douleur de perdre un membre de sa famille. A pas feutrés, il suivait de quelques mètres l'adolescente, dans plusieurs secondes elle aurait atteint l'intersection entre le couloir menant à sa salle commune, et l'autre couloir menant à nulle part, sans compter le tableau d'une vipère géante au fond de ce cul-de-sac.

*Encore deux enjambées, une.*

Le professeur accéléra le pas et se retrouva aux côtés de son élève, la déviant de son trajet en la tirant par sa main glacée. Ils se retrouvèrent ainsi au fond du couloir obscur adjacent à celui qui menait à la salle commune Serpentard.
Lucifer eut tout d'abord un haut-le-coeur en fixant intensément la fille Von Gotha, mais il reprit son sang-froid [;D] et plaqua [bouh le XV de France] la jeune fille sur la paroi droite du couloir.

- Alors comme ça on sèche les cours ? Je serais terriblement peiné, mais flatté, que ça soit par ma faute, pesta-t-il en gardant son avant-bras à plat sur le cou d'Alice.

Mogg était tellement en proie à une colère noire, qu'il ne contrôlait plus ses pensées, ni ses actes. Il savait juste que c'était injuste pour elle. Alice allait payer pour son père, celui qui avait osé lui annoncer la mort de son Parrain, de son Mentor, son Guide.

Mangemort

Dernier couloir. Alice avait toujours aimé l'entrée de sa salle commune, indétectable pour tout autre élève qu'un Serpy... Une simple partie du mur, que rien ne différenciait du reste de la paroi. Quel était le nouveau mot de passe, déjà ?

La jeune fille fut brutalement interrompue dans ses pensées par une main glacée qui la saisit brutalement par le bras, l'entrainant dans un cul-de-sac sombre. Elle faillit pousser un cri d'effroi, mais se retint à temps en se retrouvant face au ténébreux Lucifer Mogg, toujours aussi séduisant malgré le poids des nuits sans sommeil qui voilait son regard, son odeur âcre d'alcool rance et de fumée... Et même malgré la profonde fureur qui semblait émaner de tout son être. Cependant, jamais la moindre once de crainte ne lui traversa l'esprit durant ses quelques instants où il la fixa... Juste une profonde surprise vint écarquiller ses yeux vairons ainsi - était-ce possible ? - qu'une infime parcelle de bonheur - bien dissimulée, certes.

Un instant, plus une sorte de choc qu'une hésitation, et il la plaqua contre le mur sombre, son bras sur sa gorge l'étranglant à moitié.

- Alors, comme ça on sèche les cours ? Je serais terriblement peiné, mais flatté, que ça soit par ma faute.

Réaction pour le moins étrange... Probablement effrayante pour n'importe qui d'autre. Malgré son regard assassin et ses manières violentes, Alice ne pouvait s'empêcher de ressentir un absurde sentiment de sécurité, en sa présence... Au bout de deux semaines d'absence, Il était là. Certes, Il la prenait au piège pour une raison aussi absurde qu'un séchage de cours, mais Il était là...

D'où sa réaction inconsciente. Son visage prit son habituel air hautain, et elle lui répondit en ricanant :

- Je vous en prie, professeur, ne vous donnez pas une telle importance !...

C'était un mensonge, bien évidemment - ce qui fit battre son coeur plus précipitamment. Mais Le revoir, enfin, semblait lui donner une force nouvelle... Tout l'accablement qu'elle avait porté ces deux trop longues semaines semblait s'être évanoui en un instant, et même si la douleur était encore particulièrement présente et insupportable, soutenir son regard, enfin, lui permettait de l'abstraire un instant...

Un reste d'instinct de survie lui fit localiser sa baguette, qu'elle frôla de sa main gauche d'un geste qu'elle espérait discret, sans s'en saisir, toutefois. Le fixer, sans relâche.

... Quant à la voix parasite qui hantait son cerveau, elle semblait l'avoir provisoirement abandonnée.

» ... And we go cold.

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